Jour 13 – Audition d’une partie plaignante et d’un témoin en vidéo conférence depuis Monrovia

23.02.2021

Le Tribunal procède aujourd’hui à l’audition de Mme KMF par visioconférence de l’ambassade américaine de Monrovia.

La plaignante a indiqué avoir reconnu dans la salle le témoin EBJ. Elle a également reconnu Alieu Kosiah. En ce qui concerne les autres elle les a rencontrés au bureau, GJRP à Monrovia, là où elle avait rencontré les blancs. Elle a déclaré que le prévenu était la personne qu’elle connaissait le mieux, puis elle a cité la partie plaignante EBJ.

Le Tribunal commence par poser des questions sur la situation personnelle de la plaignante

KMF a déclaré être est née à Voinjama, dans la Lofa. Elle a ajouté n’être jamais allée à l’école. Elle a ensuite expliqué qu’elle était « cultivatrice ». La plaignante a indiqué qu’elle ne savait ni lire ni écrire, mais qu’elle savait compter dans sa langue maternelle, le loma.

En réponse à une question du président du Tribunal, la partie plaignante a affirmé ne pas savoir précisément où elle habitait entre 1989 et 1996, car elle n’est pas capable de placer des dates, n’ayant pas reçu d’éducation académique. Elle a cependant ajouté qu’elle était au village de B. pendant la première guerre civile, et qu’elle y vit toujours aujourd’hui.

Questionnée concernant l’atmosphère régnant à B. pendant la première guerre civile, elle a déclaré que tout le monde essayait de se cacher, qu’elle souffrait beaucoup, que c’était difficile, et qu’il fallait se débrouiller à sa façon. KMF a ajouté que généralement, il n’y avait pas de nourriture et qu’on pouvait abattre votre frère, vos parents ou quelqu’un n’importe quand dans la rue et devant vous.

Au sujet des factions impliquées, la plaignante a affirmé se souvenir des ULIMO et des dissidents. Elle a ajouté que le chef des ULIMO était Alieu Kosiah, et qu’il était assis dans cette salle. Le président du Tribunal lui a demandé si son village de B. avait été pris une seule fois, ou en plusieurs. Elle a répondu être partie le lendemain de la capture, et n’avoir assisté qu’à une seule prise de B. par les ULIMO. Le président du Tribunal lui a demandé si les ULIMO avaient des enfants-soldats parmi eux, ce à quoi elle a répondu affirmativement, précisant que les plus jeunes étaient tellement petits que leurs armes trainaient par terre.

Lors de la prise de B., la plaignante a déclaré que la majorité des personnes arrêtées avaient été ligotées en « tabé ». Elle a ensuite ajouté que les ULIMO les avaient abattus à l’arme blanche. KMF a précisé que la station était baignée de sang. Parmi eux se trouvaient son père et son frère. La plaignante a déclaré être partie dans la brousse juste après la prise du village. Peu de temps après, KMF a rencontré un enfant soldat qui lui a demandé de façon obligatoire de le suivre avec son arme. KMF a donc été envoyée vers son général et est restée là-bas.

En réponse au juge, la plaignante a affirmé ne pas avoir soutenu une quelconque faction pendant la guerre civile, et a ajouté qu’elle était très effrayée. KMF a ajouté que les soldats ULIMO portaient un foulard rouge sur la tête, et que les autres soldats portaient souvent des foulards de couleur du pays.

Sur question, KMF a déclaré avoir entendu parler du « Black Monday », mais ne pas savoir de quoi il s’agit, car elle était la plupart du temps dans la brousse.

Interrogée à propos des homonymes au Liberia, KMF a indiqué qu’elle ne connaissait pas ce genre de choses, n’étant pas éduquée.

Au sujet du prévenu, la plaignante a indiqué qu’elle le connaissait sous le nom de Général Kosiah. Elle a affirmé l’avoir vu pour la première fois à B. et qu’elle avait entendu les soldats l’appeler « général ». Elle a précisé que le prévenu avait des gardes du corps. Elle a ensuite affirmé l’avoir vu une seconde fois à Voinjama après un certain temps. Face au juge, elle a déclaré reconnaître le prévenu à ses yeux globuleux, et a ajouté qu’elle le connaissait « trop bien » et qu’elle n’avait de ce fait aucun doute sur le fait que ce soit lui qui a été montré à la caméra.

Confrontée à ses déclarations de 2016 au Ministère public de la Confédération, elle a expliqué ne pas avoir reconnu le prévenu sur certaines photos parce qu’elles étaient récentes et qu’elles étaient de mauvaise qualité.

Ordonner le pillage du village de B.

Pour rappel, il est reproché à Alieu Kosiah d’avoir, dans le contexte du conflit armé interne s’étant déroulé au Libéria de 1989 à 1996 et en qualité de membre de la faction armée ULIMO, ordonné le pillage du village de B., entre mars et décembre 1993 ou entre mars 1994 et fin 1995.

À propos du pillage du village de B., KMF a expliqué que c’était pendant la période de cultivation du riz, de nombreux soldats sont arrivés et ont demandé aux civils de cuisiner pour eux. Cela a eu lieu au lendemain de la prise de Botosu. La plaignante a expliqué que cela était fréquent, et que les soldats avaient l’habitude de se réunir dans la « Palaver House ». Elle a ajouté qu’Alieu Kosiah était présent ce jour-là, qu’il semblait être le soldat le plus haut hiérarchiquement puisque les soldats l’appelaient Général, et qu’il y avait également de nombreux civils capturés qui venaient de villages alentours. Elle a ensuite confirmé avoir entendu le prévenu ordonner, en anglais, aux civils de rassembler l’huile et le riz. Elle a précisé qu’il n’était pas possible de refuser, au risque d’être tué, et que ces pillages de denrées alimentaires étaient habituels.

KMF a ensuite confirmé le fait que les soldats avaient pu remplir 14 bidons d’huile.

Ordonner et diriger un transport forcé de biens, par des civils, depuis B.

Pour rappel, il est reproché à Alieu Kosiah d’avoir, dans le contexte du conflit armé interne s’étant déroulé au Libéria de 1989 à 1996 et en qualité de membre de la faction armée ULIMO, ordonné et dirigé un transport forcé de biens depuis le village de B, par des civils, entre mars et décembre 1993 ou entre mars 1994 et fin 1995.

En réponse à une question du président du Tribunal, la plaignante a expliqué qu’il n’était pas possible de refuser le transport. Pendant celui-ci, elle a indiqué qu’elle avait reconnu des personnes qui habitaient au même endroit qu’elle. Elle a ensuite affirmé que le prévenu avait participé à ce transport, avec de nombreux soldats, et a expliqué avoir entendu personnellement Alieu Kosiah donner l’ordre aux hommes de porter les charges et aux femmes de les suivre en anglais. M. Kosiah était situé à l’avant du convoi, avec ses gardes du corps derrière lui. Le transport a eu lieu le même jour que le pillage. Décrivant le transport, la plaignante a expliqué qu’elle ne se sentait pas très surveillée et qu’elle en a donc profité pour s’enfuir en faisant semblant d’aller aux toilettes. Elle a ajouté qu’elle savait que faire cela représentait un risque pour sa vie. Des enfants-soldats participaient au déplacement. En réponse au président, la plaignante a déclaré que les soldats étaient armés de fusils et d’armes blanches. Alieu Kosiah quant à lui portait un pistolet sur le côté. Questionnée sur le comportement des soldats, KMF a souligné qu’ils avaient tiré en l’air avant le départ du village de Botosu, sans savoir dans quel but ils l’ont fait. Elle a ensuite expliqué  ne plus se rappeler de la manière dont M. Kosiah s’est comporté durant le transport. Elle a enfin déclaré ne pas avoir été menacée, mais avoir été beaucoup troublée.

Continuant de répondre aux questions du Tribunal, KMF a expliqué que les femmes n’ont pas transporté de marchandises. Elle a ensuite déclaré que personne n’avait été menacé physiquement et que personne n’avait reçu de violences puisque si les personnes avaient été menacées, elles n’auraient pas réussi à porter ces charges sur la tête.

Interrogée sur sa fuite par le juge, la plaignante a confirmé s’être cachée dans la brousse, sans pouvoir en préciser la durée exacte. Elle a néanmoins ajouté y être restée « longtemps», et y être sortie parce qu’elle avait faim. Selon la plaignante, les transports forcés étaient habituels chez les ULIMO. KMF a affirmé ne pas avoir parlé du transport avec d’autres civils, et ne pas savoir si les civils ont reçu une quelconque rémunération. Elle a ajouté qu’elle n’a malheureusement pas encore cherché des civils qui pouvaient venir témoigner à propos de ces transports, et qu’elle n’a jamais participé à d’autres transports.

A la question de savoir pourquoi les ULIMO n’utilisaient pas plutôt des véhicules, Mme F a répondu que c’est parce qu’ils avaient l’intention de tuer, et que c’était leur manière de se comporter.

Viol de Madame KMF

La partie du témoignage sur cet épisode n’a pas été accessible au public.

Les questions sont adressées par le Ministère public de la Confédération

Le procureur a soumis une photo à la plaignante, lui demandant si elle reconnaissait cet endroit. Elle a alors répondu qu’il se situait près de Voinjama et que c’était à cet endroit qu’elle avait été interceptée par l’enfant-soldat.

Les questions sont adressées par Me Wakim, avocate de la plaignante

Me Wakim lui a également soumis une photo sur laquelle la plaignante a reconnu son village. Elle a alors expliqué que le bâtiment central était la « Palaver House » et qu’il était de la même couleur que la maison dans laquelle Kosiah avait abusé d’elle à Voinjama.

KMF a ensuite été interrogée à propos de la visite d’EBJ et de KA dans son village avant l’attaque. La plaignante a déclaré que cette visite a eu lieu pendant la saison sèche, et que ça n’a pas duré longtemps, sans pour autant pouvoir spécifier la période.

En réponse à Me Wakim, la plaignante a déclaré que sa mère et sa sœur s’étaient également enfuies du transport et que toutes trois s’étaient retrouvées dans la brousse. Poursuivant ses déclarations, la plaignante a ajouté, à propos d’Alieu Kosiah, qu’il portait, en plus de son long couteau, une arme en bandoulière lorsqu’il était entré dans la chambre et qu’il l’avait posée au sol avant de commettre les faits qui lui sont reprochés.

Poursuivant ses réponses, KMF a déclaré qu’il pleuvait pendant la période où elle était dans la brousse, et que c’est parce que Dieu la protégeait et parce qu’elle avait de l’eau qu’elle a pu rester plusieurs jours dans la brousse sans manger.

Me Wakim a ensuite posé une série de questions concernant le viol de KMF. Cette dernière a déclaré qu’elle n’avait pas encore eu ses règles le jour où elle a été violée. Elle a ajouté qu’au moment du viol, elle fermait les yeux parce qu’elle ne se sentait pas bien, et a expliqué qu’elle pleurait, mais qu’elle s’était tue quand Alieu Kosiah l’a menacée de la tuer si elle continuait à pleurer.

Interrogée sur ses précédentes grossesses, KMF a déclaré qu’elle avait eu trois enfants quand elle s’était réfugiée en Guinée, et qu’elle avait l’habitude d’aller à la clinique puisqu’il n’y avait pas d’hôpital à l’endroit où elle se trouvait. La plaignante a ensuite affirmé qu’elle ignorait de combien de mois elle était enceinte quand les auditions ont commencé. Elle ne savait pas non plus qu’elle était sur le point d’accoucher. Aussi, KMF n’a informé personne du GJRP ou de ses avocats qu’elle était enceinte, parce qu’elle tenait vraiment à venir en Suisse pour témoigner.

Continuant de répondre aux questions de Me Wakim, la plaignante a expliqué avoir accouché d’une petite fille qui s’appelle Justice. Elle a choisi ce nom pour sa fille parce qu’elle souhaite avant tout que justice soit faite.

Les questions sont adressées par Me Gianoli, avocat du prévenu

Me Gianoli a d’abord questionné la plaignante sur ses relations avec l’autre partie plaignante EBJ. KMF a alors expliqué qu’elle s’est d’abord liée d’amitié avec la petite sœur d’EBJ puisque toutes deux allaient chercher de l’eau à la fontaine, et qu’ensuite c’est la petite sœur d’EBJ qui lui a présenté ce dernier. Poursuivant ses réponses, KMF a expliqué que la famille d’EBJ s’était réfugiée dans son village, à B., mais qu’elle ne se rappelle pas de combien de temps celui-ci est resté dans le village. KMF a ensuite affirmé avoir déjà vu la maman de KA, et a continué en expliquant qu’elle ne sait pas combien de temps KA est restée dans son village puisqu’elle a fui avec elle.

Interrogée à propos des groupes de soldats qui venaient dans son village, KMF a expliqué que les groupes de soldats, dont celui de M. Kosiah, venaient de temps en temps dans le village, mais que le comportement du prévenu et de ses soldats était différent de celui des autres groupes. Me Gianoli lui a ensuite demandé s’il y avait eu des combats dans le village de B. à l’arrivée du groupe d’Alieu Kosiah. La plaignante a alors répondu qu’il n’y avait pas eu de combats mais seulement des pillages. Me Gianoli a posé plusieurs questions sur les ULIMO, ainsi que sur sa première rencontre avec M. Kosiah. Ainsi, KMF a expliqué qu’elle ne sait pas exactement si les soldats du groupe du prévenu portaient une couleur en particulier, mais a confirmé les propos qu’elle a tenu lors de son audition à Berne, affirmant que le groupe d’Alieu Kosiah portait notamment un foulard ou ruban rouge, autour de la tête, du bras, ou du fusil. Elle a ensuite ajouté ne pas avoir le souvenir d’avoir vu des soldats avec des foulards ou des rubans blancs autour du bras ou de la tête. Continuant de répondre à Me Gianoli, KMF a déclaré ne pas avoir de souvenir à propos de l’appartenance du groupe de M. Kosiah aux ULIMO, et ne connaître aucun général à part le général Kosiah.

Interrogée à propos du comportement du groupe d’Alieu Kosiah lorsqu’il est entré dans le village, KMF a expliqué que la première chose que les soldats ont fait état de pratiquer le « tabé » sur certains hommes. Ces hommes ont par la suite été tués. KMF a raconté avoir eu tellement peur qu’elle ne se souvient pas de qui n’a pas été « tabé ».

Il a poursuivi en demandant des détails à propos du transport forcé, ce à quoi KMF a répondu qu’aucune femme ne portait de marchandises. Elle a précisé ne pas savoir si sa maman a accompagné les soldats jusqu’au bout du transport puisqu’elle s’était déjà enfuie. 

Après avoir interrogé KMF sur sa fuite, Me Gianoli l’a questionnée sur la manière dont elle a été abordée par l’enfant soldat et à propos de la maison où elle a été amenée, là où M. Kosiah l’a violée. Sur question, KMF a indiqué que même si on lui donnait de l’argent, elle ne repassera plus jamais par les endroits qu’elle a traversé pendant la guerre. Ensuite, Me Gianoli a demandé si certains noms lui évoquaient quelque chose. KMF a à plusieurs reprises refusé de répondre pour des questions de sécurité. Enfin, Me Gianoli l’a questionnée enfin sur les circonstances qui l’ont amenée au GJRP, l’organisation sœur de Civitas Maxima au Libéria.

Sur question de la Cour, KMF a indiqué qu’elle était plus âgée que l’enfant-soldat qui l’avait emmenée vers Alieu Kosiah, et qu’Alieu Kosiah avait déposé son couteau et son arme en bandoulière dans la chambre, juste avant le viol. 

Sur question du président, la plaignante a expliqué qu’elle avait eu l’occasion de se faire lire et traduire sa plainte avant de la déposer en Suisse.

Les questions sont adressées par le Ministère public de la Confédération

Interrogée sur sa capacité à manipuler une arme à feu, KMF a expliqué avoir tellement peur qu’elle ne veut même pas en toucher une.

Les questions sont adressées par Me Wakim, avocate de la plaignante

Interrogée à propos de la couleur de peau de M. Kosiah, KMF a affirmé qu’il était un peu plus noir qu’elle.

Concernant les personnes qui sont venues se réfugier dans son village, KMF a déclaré que d’autres personnes en plus d’EBJ et de KA sont venues se réfugier dans son village, mais qu’elle n’a jamais communiqué avec eux, et qu’elle ne connaît pas leurs noms.

Le tribunal procède à l’audition d’AFK, témoin de la défense

Le témoin a été interrogé depuis l’ambassade US à Monrovia. Il était accompagné par son neveu qui a été invité à quitter l’ambassade, les témoins ne pouvant pas être accompagné.

Interrogé sur ses relations avec Alieu Kosiah, AFK a déclaré le connaître, bien que cela faisait très longtemps qu’il ne l’avait pas vu, et que M. Kosiah a « un peu grossi ». Il a ajouté qu’il le reconnaissait à sa cicatrice sur l’un de ses doigts. Le témoin a expliqué à la Cour qu’il était un ancien soldat ULIMO, tout comme le prévenu. Il a indiqué ne pas avoir parlé avec le prévenu depuis la période du désarmement, et ne connaitre aucun des plaignants. Il a précisé être d’ethnie mandingo, avoir commencé à combattre avec les ULIMO en 1992, et avoir fait partie des fondateurs du groupe rebelle en 1990. Il a ensuite ajouté qu’il était le « chief advisor », c’est-à-dire qu’il conseillait le groupe ULIMO sur les balles et lance-roquette. Il a expliqué avoir été affecté à plusieurs endroits, et se souvenir de la dernière localité où il a été affecté : Foya. Il a ensuite énoncé ses différents grades militaires (« Warlord Officer grade 2 », major et lieutenant-colonel) et a expliqué qu’il ne savait pas qui étaient ses supérieurs hiérarchiques, les positions ayant changé à plusieurs reprises. De plus, il a indiqué qu’il était presque au même niveau hiérarchique que le prévenu. AFK a ajouté qu’avant le désarmement, M. Kosiah est devenu commandant régional, mais qu’avant cela, AFK n’a jamais été sous les ordres d’Alieu Kosiah, ayant été tous deux commandants. En réponse au juge, le témoin a déclaré que le dernier grade d’Alieu Kosiah était général de brigade. Il a ensuite affirmé avoir combattu chez les ULIMO jusqu’en 1996. Il a expliqué que la ville de Foya a été prise par le commandant Dekou en 1993, et que la ville n’a pas été capturée à plusieurs reprises, mais bien une seule fois, par les ULIMO.

À propos des ULIMO, le témoin a indiqué que les combattants qui possédaient des habits militaires les portaient et que les autres s’habillaient comme des civils, mais que la plupart portaient des tenues militaires. Ils portaient des armes légères de type G3, M16, AK47 et des lance-roquettes. Il a ensuite affirmé qu’il y avait des enfants-soldats chez les ULIMO mais qu’ils n’étaient pas nombreux en comparaison avec les NPFL, et que contrairement aux NPFL, eux n’avaient pas d’unité pour les enfants-soldats.

Concernant le climat régnant à Foya pendant la guerre civile,  AFK a expliqué que les soldats se comportaient bien envers les civils. Il a expliqué que la vie était normale jusqu’au désarmement, car Foya était une ville commerciale.  Il est revenu sur la prise de la ville en expliquant son déroulement, et en décrivant chronologiquement les événements, et en citant les différents commandants impliqués dans les combats. Ainsi, après Dekou, c’est le capitaine Adolfus Tahr qui a commandé la ville de Foya, puis K. Konneh a pris le contrôle de la ville. AFK a toutefois précisé que ces choses n’étant pas écrites, il peut avoir oublié certains éléments. AFK a précisé que les soldats se sont bien occupé des civils et qu’il n’y a pas eu de problèmes. Il a affirmé ne pas se souvenir de pillages commis durant la guerre, mais a expliqué qu’il pouvait peut-être avoir des criminels quelque part pouvant commettre des atrocités ou des pillages. Il a enfin réitéré le fait que les civils n’ont pas été maltraités. Il a ajouté que les civils n’avaient pas été forcés à participer aux transports mais qu’ils s’arrangeaient avec les soldats, précisant que les soldats rémunéraient les civils qui transportaient les marchandises. Il a illustré ses propos en expliquant que pour le transport d’un gallon sur une distance de treize miles soit un peu plus qu’un kilomètre, le civil recevait environ 200 dollars libériens, soit environ USD 1.-. Il a ajouté que les civils recevaient de l’eau à boire, et à manger.

Interrogé à propos des viols commis par les soldats ULIMO, AFK a déclaré n’avoir entendu qu’un seul cas dans la région, celui d’une femme qui avait été violée à Kolahun.

À propos de la pratique du « tabé », le témoin a affirmé que ce n’était pas une forme de torture mais qu’il s’agissait d’une façon d’empêcher les prisonniers de s’enfuir, en ligotant la personne avec les mains à l’arrière, car ils n’avaient pas de menottes. Le président lui a ensuite demandé s’il avait connaissance de pratiques lors desquelles des soldats mangeaient des parties de corps humain. Il a alors répondu qu’il n’avait jamais vu ce genre de choses. Il a expliqué que dans sa faction, certains l’avaient fait, sans pour autant savoir qui exactement l’a fait. Il a ajouté que des rumeurs circulaient aussi sur cette pratique dans les autres factions.

Il a ensuite expliqué ne jamais avoir entendu parler du « Black Monday » ou du « Black Friday » pendant la guerre civile, et ce, même avec les NPFL. Au sujet du prévenu, le témoin a déclaré l’avoir connu sous le nom de « Physical Cash », et l’avoir rencontré pour la première fois à Cape Mount, où il faisait partie de l’unité Zebra ou Alligator.  Le témoin a ajouté que le prévenu se trouvait dans la région de Monrovia lorsque les ULIMO sont allés dans le comté du Lofa.

Poursuivant ses réponses au président, le témoin a expliqué le parcours militaire d’Alieu Kosiah, et il a précisé que M. Kosiah était arrivé en tant qu’officier dans la ville de Foya, après sa capture en 1994, à noter que AFK a placé la capture de Foya fin 1993. Il a ajouté que le commandant Kosiah est celui qui a coordonné les combats au niveau de Monrovia pour libérer la ville mais qu’il ne faisait pas partie de l’unité qui est allée capturer le Lofa.

Concernant le lieu où se trouvait Alieu Kosiah entre 1993 et 1994, AFK a expliqué que M. Kosiah est arrivé dans la région de Foya en 1994, où il vivait comme un simple officier. Il a précisé que le prévenu a organisé une fête de Noël et une cérémonie pour le nouvel an, et que le 1er janvier 1995 il a organisé un tournoi de foute auquel tout le monde a participé. C’est ensuite à la fin de 1995 qu’il a été envoyé comme commandant régional dans la zone de Zorzor.

À la question de savoir si le prévenu avait été « H&H », le témoin a répondu qu’il n’a pas été H&H à Foya, et a expliqué que le prévenu était « floating offcer », soit un simple soldat. Il a ajouté qu’à Foya, M. Kosiah n’avait pas de pouvoir et que s’il y avait des interventions, il fallait s’adresser au commandant de la ville, soit Musa Donzo. Au sujet de la tenue vestimentaire d’Alieu Kosiah et de son apparence physique, AFK a affirmé que la plupart du temps, il était vêtu de treillis militaires complets, et qu’aujourd’hui il a « beaucoup grossi ».

Le témoin a indiqué que le prévenu avait des gardes du corps, et qu’il était normal pour un soldat d’en avoir, et que tous les officiers militaires à l’époque en avaient. Alieu Kosiah portait une arme légère, soit un AK-47, et que parfois il portait un pistolet à la ceinture. Il a ajouté ne jamais l’avoir vu avec un couteau, un poignard ou une baïonnette. Le juge lui a ensuite demandé comment se comportait le prévenu à l’égard des civils. Le témoin a expliqué que Kosiah était gentil avec eux et qu’il leur donnait régulièrement par gentillesse de l’argent et de la nourriture provenant des autorités, car il était très difficile de s’en procurer pendant la guerre. Il a ensuite écarté le doute que des personnes pourraient émettre face à son affirmation, expliquant que ce n’est pas parce que Alieu Kosiah était son partenaire de guerre qu’il se sent obligé de témoigner en son sens, précisant ainsi que lui [AFK] aussi était gentil avec les civils. AFK a complété son témoignage en expliquant qu’Alieu Kosiah distribuait de la gentillesse parce que les combattants qui ne s’occupaient pas bien des civils risquaient d’être renvoyés par leur hiérarchie.

Poursuivant ses réponses au Tribunal, AFK a expliqué qu’il ne se souvient pas d’avoir vu le prévenu ou ses soldats infliger des mauvais traitements à des civils. Il a ensuite déclaré que même si Dieu lui avait donné une très bonne mémoire, il peut arriver qu’il oublie ou qu’il ne se souvienne pas de certaines choses.

Au sujet des faits reprochés au prévenu, le témoin a déclaré qu’il n’avait jamais entendu parler de ces événements. En particulier, interrogé à propos de la scène en juillet 1993 à Foya au cours de laquelle M. Kosiah a ordonné que sept civils subissent le « tabé », AFK a répondu que le prévenu ne se trouvait pas à Foya en 1993, et qu’il ne se souvient pas qu’Alieu Kosiah ait commis un tel acte.

Au sujet de la possibilité qu’un certain Kunti ait donné un coup de couteau dans le dos à la partie plaignante LSM, AFK a déclaré qu’il se souvenait bien de Kunti, mais qu’il ne se souvenait pas du nom de la partie plaignante. Il a poursuivi en expliquant que Kunti était très jeune, le comparant ainsi à un enfant-soldat, et qu’il n’a pas entendu parler et ne se souviens pas d’un éventuel coup de couteau de Kunti contre LSM. Interrogé à propos de la possibilité que le prévenu ait ordonné et/ou dirigé des transports de marchandises par des civils depuis Foya durant la première guerre civile, AFK a répondu par la négative, et a dit qu’il ne s’en souvenait pas.

Par la suite, AFK a été questionné à propos de l’électricité à Foya. AFK a expliqué qu’il a vu des poteaux électriques à Foya avant la guerre, et qu’il s’est donc dit qu’il devait y avoir de l’électricité, mais que quand il est arrivé à Foya, il n’y avait pas d’électricité. Il a ajouté qu’il y avait bien une centrale électrique à Foya durant la guerre mais qu’il ne sait pas ce qui est arrivé à la centrale, n’ayant pas investigué dessus.

Le Tribunal a ensuite longuement questionné le témoin sur la manière dont il avait été appelé à participer à cette procédure en tant que témoin de la défense.  Il a alors affirmé que c’était le Tribunal qui l’avait contacté en premier lieu, et qu’un certain MHK l’avait convaincu de venir témoigner en Suisse.  Il a expliqué ne pas connaître la relation entre MhK et Alieu Kosiah, ne connaissant pas la biographie des deux individus.

Poursuivant ses réponses, AFK a déclaré que personne ne lui avait promis une récompense en échange de son témoignage dans la procédure et qu’il n’a pas fait l’objet de menaces ou d’intimidations en lien avec son témoignage dans la procédure, ayant informé aucune personne à ce sujet. Il a ajouté qu’il est davantage focalisé sur gagner son pain quotidien, et que c’est d’ailleurs la raison pour laquelle il est arrivé en retard pour son audition. Par ailleurs, il a affirmé être de religion musulmane et a expliqué que le Liberia étant un pays laïque, une fête de Noël a été organisée pour que les habitants de Foya puissent se réjouir à ce moment-là. Il a ensuite affirmé que si le prévenu a commis un crime, alors il n’en a aucune idée ; et a ajouté qu’il savait qu’Alieu Kosiah avait un très bon comportement.

A la question de savoir s’il avait peur du prévenu, AFK a demandé pourquoi est-ce qu’il aurait peur de lui, et que, Alieu Kosiah étant « loin là-bas » et lui « ici », il n’avait sûrement pas peur. Il a également précisé qu’il n’avait pas peur lorsque M. Kosiah avait une arme à la main. Alors interrogé s’il n’est pas venu en Suisse parce qu’il a peur du prévenu, AFK a déclaré qu’il n’avait pas refusé à aller en Suisse.

Après avoir décrit la cicatrice d’Alieu Kosiah, AFK a expliqué que c’est une balle qui l’a blessé et que pour cette raison il n’arrive pas à lever le petit doigt. Par ailleurs, il a affirmé ne jamais avoir servi sous les ordres de M. Kosiah puisqu’il n’était pas dans la même unité que lui, même s’il l’a vu sur le front de bataille et quelques fois à Foya.

Le Tribunal a ensuite demandé à AFK comment il pouvait affirmer avec certitude que M. Kosiah n’était pas présent dans le Lofa en 1993, dans la mesure où il n’a pas combattu sous les ordres d’Alieu Kosiah, ni dans la même unité que lui. AFK a alors répondu qu’il était en contact avec lui, qu’il l’avait vu à Monrovia et à Foya. Il a ajouté que le fait qu’ils ne combattaient pas dans les mêmes unités ne les empêchaient pas de se rencontrer.

Les questions sont adressées par le Ministère public de la Confédération

Sur question du Ministère Public de la Confédération, le témoin a affirmé que la première fois qu’il a vu M. Kosiah à Foya, ce dernier avait déjà sa cicatrice à la main. Par la suite, AFK a donné des indications sur le slogan des ULIMO, leur salaire, comment les civils étaient rémunérés pour les transports. De fait, AFK a notamment expliqué qu’il ne recevait pas de salaire en tant que soldat ULIMO, et que les commerçants qui faisaient le transport étaient ceux qui payaient les personnes qui transportaient les marchandises puisqu’il n’y avait pas de véhicules. AFK a ajouté que les combattants pouvaient aussi parfois demander aux civils de transporter des marchandises, auquel cas ils les rémunéraient, sans pouvoir toutefois confirmer si tel ou tel soldat a demandé de porter sa marchandise de tel endroit à telle destination. AFK a également précisé que les soldats n’avaient rien à transporter à l’époque, rendant de fait impossible le fait que les civils aient transporté des marchandises appartenant aux soldats. Le témoin a indiqué bien connaitre Ugly Boy. Il a expliqué qu’il servait d’intermédiaire entre les soldats et les civils, mais a déclaré ne pas se souvenir de son comportement envers les civils. Il a précisé qu’il était son supérieur et qu’il ne pense pas qu’Ugly Boy aurait commis des gaffes, mais qu’il est fort probable qu’il n’ait pas vu lui-même certaines choses car, quand une personne se comportait de manière anormale, elle était automatiquement transférée chez le « top master general » pour des sanctions. Il a conclu en affirmant ne pas avoir vu Ugly Boy se comporter de façon inacceptable. Sur question de la Cour, le témoin a également indiqué très bien connaître Mami Wata, qui était le commandant de 44 combattants malgré son jeune âge.

Sur question, AFK a affirmé savoir lire et écrire, mais ne pas savoir bien parler français, même s’il comprend un « tout petit peu ».

Interrogé à propos de sa demande au Tribunal dans laquelle il exprime son souhait de recevoir une copie ou un enregistrement de son témoignage, AFK a répondu qu’il a demandé cela parce que c’est la pratique au Liberia. Il a nié avoir eu l’intention de montrer son témoignage, et a expliqué qu’il voulait simplement conserver une copie pour lui personnellement.

Les questions sont posées par Me Werner

Sur question de Me Werner, le témoin a expliqué que le surnom d’Alieu Kosiah est « Physical Cash », car le prévenu aimait beaucoup l’argent. Il a notamment raconté que lorsque les soldats capturaient ou confisquaient des biens ou de l’argent, M. Kosiah demandait absolument que ceux-ci soient partagés de façon équitable avant que tous les soldats ne se séparent. Le témoin a également confirmé le surnom d’Ugly Boy, qui est « Saah Choue », qui a été nommé ainsi car il avait toujours une hache à la main. Il avait une hache à la main parce qu’il n’avait pas de fusil. AFK a ensuite que si Ugly Boy a utilisé cette hache pour commettre des actes répréhensibles, alors il ne pouvait pas se prononcer là-dessus.

Poursuivant ses réponses, AFK a affirmé qu’Alieu Kosiah avait des enfants-soldats qui ont été capturés.

Me Werner a ensuite lu une déclaration de M. Kosiah, dans laquelle il déclarait que Kunti connaissait les mêmes choses qu’Advisor sur ce qui s’est passé à Foya, et que les deux le connaissaient car il était à Voinjama quand Foya a été prise. AFK a alors répondu qu’il ne pouvait pas confirmer si oui ou non Alieu Kosiah était bien à Voinjama quand Foya a été prise, lui-même étant à Foya au moment de la capture de la ville. Me Werner a alors fait remarquer AFK qu’il avait déclaré plus tôt dans son audition qu’il avait déclaré qu’Alieu Kosiah était à Bomi quand il était à Foya. AFK a alors expliqué que la route de Bomi est la route qui part de Kolahun, et qu’il pouvait seulement dire qu’il a laissé M. Kosiah à Bomi, ajoutant que si ce dernier s’était ensuite rendu à Fassama depuis Bomi, puis à Zorzor puis à Voinjama, alors c’était son droit.

Il a ensuite été discuter de plusieurs détails, comme sa non-venue en suisse pendant la phase de l’instruction à cause de la personne aveugle qu’il devait accompagner. Prenant pour référence un document de la TRC, expliquant que les ULIMO avaient la culture du silence et se protégeaient les uns des autres, Me Werner a demandé à AFK s’il était en train de protéger M. Kosiah. AFK a alors demandé pourquoi protéger quelqu’un qui a commis des actes répréhensibles.  

Les questions sont posées par Me Jakob

Me Jakob a débuté par des questions concernant le lien de la partie plaignante avec certains soldats. AFK a ainsi déclaré ne pas connaître Chief Fassou. Il a cependant déclaré connaître Fanboy, qui était également un soldat ULIMO vivant à Foya, mais qu’il ne l’a pas vu depuis environ six mois/un an, et qu’ils n’ont pas eu l’occasion de parler de M. Kosiah.

Poursuivant ses réponses, AFK a déclaré qu’après la capture de Foya, il a décidé de vivre à Voinjama, jusqu’en 1994, où il est rentré à Foya car c’était une ville commerçante et parce que la vie était encore meilleure là-bas que dans les autres régions.

Les questions sont posées par Me Gianoli

Après avoir posé quelques questions à propos d’Old Man Tamba Taylor et de son retour à Foya, Me Gianoli a demandé à AFK s’il avait entendu parler de la Todi Mission, ce à quoi AFK a répondu par la négative. AFK a ajouté ne pas savoir quel commandant a capturé Todi. A la question de savoir si AFK connaissait les noms des gardes du corps de M. Kosiah, celui-ci a répondu qu’il pensait qu’il y avait un certain Saah, et qu’il ne se souvient plus des autres noms, bien qu’il puisse reconnaitre les autres gardes du corps à leur apparence physique.

La Cour a ensuite demandé si AFK avait des notes dans les mains, ce à quoi ce dernier a répondu par la négative.

Revenant sur les gardes du corps d’Alieu Kosiah, Me Gianoli a demandé à AFK s’il savait si M. Kosiah s’était occupé de ses gardes du corps après la fin de la guerre, ce à quoi AFK a répondu qu’il ne savait pas, n’étant pas resté avec le prévenu à la fin de la guerre.

Me Gianoli a ensuite posé une série de questions concernant le pistolet que portait le prévenu, les S2 en poste à Foya et les signes distinctifs entre les ULIMO et les NPFL. AFK a affirmé se souvenir avoir vu Alieu Kosiah porter un pistolet, aussi bien à l’époque de Bomi, qu’au Lofa à Foya. Il a ensuite expliqué qu’après Ugly Boy, un autre S2 l’a remplacé, mais qu’il ne se souvient plus de son nom, et que tous les S2 étaient tenus de faire des rapports au commandant de la zone, qui lui-même rapportait au commandant du quartier général.

AKF a poursuivi ses réponses en expliquant qu’il était possible de faire la différence entre en ULIMO et un NPFL selon le territoire sous contrôle et que l’on pouvait reconnaître les NPFL même si l’on ne pouvait pas les distinguer avec un élément en particulier dans la mesure où ils s’habillaient comme ils voulaient. Quant à la représentation d’un scorpion rouge, cela a rappelé à AFK le premier jour de la guerre, le 15 décembre, à Butuo, avec la faction NPFL ; mais il n’était pas soldat à ce moment-là.

A la question de savoir si l’on pouvait reconnaître les ULIMO grâce à un bandeau rouge qu’ils porteraient à leurs bras ou sur leurs armes, AFK a répondu que cela était surtout un signe distinctif des NPFL. Quant aux bandeaux blancs, AFK a expliqué qu’ils étaient associés aux combattants de l’ECOMOG, force qui représentait l’Afrique de l’Ouest.

Interrogé à propos des véhicules dans lesquels Alieu Kosiah se déplaçait quand il venait à Foya, AFK a indiqué qu’il avait parfois une moto rouge, parfois une moto avec deux échappements, et parfois une Jeep 4×4. Les ULIMO, eux, n’avaient pas de véhicules quand ils occupaient le Lofa ; ils faisaient donc leurs déplacements à pied.

Me Gianoli a ensuite demandé à la partie plaignante si elle connaissait certains noms, ce à quoi AFK a répondu par la négative.

A propos du meurtre de six civils au marché de Foya, dont les corps auraient été jetés dans le puits du marché, AFK a affirmé qu’il n’en avait jamais entendu parler et qu’il y avait bien une pompe au marché de Foya mais pas de puits.

A la question de savoir si les ULIMO ont effectué un transport de munitions de Voinjama à Fassama en passant par Kolahun et Gondolahun, AFK a répondu par la négative, et a expliqué que cela n’était pas possible puisqu’il n’était pas possible de partir de Voinjama avec des munitions en passant par Fassama, Kolahun et Gondolahun, car il s’agit de deux directions différentes. La partie plaignante a ajouté que pour aller à Zorzor, il était possible de passer par Fassama. Sur question, AFK a confirmé qu’il y avait des embuscades et même des pertes en vies humaines entre Voinjama et Fassama, après la capture de Foya. AFK a ensuite expliqué se souvenir d’une mine qui a explosé à la frontière entre Voinjama et la Guinée, ainsi que dans la région de Zorzor, mais pas entre Voinjama et Foya.

Ensuite, Me Gianoli a demandé à AFK si cela faisait sens de passer par Solomba si l’on partait de Voinjama et que l’on voulait amener des marchandises en Guinée. AFK a répondu que c’était possible, bien que cela soit plus complexe puisque cela pouvait prendre quatre fois plus de temps, la distance étant plus longue que par une route plus directe, et la voie étant très mauvaise.

A propos de ses relations avec Hassan Bility, AFK a déclaré très bien le connaître, ayant dormi dans le même appartement que lui quand il était élève et quand il faisait partie des ULIMO. Il a déclaré l’avoir rencontré pour la première fois au Nimba, à Kahnple, et pour la dernière fois il y a six mois. Il a affirmé avoir discuté avec Hassan Bility d’Alieu Kosiah, et de lui avoir demandé comment cela se fait que son organisation fasse arrêter ses frères un peu partout, et si c’était lui qui avait fait arrêter Alieu Kosiah, ce à quoi M. Bility a répondu que ce sont les plaintes déposées contre lui ont mené à son arrestation. Il a ensuite affirmé ne pas savoir si Hassan Bility l’avait cité comme témoin dans cette procédure, et ne pas avoir parlé de cela avec lui.

Ensuite, il a expliqué ne pas être venu témoigner en Suisse lors de son premier contact avec les autorités « à cause de l’aveugle qui devait partir avec » lui, ne pouvant pas lui tenir la main.

A la question de savoir si, après la capture de Foya, il y avait des marchés à Voinjama, Kolahun, Massabolahun et Foya, AFK a répondu par l’affirmative, précisant que plusieurs véhicules comme des voitures ou des camions venaient à ces marchés depuis la Guinée.

A propos du terme « Dingos », AFK a expliqué que les gens qui ne prononçaient pas le « ma » de « Mandingo » étaient juste mal éduqués. Il a ensuite ajouté que certains prenaient ce mot comme une offense, car c’est généralement comme cela que les chiens sont appelés.

Enfin, quant à savoir qui sont Steven Dorley et Abu Keita, AFK a expliqué que c’étaient respectivement le grand commandant/commandant supérieur des forces des ULIMO et le commandant de la zone de Zorzor, et qu’il était avec Abu Keita lorsque celui-ci a capturé Zorzor.

Sur question de la Cour

La Cour a débuté en posant des questions à propos de l’apparence physique de Steven Dorley. AFK l’a alors décrit comme ayant la même corpulence qu’Alieu Kosiah à l’époque, la même grandeur, avec des cheveux sous forme de « dreadlocks » qu’il a ensuite coupés.

Il a enfin affirmé n’avoir demandé aucune indemnité pour venir témoigner. La Cour lui a ensuite expliqué que s’il demandait, il pouvait recevoir une indemnité pour compenser l’argent qu’il n’a pas reçu puisqu’il n’a pas travaillé pour venir témoigner.