Jour 4 – Questions du Ministère public de la Confédération et de Me Gianoli à Alieu Kosiah
Le président Bacher a laissé à son collègue, le juge Bouverat, le soin de poser encore quelques questions supplémentaires. Le Tribunal a ensuite donné la parole au Ministère public de la Confédération qui souhaitait également poser des questions à Alieu Kosiah. Finalement, Me Gianoli a interrogé son client le restant de la journée.
Questions supplémentaires du juge Bouverat
Le juge Bouverat a souhaité avoir quelques précisions supplémentaires quant aux propos d’Alieu Kosiah tenus les jours précédents.
Le Tribunal a commencé par demander à Alieu Kosiah d’étayer sa déclaration selon laquelle la première guerre civile avait été brutale. Il a alors répondu qu’avant la guerre au Liberia, les Mandingos ne faisaient pas de politique, ils faisaient des affaires, et que, en 1990, le NPFL a commencé à cibler des Mandingos sans raison. Il a ajouté que la plupart des morts de la guerre n’était pas dues aux violences mais à la faim et à la maladie, et que c’était justement pour cette raison qu’elle avait été brutale. Alieu Kosiah a ensuite parlé des massacres à large échelle entre les Krahns et les Gios qui s’étaient entretués pendant la guerre, dans le Nimba et dans le Grand Geddeh, ce qui était aussi brutal. Il a ensuite mentionné qu’il ne comprenait pas les raisons pour lesquelles les Mandingos avaient eux été ciblés d’une telle façon, plus de 600 civils Mandingos ayant été massacrés à Bakédou par le NPFL. Le prévenu a ajouté que le seul crime qu’avaient commis les Mandingos pour mériter cela était d’être Mandingo.
Le juge Bouverat a ensuite posé plusieurs questions successives concernant le nombre d’hommes qu’Alieu Kosiah avait eu pendant la guerre sous ses ordres. Ce dernier a alors expliqué qu’au début de la guerre en 1991 et en 1992, il n’avait eu aucun homme sous ses ordres. Cependant, lors de la capture de Todi en 1993, il dirigeait une centaine d’hommes, étant l’adjoint d’Omaru Kelleh. En 1994, Alieu Kosiah était officier flottant et avait avec lui ses gardes du corps mais pas d’hommes sous ses ordres. En 1995 il a été promu d’abord « Bataillon Commander » dans le Lofa avec 150 hommes sous ses ordres, puis après un petit moment à Voinjama, il est devenu « Area Commander » et a été envoyé à Zorzor avec également environ 150 hommes sous ses ordres. En 1996, il a ainsi quitté le Lofa et a été nommé directeur du CID, il n’était alors plus un soldat ULIMO et était devenu un civil membre du gouvernement d’intérim et n’avait donc plus d’hommes sous ses ordres.
Le Tribunal a ensuite demandé à Alieu Kosiah de préciser qui a capturé l’un des témoins qui aurait ensuite été un enfant soldat pour les ULIMO pendant la guerre. Selon Alieu Kosiah et selon ce qu’il a vu, ni lui ni son supérieur hiérarchique lors de la prise de Todi, Omaru Kelleh, n’ont donné l’ordre de capturer ce témoin. Ils voulaient seulement comprendre ce qu’il faisait là au milieu des combats, cette présence paraissant suspecte, et le témoin est venu avec eux sans être attaché. Il a ensuite été emmené à Todi Junction par Omaru Kelleh et plus tard, quand ce dernier a été emprisonné, le témoin est venu avec Alieu Kosiah qui l’a emmené à Monrovia chez sa famille, puis ensuite à Klay. Le prévenu a également expliqué qu’au vu du nombre de civils présents, il ne comprend pas pourquoi il aurait enrôlé un seul enfant soldat alors qu’il y avait des milliers de civils, ce qui ne fait aucun sens, son intention n’ayant jamais été de recruter quiconque.
Le Tribunal a par la suite invité Alieu Kosiah à préciser son récit, en expliquant notamment ce qui était arrivé à l’enfant soldat après sa capture. Il a alors répondu qu’il ne lui est rien arrivé, qu’ils sont simplement allés à Kun Town et qu’ils ont capturé Todi dans le but d’ouvrir une ligne d’approvisionnement depuis Monrovia afin d’éviter un parcours de trois ou quatre jours de marche.
Par ailleurs, Alieu Kosiah a été interrogé au sujet de la mention d’un dénommé Papa [expurgé] par Omaru Kelleh au cours de la déposition de ce dernier. Alieu Kosiah a expliqué qu’avec Papa [expurgé], ils avaient tenté de poser des questions à Omaru Kelleh pour comprendre de qui il parlait, mais que ce dernier est parti dans une toute autre direction, nommant ainsi un certain Al Fatia Papa, bien plus grand que Papa [expurgé]. Il a conclu en affirmant qu’Omaru Kelleh ne semblait pas se souvenir d’un incident en particulier avec Papa [expurgé], mais que tout cela sera tiré au clair lorsque ce dernier viendra témoigner.
Le Tribunal a ensuite souhaité qu’Alieu Kosiah explique comment il a su que le témoin était âgé de 13 ans au moment des faits. Ce dernier a alors répondu qu’il s’était basé sur son apparence physique et que malgré sa taille, il faisait jeune, même s’il ne savait pas précisément alors son âge. Toutefois, il a ajouté que la situation de la guerre ne lui permettait pas de réfléchir à cette question à ce moment-là et qu’il ne pouvait pas se souvenir de détails précis quant à son apparence.
Le prévenu a par la suite indiqué qu’il n’avait pas été convoqué par la « Truth & Reconciliation Commission » (ci-après « TRC ») car il était en Suisse au moment où cette dernière était active. Il a néanmoins indiqué que s’il avait été convoqué et qu’il avait pu y aller, il s’y serait rendu.
Finalement, le juge a demandé à Alieu Kosiah s’il pouvait préciser le temps de trajet en voiture entre différents lieux dans le Lofa. Ce dernier a indiqué ne pas savoir combien de temps il fallait pour se rendre de Zorzor à Babahun, de Babahun à Foya, de Foya à Gondolahun et de Foya à Fassama, ne connaissant pas Babahun et Gondolahun avant d’être arrêté. Par ailleurs, le prévenu a à nouveau déclaré que le trajet de Foya à Fassama ne faisait aucun sens, le trajet de Bomi à Fassama prenant environ deux jours et demi en pick up. En ce qui concerne le trajet de Zorzor à Foya, le prévenu a déclaré que le trajet était très long. Pour le trajet Kolahun à Foya, M. Kosiah a indiqué que cela prenait 30 minutes environ en moto, la distance de Kolahun à Voinjama étant plus longue, et celle de Voinjama à Zorzor étant encore bien plus longue, plusieurs heures de route. Enfin il a affirmé que le trajet de Foya à Voinjama prenait environ deux heures en voiture.
Questions du Ministère public de la Confédération
Le Tribunal a ensuite demandé au Procureur du Ministère public de la Confédération de poser ses questions.
Le Procureur a alors commencé par revenir sur les propos qu’Alieu Kosiah avait tenu concernant le conflit avec son chef, directeur du CID, à la fin de la guerre dans le gouvernement de transition. Alieu Kosiah a expliqué que leur relation de base n’était pas la meilleure car les deux appartenaient à des factions différentes pendant la guerre, le directeur du CID, Joe Tee, étant un cousin de Charles Taylor. Il a précisé que Joe Tee était arrogant et que même si aucune insulte n’était échangée, il essayait de l’intimider, ce qui était son mode de fonctionnement. M. Kosiah a illustré ses propos en racontant les circonstances de la mort de ce dernier : son directeur est mort dans un crash d’hélicoptère après avoir menacé le pilote avec son pistolet pour que ce dernier décolle malgré le mauvais temps. Sur question du Procureur, le prévenu a ajouté que lorsque Joe Tee avait voulu vendre une vingtaine de motos appartenant à la Garde nationale, Alieu Kosiah avait alors fait arrêter l’acheteur car ces véhicules étaient la propriété du gouvernement.
Par ailleurs, interrogé sur le lieu d’habitation de ses deux frères entre 2014 et 2020, Alieu Kosiah a répondu que l’un vivait à Monrovia et que l’autre vivait au Liberia avant de partir pour les Etats-Unis. Le prévenu a déclaré ne pas savoir quand est-ce que son frère est parti aux Etats-Unis, ayant été en prison à ce moment-là.
Ensuite, en relation avec un entretien téléphonique entre Alieu Kosiah en prison et sa mère dans lequel le prévenu aurait essayé de parler à une personne masculine non identifiée, le Procureur lui a demandé quelle était cette personne et quels ont été les propos échangés. A cela, Alieu Kosiah a répondu qu’il n’avait jamais été interrompu par un inspecteur de la Police judiciaire présent lors des entretiens depuis son arrestation en 2014, et qu’il s’était mis en colère car il n’avait pas compris comment on pouvait lui avoir interdit de parler à sa sœur après six ans d’emprisonnement, à qui sa mère avait passé le téléphone. Il a ajouté qu’il avait toujours parlé d’affaires familiales, toujours en anglais et jamais en mandingue, et qu’il n’avait jamais été question de collusion avec quiconque, ayant une fois parlé aux membres de sa famille qui s’étaient réunis suite à un décès, dont ses frères. Il a ajouté qu’il aimerait bien qu’on lui dise ce qu’il est supposé avoir dit exactement.
Le Procureur a ensuite souhaité revenir sur l’affirmation du prévenu selon laquelle les commandants ULIMO ne mangeaient pas chez les civils car ils avaient peur que ces derniers ne les empoisonnent. Il lui a demandé pourquoi des civils auraient voulu tuer des ULIMO. Ce à quoi Alieu Kosiah a répondu qu’il fallait remettre ses propos dans leur contexte, et qu’il est clair que si on force quelqu’un à nous faire à manger, cette personne pourrait alors réagir de manière mal intentionnée.
Après avoir affiché une photo du dossier dans laquelle apparaît Alhaji Kromah avec derrière lui un homme portant un bandeau rouge, le Procureur a demandé à Alieu Kosiah de se déterminer quant à son affirmation selon laquelle les ULIMO n’auraient jamais porté de rouge et que si quelqu’un prouvait une preuve affirmant le contraire, alors il plaiderait coupable. Le prévenu a répondu avoir utilisé les termes « tissu rouge » et qu’il s’agissait peut-être sur la photo plutôt d’un béret rouge, répétant que les ULIMO n’utilisaient jamais de rouge. Il a ensuite rappelé que deux parties plaignantes et un témoin appelé par le Procureur avaient confirmé que la couleur de l’ULIMO était le blanc alors que la couleur rouge était utilisée par les NPFL.
En lien avec la question précédente, le Procureur a mentionné que deux « small boys » avaient affirmé qu’Alieu Kosiah portait un béret rouge dans le Lofa. Ce dernier a alors expliqué que ce béret venait de l’armée national (« AFL »), cela n’ayant rien à voir avec un tissu rouge.
Le Procureur lui a ensuite demandé de préciser quand est-ce qu’il était arrivé dans le Lofa. M. Kosiah a répondu qu’il n’avait pas participé à la capture du Lofa, de Zorzor et de Foya. Le Procureur lui a aussi demandé, en relation avec le fait qu’il pouvait citer précisément certains grands événements de la guerre, comme l’Opération Octopus ou la prise de Todi en 1993 , pourquoi il ne pouvait pas se souvenir de la date de la scission du groupe ULIMO. Alieu Kosiah a répondu qu’il n’avait pas pris de notes pendant la guerre et que certains de ses propos étaient ainsi forcément approximatifs, d’autant plus qu’il s’appuyait simplement sur sa mémoire. A propos de la scission des ULIMO, le prévenu a confirmé qu’il avait quitté Bomi après cette scission. Il a ajouté n’être qu’un être humain et qu’il pouvait arriver qu’il se trompe, notamment sur les dates.
Par la suite, le Procureur lui a demandé d’expliquer les raisons pour lesquelles il aurait tenté d’obtenir une carte d’identité guinéenne en 1995. Alieu Kosiah a répondu qu’il avait tenté d’obtenir cette carte d’identité pour ne pas être dérangé lors de ses déplacements aux « checkpoints » pour voir sa famille en Guinée, et qu’il était possible pour les réfugiés d’obtenir ce document d’identité, mais pas pour les soldats ULIMO. Par conséquent, en tant que Mandingo, il a pensé pouvoir obtenir cette carte d’identité malgré tout car il y avait des Mandingos tant en Guinée qu’au Liberia. Mais cela n’a pas fonctionné pour lui car ils ont découvert qu’il était libérien. Après avoir purgé sa peine de prison, il est retourné au Liberia. Alieu Kosiah avait déclaré avoir voulu la carte d’identité guinéenne afin de pouvoir voir ses parents à Lofa, les nombreux « checkpoints » l’empêchant de passer s’il n’avait pas de carte d’identité guinéenne.
Après avoir relaté un témoignage de Mme Massa Washington, ancienne commissaire de la TRC, selon lequel les rebelles violaient systématiquement des femmes (notamment si elles étaient Lorma) dans le but de les couvrir de honte, et qu’elles étaient utilisées comme de véritables armes de guerre ; le Procureur a demandé à Alieu Kosiah de se déterminer quant à cette affirmation. Ce dernier a répondu qu’il ne voyait pas de lien entre ses actes et la question posée, puisqu’il n’avait jamais violé personne, et a fait mention de déclarations de Mme Washington et de l’enquête de la TRC. Quant à cette enquête, il a expliqué qu’il y figurait une liste des personnes ayant participé à la guerre mais n’ayant pas commis de crimes, se posant ainsi la question de savoir quelle avait été la différence entre le moment où la TRC était passé dans les villes et recueillies tous ces témoignages, dont aucun ne l’incriminait, et le moment où les ONG qui l’accusaient étaient passées dans ces mêmes villes.
Concernant cette même liste de la TRC, la « sanction list », le Procureur a ajouté que Mme Washington avait indiqué que les personnes étaient mentionnées dans cette liste en particulier car le TRC n’avait pas assez d’éléments pour les incriminer mais que les membres de la TRC savaient qu’ils avaient commis des actes très graves. M. Kosiah a répondu que ce n’était que l’opinion de six personnes qui allaient changer les faits, et que la situation concernant ces trois différentes listes de la TRC était au contraire très claire. Il a ajouté que Madame Sirleaf figurait également dans cette liste, mais qu’elle a tout de même était élue Présidente du Liberia à deux reprises.
Le Procureur du Ministère public de la Confédération a alors souhaité poser des questions en lien avec deux articles parus récemment. Le Tribunal a demandé de les déposer auprès de l’huissier pour voir si ces articles pouvaient être d’abord versés au dossier.
Après la pause de midi, les parties ayant pu se déterminer quant au versement de ces pièces au dossier, le Tribunal leur a demandé si elles avaient des objections à ce que ces pièces soient versées au dossier. Aucune des parties n’en a soulevée et les deux articles, à savoir un article du NZZ et un autre de FrontPageAfrica, ont été versés au dossier. Toutefois, le Tribunal a annoncé au Ministère public de la Confédération qu’il devra poser le reste de ses questions le lendemain pour laisser aux parties le temps de lire les articles.
Questions des parties plaignantes
Les avocats des parties civiles ont indiqué vouloir réserver leurs questions au prévenu jusqu’à ce que leurs clients respectifs puissent être présent en audience, étant alors convenu que ces questions seraient posées lors de la deuxième partie des débats au début 2021.
Questions de Me Gianoli pour la défense
Le Tribunal a ensuite donné la parole à Me Gianoli, avocat de la défense. Il a tout d’abord commencé par des questions générales, puis en lien avec les audiences de ces derniers jours et finalement sur le dossier lui-même.
Me Gianoli a tout d’abord demandé à Alieu Kosiah de parler des modalités de sa détention et de ses souffrances y afférentes. Le prévenu a expliqué que c’était très dur pour lui car il avait l’impression de subir une double peine, étant convaincu de son innocence. Il a remis en cause le système juridique occidental en disant que selon lui on est présumé coupable alors que cela devrait être l’inverse. Il a expliqué qu’il avait toujours eu de bonnes relations avec tout le monde en prison et que cela reflétait sa personnalité, n’ayant jamais eu le comportement d’un criminel en prison. Concernant ses souffrances, M. Kosiah a expliqué qu’il passait plus de 23h par jour en cellule avec seulement une heure de sortie, étant dans une prison préventive qui est différente d’une prison normale. Le prévenu a ajouté que les deux endroits pour sortir pendant une heure se trouvent en haut de la prison, non pas à l’extérieur, qu’ils sont petits, et qu’il n’y a pas de fitness.
Il a expliqué qu’il se sentait seul et qu’il pouvait seulement rencontrer les autres détenus pendant une heure. Sur question de Me Gianoli, Alieu Kosiah a décrit sa cellule comme étant très petite, équipée d’un WC et d’un lavabo, sans douche et sans fenêtre. Il a ajouté que la prison était très poussiéreuse, et qu’il commençait à avoir des problèmes respiratoires, ayant déjà été à l’hôpital pour cela. Il a aussi ajouté qu’il aurait préféré que le Procureur se rende au Liberia avant de le mettre en prison, car depuis la Suisse, le Procureur n’a pas accès à la scène du crime prétendu et peut uniquement se baser sur ce qui figure sur Internet ; et que, par conséquent, il n’y a aucune chance que de bonnes décisions soient prises. Il a toutefois affirmé rester calme en espérant que la Cour fera émerger la vérité.
M. Kosiah a ensuite expliqué qu’il avait eu des contacts avec son fils ainsi que trois de ses amis pendant ses six années de détention, dont l’un qui le visite régulièrement et lui amène les choses dont il a besoin. Le prévenu a également indiqué avoir a reçu une visite d’un parent d’Angleterre. Il a ajouté toutefois que ces contacts sont toujours supervisés par la police. Il a mentionné qu’il avait toujours parlé en anglais pendant ses conversations au téléphone et qu’il n’avait jamais parlé de l’affaire en détail avec ses proches, et que s’il y a des éléments qui prouvent le contraire, il faut les lui amener. Il a également raconté qu’une fois, l’officier de police judiciaire mandaté par la Cour lui avait autorisé à parler en « Liberian English », mais qu’il avait refuser de le faire parce qu’il voulait que l’officier de police puisse comprendre tous ses dires.
Le prévenu a aussi raconté qu’il avait demandé à ses amis de ne plus venir le voir pour justement éviter tout risque de collusion, et que la police, si elle est honnête, pourrait confirmer cela. Alieu Kosiah a par la suite raconté qu’il avait pu téléphoner une dizaine de fois à sa famille en six ans et qu’il n’avait jamais reçu de lettres de sa famille, excepté une photo de famille envoyée par son fils.
Me Gianoli lui a par la suite demandé comment il vivait les accusations portées contre lui et s’ils les comprenaient. Il a alors expliqué que selon lui ce sont des mensonges. Il a également expliqué être conscient que les crimes qui lui sont reprochés sont horribles et que certaines personnes puissent être dérangées lorsqu’il emploie le terme « mensonge ». Il a demandé aux autorités qu’elles se mettent à sa place, se voyant traité de cette façon alors que le dossier n’est pas compliqué, tout cela rendant les choses très dures à vivre pour lui. Il a ensuite énuméré différentes contradictions entre les témoignages des témoins et des plaignants, en prenant notamment des exemples concernant la chronologie de certains faits reprochés. Il est revenu sur le fait fondamental qu’il n’a capturé ni la ville de Zorzor ni celle de Foya, et que si des témoins de la défense avaient dit le contraire, alors cela aurait prouvé qu’il mentait, ce qui n’est jamais arrivé. Il a affirmé que le Procureur a préféré fermer les yeux plutôt que d’accepter qu’il n’ait pas participé à la capture de Zorzor. Le prévenu a également ajouté qu’il n’avait donc pas d’autre choix que d’affirmer que les parties plaignantes mentaient, et que cela n’était pas de l’arrogance de sa part, qu’il souffrait de cette situation et du fait qu’on l’ait gardé six ans en prison dans ces circonstances. Il a réitéré la difficulté que représentait pour lui de comprendre ce qu’on lui reprochait, de comprendre ce qui lui arrive, de comprendre pourquoi il avait été en prison aussi longtemps alors que, selon lui, après tout le travail d’enquête qui a été effectué, le Procureur sait très bien qu’il n’a pas capturé Foya. Parlant d’un témoin en particulier qui était commandant ULIMO et a participé à la prise de Foya et de Voinjama selon les propres déclarations du témoin, le prévenu a souhaité que ce témoin soit entendu en audience et qu’on lui pose la question de savoir où était Alieu Kosiah au moment de la prise de Foya et de Voinjama. Il a conclu en réitérant son incompréhension quant au fait d’être accusé pour un crime qu’il n’a pas commis.
Concernant sa compréhension des différentes charges qui lui sont reprochées, Alieu Kosiah a mentionné le fait que l’acte d’accusation est contredit par des témoignages et différents articles parus dans les journaux.
Alieu Kosiah a ensuite expliqué qu’il aurait préféré que le Procureur se rende au Liberia et fasse des vérifications indépendantes sur les informations reçues de la part des ONG avant de l’arrêter, ce qui lui aurait évité d’être mis en accusation pour rien et de voir son nom apparaître partout dans les médias. Il a ajouté que selon sa propre expérience dans la police, plus une personne est détenue longtemps, plus il y a de pression à trouver des preuves contre elle. De plus, il a expliqué que son nom restera pour toujours sur internet lié à des crimes de guerre, et même s’il est libéré, les accusations sur internet demeureront.
Alieu Kosiah a également ajouté qu’il ne pourrait plus jamais avoir une vie normale, même s’il était déclaré innocent, son nom étant présent partout dans les journaux et directement lié à des allégations de « crimes de guerre ». C’est pour cette raison, a-t-il dit, qu’il a conseillé à ses frères de donner un deuxième prénom à leurs enfants, pour qu’ils n’aient pas à souffrir à cause de son nom. Selon le prévenu, la vérité triomphera dans cette affaire, mais le mal est fait, car quoi qu’il en soit, sa vie a été détruite tant au niveau physique que mental. Il a déclaré que s’il finit par être déclaré non coupable, alors il demandera qu’une seule chose aux juges c’est de pouvoir voir sa mère pendant un mois. Il ne demande rien d’autre au Tribunal que de faire ressortir la vérité sur la base des faits qui ont été présentés.
Interrogé sur sa vision de l’avenir, M. Kosiah a répondu que s’il restait en Suisse, il ne continuerait pas à vivre à Lausanne mais plutôt dans un petit village, pour ne pas avoir à expliquer à tous les gens qu’il connait et qu’il aime ce qui s’est passé. Sur question de son avocat, le prévenu a ensuite expliqué qu’il attendait que cette audience de jugement fasse ressortir la vérité, qu’il ne demandait aucun favoritisme mais qu’il demandait simplement que la vérité soit faite, sur la base des faits.
Quant à savoir ce qu’il pensait des commissions rogatoires du Ministère public de la Confédération, Alieu Kosiah a répondu qu’il était convaincu que le Procureur fédéral était un honnête homme avec un bon cœur mais que le système ne lui permettait pas de montrer la personne qu’il était vraiment. Il a notamment parlé de la commission rogatoire française qui indiquait l’adresse d’un témoin de la défense, contre l’avis de la défense, ce qui a amené selon le prévenu au dépôt de plainte pénale contre ce témoin par Alain Werner, ce pour empêcher ledit témoin de témoigner en Suisse.
Me Gianoli lui a ensuite demandé d’expliquer pourquoi il souhaitait entendre différentes personnes dans cette procédure. Il a expliqué que ces personnes pouvaient confirmer des éléments clefs de ses déclarations comme par exemple la période à laquelle il aurait été à Foya ou encore son grade précis au sein de ULIMO à une période particulière. Il a ensuite à nouveau déclaré que selon lui, Alain Werner et Civitas Maxima avaient porté plainte contre presque tous les témoins qui se trouvaient en Europe. Interrogé sur la demande de la défense d’entendre un ancien membre de ULIMO qui selon une partie plaignante se serait interposé pour que le prévenu ne tue pas la partie civile le prévenu a déclaré vouloir entendre cet ancien ULIMO pour tirer les choses au clair, cette personne ayant toutefois peur de témoigner.
L’audition d’Alieu Kosiah a repris dans l’après-midi. Me Gianoli a commencé à questionner son client sur des éléments généraux ayant trait à la guerre.
Le prévenu a expliqué à nouveau qu’il n’avait pas pris de notes pendant la guerre et qu’il se basait sur des événements pour établir les dates, la mémoire pouvant toutefois être trompeuse. Il a illustré ses propos en disant qu’un témoin avait déclaré qu’ils s’étaient rencontrés lors de la capture de Todi, qu’il plaçait en 1992, mais que Todi ayant été en réalité capturée en 1993, ils n’ont pas pu se rencontrer en 1992.
Alieu Kosiah a ensuite déclaré qu’il avait entendu parler de transports de marchandises par des civils ordonnés par les NPFL, mais qu’une autre personne avait en effet déclaré que toutes les factions l’ont fait pendant le début de la guerre civile au Liberia. Il a ajouté quelque chose de très important selon lui : la personne en question avait également déclaré que ces transports de marchandise ont eu lieu dans les deux ou trois mois qui ont suivi la capture du Lofa par les ULIMO, et qu’ensuite, la situation a été très différente.
En ce qui concerne le pillage, il y en avait eu tellement en Sierra Leone par le NPFL, et notamment dans la région du Koindu, qu’on appelait cette région Koweït. Par ailleurs, au Liberia, la majorité des pillages durant la guerre avaient été effectués par les NPFL, soit deux ans et demi ou trois ans après le début de la guerre, à tel point qu’il ne restait plus de poulet, de mouton ou de chèvre quand ULIMO est arrivé au Liberia. Les NPFL avaient aussi pris la génératrice qui alimentait Voinjama et l’avait amené à Gbarnga, au quartier général de Charles Taylor, pour y amener de l’électricité. Le prévenu a expliqué que Taylor se considérait alors comme le président du Liberia, à la tête du gouvernement NPRG, et qu’il considérait de fait qu’il pouvait prendre ce qui lui plaisait.
Me Gianoli a ensuite souhaité que son client clarifie la capture des villes par les bataillons Alligator et Zebra. Alieu Kosiah a notamment expliqué qu’Alligator avait capturé le Lofa Bridge, Klay, Bomi et Po River. Le prévenu a expliqué avoir rejoint Zebra à Klay quand cet endroit avait déjà été pris, mais qu’il n’a pas participé aux combats. Zebra a ensuite capturé Todi, Alligator prenant Bong mines et Kakata, Steven Dorley étant partit pour la mission du Lofa. Selon le prévenu, Zorzor avait été prise avant Todi, contrairement à ce qu’avait conclu le rapport d’analyse de la police fédérale suisse.
L’avocat du prévenu a ensuite questionné M. Kosiah à propos de la scission de l’ULIMO pendant la guerre. Ce dernier a notamment expliqué que la scission de l’ULIMO n’était pas arrivée en un jour, et qu’au contraire, il s’agissait d’une séparation qui s’était déroulée sur une période de deux ans, de 1994 à 1996, période pendant laquelle ULIMO-J et ULIMO-K combattaient. Alieu Kosiah a ensuite expliqué que si on considère au contraire que la scission est le jour de la dispute à Bomi pour la formation du gouvernement intérim entre deux commandants ULIMO de plus haut rang, T’Kala pour les Krahns et Dumbuya pour les Mandingos, alors cela s’est passé quelques jours avant son départ de Bomi, vers février ou mars 1994. Le prévenu selon lui était à Bomi le jour du vote, et ne se souvient pas avoir été dans le Lofa avant cet événement. En revanche, les combats n’ont débuté que deux ou trois mois après ces événements. Il a également expliqué n’avoir jamais tiré un seul coup de feu en vue de capturer Zorzor, Voinjama, Kolahun ou Foya.
Les Mandingos n’ont pas réussi à conserver le quartier général de Bomi et ils l’ont établi à Voinjama, mais le prévenu se souvient que quand il est arrivé dans le Lofa, Dumbuya n’avait pas encore transféré le quartier général dans le Lofa en 1994. M. Kosiah a affirmé que le temps écoulé entre l’évènement de Bomi et le moment où il est parti avec Pepper and Salt dans le Lofa se situait entre trois jours et une semaine. Le prévenu a ensuite affirmé à nouveau que comme plusieurs témoins l’avaient déclaré, il n’était arrivé dans le Lofa qu’après la capture de Foya par les ULIMO, et Foya a été la dernière ville qui est tombée dans le Lofa.
Alieu Kosiah a ensuite été interrogé à propos des dires d’AT, selon lesquels ce serait en 1993 qu’il aurait accompagné le prévenu au Lofa, et qu’à ce moment-là, l’ensemble du Lofa avait déjà été capturé par les ULIMO. M. Kosiah a répondu qu’AT est humain, et qu’il pouvait arriver qu’il commette des erreurs et qu’il s’est déjà trompé à plusieurs reprises d’une année concernant la chronologie de certains évènements. Il a ajouté qu’il ne pense pas qu’AT a voulu mentir au sujet des dates, car cela n’aurait aucun intérêt pour lui, et que, pour mentir, il fallait une vraie motivation.
De plus, il a expliqué qu’AT était en Guinée lorsque lui était en prison, soit en 1995, jusqu’à sa sortie de prison, fin 1995, où ils sont allés à Monrovia.
Sur les déclarations d’un de ses témoins qui a déclaré qu’il était venu dans le Lofa en 1993 le prévenu a donné des indications chronologiques pour expliquer que ce témoin s’était trompé, et que le témoin avait été soigné chez la mère du prévenu en Guinée en 1995. Il a aussi expliqué que, selon lui, ce même témoin n’avait pas été blessé à Bokassa Junction, et qu’il ne se souvenait pas lui avoir donné un AK-47 dans le Lofa ni un pistolet, même si cela n’était pas impossible.
Le prévenu a ensuite expliqué que le ULIMO « field commander » en Sierra Leone était Hama Julu, et au Liberia Joe Harris. Le général Dumbuya est devenu « chief of staff » et « field commander » des ULIMO quand la scission est intervenue. Quand il était petit, le prévenu connaissait le général Mohamed Dumbuya au Nimba.
Me Gianoli a ensuite questionné Alieu Kosiah sur la prise de Gbarnga. Le prévenu a notamment expliqué qu’il n’avait pas pris part à la capture de Gbarnga, mais il estimait que la ville avait été prise par les ULIMO pendant trois mois vers la fin de l’année 1994 ou le début de l’année 1995. Il a confirmé que Gbarnga avait bien été prise par ULIMO, et non par la faction LPC formée de Krahns, cette dernière faction combattant si férocement ULIMO pour reprendre Gbarnga qu’ULIMO a dû battre en retraite, les forces de Charles Taylor pouvant ainsi, suite à ces combats, reprendre Gbarnga sans combattre. Il a ajouté que les LPC ont été mis sous une telle pression par la presse de Monrovia qui affirmait qu’ils avaient capturé Gbarnga, qu’ils se devaient absolument de le faire. Il a encore expliqué que la prise de Gbarnga n’avait pas été planifiée par les leaders ULIMO mais provoquée par des commandants ULIMO qui avaient avancé et n’avaient pas rencontré de résistance.
L‘avocat du prévenu lui a ensuite demandé s’il était correct de déduire que la blessure que l’enfant soldat qu’Alieu Kosiah a rencontré à Todi, ci-après nommé AT, remonte à cette période de fin de l’année 1994 ou début 1995. Le prévenu a alors expliqué qu’AT n’a pas été blessé à Bokassa Junction mais entre Zorzor et le Lofa Bridge. Il a ajouté qu’AT a situé sa blessure à la fin 1993 ou au début 1994 mais que, s’il avait en effet été blessé à cette période et qu’il avait par conséquent passé neuf mois à l’hôpital, alors il ne se serait pas trouvé à Bomi au moment de la scission. Or, il l’était. Alieu Kosiah a conclu en disant qu’il y avait sûrement une autre explication à cette erreur de temporalité, mais qu’il ne la voit pas. Ainsi, le prévenu a situé la blessure d’AT fin 1994, mais pas avant. Au sujet du bois et des camions qui ont été pris par le groupe ULIMO dans le Lofa à la compagnie ATICO, le prévenu a expliqué qu’il n’était allé chez ATICO qu’une seule fois avec Pepper and Salt et que ce dernier avait vendu deux camions de ATICO pour se procurer de la nourriture. Le général Dumbuya avait aussi fait vendre une partie du bois pour faire soigner un commandant ULIMO en Guinée, qui est finalement décédé.
Par ailleurs, Me Gianoli a demandé à Alieu Kosiah d’expliquer ce que signifiaient pour lui les paroles du chant « Kele Kele » (déjà évoqué en audience) chanté par les soldats pour se donner du courage avant la capture d’une ville ou pour célébrer une victoire. Il a rappelé que ce chant parle « des fesses des femmes, et notamment des femmes du Lofa qui ont des grosses fesses », mais qu’on pouvait également y mettre des paroles sur différents commandants. Il a également rappelé, sur question, que les NPFL occupaient le Lofa avant l’arrivée des ULIMO.
Me Gianoli a ensuite interrogé son client sur les moyens d’approvisionnement possibles pendant la première guerre civile libérienne. Alieu Kosiah a expliqué qu’il fallait au début de la guerre contacter Pepper and Salt pour l’approvisionnement en nourriture. Puis, quand ULIMO a transféré son quartier général, il y a eu un entrepôt dans lequel il y avait du riz qui venait de Conakry, sauf pendant une pénurie qui a duré un à trois mois, au moment de la dispute entre Alhaji Kromah et Pepper and Salt. Ainsi, concernant la nourriture, les commandants n’avaient pas besoin de se rendre en Guidée. En revanche, pour les achats de vêtements ou de matériel, il fallait se rendre en Guinée.
Sur question, Alieu Kosiah a ensuite déclaré qu’au moment où il était en poste à Voinjama, le seul ami qu’il avait en poste à Foya était Dekou, le commandant. Il le considérait comme un membre de la famille.
L’avocat du prévenu lui a ensuite soumis des photographies du rapport des autorités françaises et lui a demandé si la description des bateaux « Kindo » qu’il avait donné pendant l’instruction correspondait à ce qui figure sur les photographies. M. Kosiah a répondu par l’affirmative. Il a expliqué que ces embarcations pouvaient peut-être tenir huit à douze personnes mais, qu’à son avis, un camion ne pouvait pas être placé sur ces embarcations pour traverser la rivière Solomba comme l’ont déclaré certaines parties plaignantes, puisque de placer une voiture paraissait déjà improbable, d’autant plus que la route n’était pas carrossable dû aux fossés creusés par la pluie, rendant de fait impossible pour une voiture de traverser jusqu’à la berge.
Par ailleurs, sur question, Alieu Kosiah a déclaré que quand il a indiqué avoir revu Dekou à Foya début 1994, il entendait par « début 1994 » le premier tiers de l’année.
Son avocat lui a enfin demandé, en relation avec l’affirmation du prévenu selon laquelle il était sous les ordres de Kunti en 1995, s’il était correct de comprendre que Kunti et lui étaient au même endroit à ce moment-là. M. Kosiah a déclaré ne pas avoir dit ça et qu’il y a peut-être un problème de citation. Il a expliqué avoir au contraire été le supérieur de Kunti pendant toute la guerre et que jusqu’à ce qu’il (Alieu Kosiah) quitte les ULIMO, Kunti n’a jamais eu un grade supérieur au sien.
Après une courte pause, l’avocat du prévenu a interrogé avec des questions générales sur la première guerre civile libérienne. Il a d’abord demandé s’il était possible que les ULIMO aient organisé des transports de bien par des civils, ce à quoi il a répondu par l’affirmative.
Ensuite, il a notamment demandé quels étaient les marchés proches des grandes villes comme Foya ou Voinjama et quelles marchandises on pouvait y trouver. Il a expliqué que l’on trouvait les mêmes marchandises au marché de Macenta qu’à celui de Guéckédou, et qu’il n’y avait pas d’intérêt à aller au marché de Macenta plutôt qu’à Guéckédou.
Me Gianoli a ensuite demandé à son client de clarifier ses propos concernant les plaintes qu’il aurait déposées contre les parties plaignantes. Alieu Kosiah a confirmé que son avocat s’en chargeait, mais a refusé d’en dire davantage dues à des raisons de confidentialité, et également par crainte que les parties plaignantes ne veuillent plus venir témoigner par peur. Il a affirmé qu’il attend impatiemment la venue des plaignants pour entendre leur témoignage.
Le prévenu a ensuite confirmé qu’il n’avait pas menti concernant son appartenance, son grade ou sa fonction au sein de l’ULIMO lors de la demande d’asile en Suisse, et qu’il n’a pas non plus menti à propos de sa blessure au bras. Cependant, il a admis avoir enjolivé son dossier afin d’augmenter ses chances de voir sa demande d’asile acceptée.
Répondant à des questions générales additionnelles sur la guerre, le prévenu a expliqué qu’après la victoire de Charles Taylor aux élections, les NPFL sont devenus l’armée de ce gouvernement légalement élu. Il a ajouté que les LURD étaient essentiellement des anciens ULIMO-J et K, qui se sont unis malgré leurs différends pour « se débarrasser » de Charles Taylor. C’est suite à l’attaque de Macenta et Guékédou que les LURD sont entrés en action contre ce dernier. Alieu Kosiah a pris quelques instants pour expliquer au Tribunal qu’il pensait que les personnes impliquées dans cette procédure pénale à son encontre, toutes européennes, ne comprenaient potentiellement pas la complexité de la situation. Il a notamment affirmé que s’ils ne reconnaissaient pas les problèmes tribaux sur le continent africain, ils leur seraient impossible de comprendre la première guerre civile libérienne.
Me Gianoli a ensuite demandé à Alieu Kosiah de partager son opinion sur les déclarations des sept plaignants ainsi que divers témoins. Le prévenu a soulevé les incohérences qu’il voyait dans chacun des témoignages. Il a affirmé à nouveau que les plaignants ainsi qu’Hassan Bility avaient menti.
L’avocat du prévenu a conclu ses questions en demandant un temps supplémentaire au Tribunal afin de pouvoir s’entretenir avec son client et préparer des questions supplémentaires. Après que Me Gianoli ait demandé un jour de préparation et une journée d’audition, le Tribunal a finalement décidé de néanmoins reprendre l’audition du prévenu le lendemain mais à 10h seulement.