Jour 14 –Audition de deux témoins

24.02.2021

Pour cette journée du 24 février 2021, le Tribunal a procédé à l’audition de AT, témoin.

Le témoin a d’abord commencé par longuement expliquer ses craintes quant à son témoignage devant le Tribunal. Il a affirmé être en danger au Liberia, lui comme sa famille, si son témoignage venait à être rendu public. Il a expliqué vivre dans une situation vulnérable, et que quiconque peut lui faire n’importe quoi au Liberia, en toute impunité. Il a ajouté avoir fait toutes les démarches en secret, et a indiqué qu’il voulait absolument que sa venue soit tenue secrète. Le président a ensuite informé AT au sujet qu’il pouvait refuser de répondre à certaines questions de la Cour s’il estime que sa vie ou son intégrité corporelle est menacés ; et que les journalistes ont l’interdiction absolue de publier les noms et prénoms de ceux qui témoignent. Après lui avoir laissé un temps de réflexion, le Tribunal lui a demandé de se déterminer quant à l’opportunité de livrer son témoignage. AT s’est réjoui de cette pause, expliquant qu’apparemment, sa préoccupation n’est pas comprise et qu’il ne veut pas témoigner dans ce contexte. Me Gianoli, puis le président ont successivement rappelé au témoin que la Cour n’a pas de compétence pour accorder l’asile. Après avoir accepté de témoigner, AT a expliqué que s’il lui arrive quelque chose à son retour au Liberia, sa famille tiendra la Cour pour responsable. Il a ensuite ajouté que le prévenu avait été son ancien commandant pendant la guerre civile. Il a ajouté que celui-ci l’avait pris sous son aile comme son fils lorsqu’il avait été capturé par ULIMO en 1992 à Todi. Il a expliqué qu’il considérait Alieu Kosiah comme son deuxième Dieu.

Le juge lui a ensuite demandé s’il connaissait des parties plaignantes à cette procédure. Le témoin a alors répondu par la négative. Il a ensuite précisé avoir pris part à la guerre auprès des ULIMO en 1992, à l’âge de douze ou treize ans, jusqu’à la dissolution du groupe en 1997. En réponse au juge, le témoin a cité tous les endroits qu’il avait fréquenté (Todi, Tubmanburg, comté du Lofa et comté de Bong) en accompagnant le prévenu.

Au sujet de la capture du Lofa en mars 1993, le témoin a expliqué avoir été envoyé avec Alieu Kosiah en renfort par le commandant ULIMO Pepper & Salt, début 1993. A propos de la prise de Zorzor en mars 1993, AT a indiqué qu’ils n’y ont pas participé, tous les endroits ayant déjà été capturés à leur arrivée dans le comté du Lofa. AT a déclaré qu’Alieu Kosiah et lui venaient directement de Tubmanburg quand ils sont arrivés dans le Lofa. Le témoin a ensuite précisé qu’il différenciait les groupes rebelles suivant leurs équipements, car les soldats étaient quasiment habillés de la même manière et a donné l’exemple suivant : il était courant qu’un ULIMO qui tuait un NPFL s’habillait ensuite avec l’uniforme NPFL. AT a également expliqué que les NPFL étaient mieux équipé que les ULIMO, mais que les ULIMO étaient tout de même puissants ; et a ajouté que l’ethnie, la langue parlée, ou encore les armes pouvaient également les différencier. Questionné sur les armes, AT a répondu que les ULIMO avaient des G3, AK-47 et des M16 pris aux NPFL, les NPFL quant à eux avaient des « berettas ».

Questionné sur le comportement des ULIMO à l’égard des civils, le témoin a déclaré qu’ils faisaient très attention aux civils et qu’ils étaient une de leurs plus grandes priorités durant la guerre, car ils voulaient les convaincre de les rejoindre. Il a toutefois ajouté qu’il ne parlait seulement de ce qu’il a vu, et qu’il ne niait pas la possibilité que d’autres personnes se soient comportées différemment et que certains soldats ULIMO aient tués des civils, les lignes de front étant très nombreuses.

Confronté à ses déclarations au Ministère public de la Confédération, le témoin a précisé qu’il avait vu des NPFL tuer des civils à Salayea[MOU1] , accusés de collaborer avec les ULIMO, mais il a déclaré qu’il  n’a jamais vu des soldats ULIMO tuer des civils, après avoir expliqué qu’assurer que les soldats ULIMO n’ont jamais tué de civils serait un mensonge.

À propos des pillages, il a déclaré que les ULIMO saisissaient les biens des civils afin d’acheter des armes et des munitions. AT a expliqué que tous les équipements qui ont été pillés par les ULIMO l’ont été pour pouvoir acheter des équipements, les ULIMO n’ayant jamais eu de soutien international, ni de soutien financier de la part de l’Etat local.

Au sujet des transports de marchandises effectués par des civils durant la première guerre civile, AT a déclaré qu’il était évident que des transports de ce genre s’étaient produits durant la première guerre civile : les soldats n’ayant pas de véhicules à leur disposition, ils n’avaient pas d’autre choix que de faire appel aux civils.  Il a ajouté que les civils étaient forcés de participer à ces transports, et que, de manière générale, ils ne refusaient pas, par peur pour leur vie. Il a ensuite affirmé n’avoir jamais vu le prévenu participer à des transports de marchandises ou piller des villages, expliquant que c’était un commandant qui avait de l’empathie pour les gens, et que des personnes faisaient même ses louanges. Il a ajouté que M. Kosiah a sauvé beaucoup de vies dans le Lofa Il a affirmé avoir participé à certains transports forcés, et que les civils avaient reçu du riz en compensation. Il a ensuite expliqué qu’il n’était pas question d’argent. AT a poursuivi ses réponses en déclarant que s’il disait qu’ils n’étaient jamais allés chez des civils pour obtenir de la nourriture, il mentirait. Il a réitéré que, n’ayant aucun soutien international, ce qu’ils arrivaient à obtenir était de quoi ils vivaient.

Continuant de répondre aux questions du Tribunal, AT a déclaré n’avoir jamais vu Alieu Kosiah participer aux transports forcés, ni donner des ordres pour l’exécution de tels transports, étant trop important pour cela.  Il a ajouté qu’il n’était pas partout où le prévenu allait, et vice-versa.

Concernant les viols de femmes par des soldats ULIMO durant la première guerre civile, le témoin a expliqué que c’était un crime sévèrement puni par les ULIMO. Il a ensuite affirmé qu’un commandant avait fait tuer trois soldats accusés de viol, et que les accusations se sont finalement révélées fausses après l’enquête. Il a ajouté qu’Alieu Kosiah avait souhaité empêcher l’exécution, mais qu’il est arrivé trop tard. Il a également affirmé que c’était un mensonge de dire que des soldats ULIMO ont commis des viols. Au sujet du « tabé », le témoin a déclaré qu’il s’agissait d’une façon d’attacher les prisonniers, en mettant les mains derrière le dos, pour les empêcher de s’enfuir. Il a expliqué que c’était l’équivalent des menottes

Au sujet des accusations de cannibalisme, le témoin a affirmé en avoir entendu parler, autant chez les NPFL que chez les ULIMO, mais n’avoir jamais assisté à de telles pratiques.

À propos du « Black Monday » et du « Black Friday », le témoin a répondu qu’il n’avait jamais entendu parler du « Black Monday », mais que le « Black Friday » était une musique reggae.

Le juge lui a ensuite posé des questions relatives à sa relation au prévenu

En 1992, lors de sa rencontre avec Alieu Kosiah à Todi, le témoin a expliqué qu’il était au milieu d’un groupe d’hommes armés NPFL. Alieu Kosiah était alors arrivé avec des soldats ULIMO et l’avait libéré. Il a ainsi raconté que Dieu avait envoyé M. Kosiah pour lui sauver la vie, car s’il n’avait pas été là, quelqu’un l’aurait tué, car il aurait été considéré comme un rebelle. Il a ensuite expliqué que le prévenu l’avait envoyé chez ses parents en Guinée pour recevoir une éducation. Le témoin a ensuite ajouté qu’il était obstiné et qu’il était revenu de lui-même pour prendre les armes auprès des ULIMO.

AT a expliqué que lors de la capture de Todi, Jungle Jabbah était le commandant sur place, mais qu’Alieu Kosiah était un combattant fort, et que tout le monde l’écoutait quand il parlait, partout où il allait. Par ailleurs, il a affirmé que c’était en raison des mauvais traitements des NPFL qu’il a volontairement pris les armes pour rejoindre les ULIMO. Explicitant les mauvais traitements qu’il a subi, AT a raconté que quand il faisait partie des NPFL, son père et son frère avaient été tué devant lui, et que sa sœur s’était faite violée devant lui. Il a ajouté que le prévenu ne lui avait jamais déconseillé d’entrer dans les ULIMO, et que, chez les ULIMO il avait le droit de porter une arme, ce qui le garantissait d’avoir une vie plus sûre et d’être en sécurité.

A la question de savoir s’il était dangereux à l’époque de se plaindre d’avoir été forcé au recrutement, AT a déclaré qu’à l’époque il était évident que personne ne pouvait se plaindre de cela, et que seulement Dieu pouvait entendre les plaintes de ces personnes-là.

Interrogé au sujet de sa déclaration devant le Ministère public de la Confédération à Berne, M. Kosiah a déclaré que c’étaient les commandants qui choisissaient leurs enfants-soldats. Si un commandant aimait bien un soldat, alors il lui disait de venir sous ses ordres. L’enfant-soldat n’avait ainsi pas d’autre choix que d’obéir.

Sur question du Tribunal, AT a déclaré qu’il n’a jamais été torturé, battu, ou mis en « tabé » par les soldats ULIMO, étant un combattant fort sous les ordres d’un commandant très reconnu, il était également très reconnu. Il a toutefois ajouté qu’au moment où il a été capturé, il a reçu des mauvais traitements et a été attaché en « tabé » à ce moment-là, le temps de vérifier si c’était un rebelle ou non.

Poursuivant sa réponse au Tribunal, le témoin a expliqué qu’après sa capture, il a effectué une formation de trois mois, [CRLA2]  qui avait pour principale mission d’apprendre le maniement des armes et les techniques de camouflage aux soldats ULIMO. Il n’y avait pas de centre d’entraînement particulier au Liberia : ils se déplaçaient tous les deux ou trois jours pour suivre l’entraînement à un autre endroit. AT a en revanche expliqué qu’il y avait bien un centre d’entraînement au Sierra Leone. Après avoir suivi cette formation le témoin a rejoint Alieu Kosiah. [CRLA3] Il a ainsi reçu un AK-47 à la fin de son entrainement. Il a ajouté que le prévenu lui avait appris à manier certaines armes (AK, G3, M1, etc.) parce qu’il devait être capable de se débrouiller pour sauver sa vie. De plus, AT a ajouté qu’Alieu Kosiah avait un pistolet.

Quant à son engagement auprès d’Alieu Kosiah dans les ULIMO, AT a expliqué que ce dernier l’a pris comme son fils au départ, et qu’il a ensuite été placé sous les ordres d’Omaru Kelleh, avant que M. Kosiah ne le reprenne. Il a ajouté avoir été content d’être avec lui puisqu’il lui a sauvé la vie.

En réponse à une question du président, le témoin a expliqué que le prévenu avait un grade de colonel lorsqu’il l’a rejoint, et qu’il est resté sous ses ordres de 1992 jusqu’en 1998, quand le prévenu a quitté le Liberia. Il a ajouté que M. Kosiah n’avait pas eu de chance, puisqu’il n’a jamais obtenu une position plus haute au sein des ULIMO ; et que quiconque qui dirait qu’Alieu Kosiah était général serait un pur menteur. Il a ensuite précisé qu’entre 1993 et 1998[CRLA4] , Alieu Kosiah était successivement basé à Todi puis dans le Lofa, à Voinjama, où ils y sont restés la moitié du temps. Alieu Kosiah est ensuite parti à Tubmanburg en 1994, après la scission des ULIMO, et AT est resté à Voinjama. . AT a ajouté que lors de la capture de Todi, le prévenu était le « battle group commander » et avait le grade de capitaine ; et Omaru Kelleh était son supérieur, puisqu’il était major. Il a également expliqué que lorsque la situation était calme, ils rendaient visite aux soldats dans les villes et villages alentours comme à Kolahun, Foya ou Massabolahun. Il a ajouté que M. Kosiah avait une petite amie à Massabolahun ou Sivilahun, et que ses parents aimaient beaucoup le prévenu, ce pourquoi il lui demandait de venir lui rendre visite régulièrement. AT l’accompagnait régulièrement là-bas.

Le président lui a demandé s’il avait effectivement été le garde du corps du prévenu, ce que le témoin a confirmé. Il a expliqué à deux reprises qu’il devait aller partout où il allait, et a ajouté qu’il savait beaucoup de choses sur lui parce qu’ils ont passé beaucoup de temps ensemble. Il a également affirmé qu’il surveillait les déplacements du prévenu et qu’il lui arrivait de goûter la nourriture ou les boissons proposées à Alieu Kosiah s’il suspectait un empoisonnement, ou de rester à l’extérieur de la pièce où il se trouvait avec un AK-47, pour assurer sa sécurité. Il a ajouté que le prévenu comptait une dizaine de gardes du corps et que ces derniers étaient tous plus âgés que lui, mais que lui était son garde du corps principal. Il a par ailleurs expliqué qu’il combattait pour les ULIMO et non pour M. Kosiah, même s’il était sous ses ordres.

Poursuivant ses réponses au Tribunal, AT a déclaré que le prévenu l’a emmené de nombreuses fois sur le front, et que toutes les fois où il lui est arrivé quelque chose, le prévenu était présent à ses côtés.

Interrogé au sujet des déplacements dans l’espace effectués avec Alieu Kosiah durant la guerre, AT a déclaré qu’ils ont tous deux participé à l’attaque de Largbanga en 1994. Il a expliqué que lors de cette attaque, une mine a explosé et a « massacré » presque la moitié des soldats. Il a ajouté qu’il avait été bien des fois sur la ligne de front avec le prévenu, mais qu’il ne saurait pas donner une date, ces évènements ayant eu lieu il y a longtemps.

Concernant les différents grades de M. Kosiah, AT a expliqué qu’avant d’aller dans le Lofa où il a été nommé colonel quand il a occupé la fonction de commandant régional pour la zone de Zorzor, le prévenu était capitaine. Il a ajouté qu’il a tout le temps été rattaché à Alieu Kosiah, mais que parfois il pouvait lui arriver de s’absenter pendant un mois, se désignant ainsi comme un « électron libre » ou comme « absent without official leave ».

Questionné sur l’apparence physique du prévenu, AT a expliqué qu’il a pris beaucoup de corpulence depuis la guerre et que, son visage, son corps et sa couleur de peau n’ayant pas changé, quiconque qui ne saurait pas le reconnaître serait un menteur. AT a poursuivi en expliquant que pendant la guerre il était vêtu en tenue de camouflage, et que les seules fois où il s’habillait en civil était quand il se renait en Guinée pour prendre du bon temps.

A propos des armes qu’il avait l’habitude de porter sur lui, AT a indiqué qu’Alieu Kosiah avait son propre pistolet sur lui, et qu’il avait également un G3, son arme préférée, ainsi qu’une baïonnette, quand il se rendait sur la ligne de front. Il était nommé « Physical Cash » car sur la ligne de front, le prévenu était très physique.

En réponse à une question du président, le témoin a dit se souvenir que les soldats l’appelaient parfois H&H. Il a ensuite expliqué que c’était une position militaire. Il a indiqué connaître Alieu Kosiah sous son nom, ou Chief Alieu Kosiah ou encore son surnom Physical Cash.

Le président a demandé comment M. Kosiah se comportait avec les soldats en général, ce à quoi le témoin a répondu qu’aucun ancien soldat ULIMO ne parlerait de mauvais traitement infligé par Alieu Kosiah, car il en a sauvé et protégé beaucoup, et qu’il était un bon commandant. Il a de fait expliqué ne pas comprendre les crimes reprochés au prévenu. De plus, il a affirmé n’avoir jamais entendu dire que le prévenu a tué un civil, et qu’il ne l’a en tous cas jamais fait devant lui. Il a également indiqué ne jamais avoir vu le prévenu maltraiter, violer ou tuer des civils, sans toutefois pouvoir l’assurer à 100 pourcent. Selon le témoin Alieu Kosiah était très apprécié par tout le monde, de plus il était un grand combattant qui avait beaucoup de charisme. Il a ajouté que les civils venaient régulièrement lui demander de la nourriture.

Poursuivant ses réponses au président, AT a indiqué n’avoir jamais entendu dire, ni vu le prévenu participer à un transport de marchandises effectué par des civils. Il a ajouté que cela s’est peut-être produit, mais qu’il n’était pas présent. Quant à l’affirmation de M. Kosiah selon laquelle il ne sait pas si des civils ont été contraints de transporter des marchandises par des soldats ULIMO, AT a déclaré ne pas pouvoir parler au nom du prévenu, et qu’il pouvait seulement relater ce qu’il avait vu. AT a répondu de la même manière concernant le fait qu’Alieu Kosiah aurait forcé des civiles à avoir des relations sexuelles avec lui durant la guerre.

Interrogé à propos d’une de ses déclarations devant le Ministère public de la Confédération, AT a corrigé ses dires et a expliqué que M. Kosiah était uniquement responsable pour lui, et non pour sa famille. Il a ajouté que quand Alieu Kosiah avait un peu d’argent, il lui en donnait pour faire des choses lui-même, mais que ce n’est pas pour l’argent qu’il est resté au sein des ULIMO.

En réponse à une question du président, le témoin a indiqué avoir été contacté par le Tribunal pour venir témoigner.

Par ailleurs, répondant aux questions du président, AT a affirmé avoir été en contact avec Mohamed Kosiah, et a expliqué que celui-ci lui a seulement demandé si des personnes l’avaient appelé pour lui demander de venir en Suisse. AT a ajouté que c’est Mohamed Kosiah qui a donné ses coordonnées à la Cour pour que la Cour puisse le contacter, et qu’il n’a plus eu de communication avec lui depuis qu’il est rentré de son passage en 2015. Par la suite, sur question, AT a affirmé n’avoir jamais été en contact avec Monsieur Doumbia, ne sachant pas de qui il s’agit. À la question de savoir s’il a subi des menaces ou des intimidations pour sa participation à cette procédure, le témoin a répondu que son entourage lui avait demandé de ne pas venir, parce qu’ils sont effrayés qu’AT soit pourchassé à son retour au Liberia. Il a ensuite ajouté qu’il était là pour la justice et qu’il souhaitait qu’Alieu Kosiah soit libéré et qu’il puisse rentrer avec lui. Il a précisé qu’il trouvait sa vie misérable depuis que le prévenu avait quitté le Liberia. AT a ajouté qu’il a perdu sa mère, son père, et que le prévenu les a remplacés, d’où son désir qu’il puisse sortir de prison. Il a conclu en affirmant que le fait que le prévenu soit en prison lui cause du tort par effet indirect.

Les questions sont adressées par le Ministère public de la confédération

Le procureur a commencé par demander au témoin s’il se sentait menacé au Liberia. Ce dernier a répondu que les deux parties au conflit pouvaient être un danger pour sa propre vie. Il a précisé qu’il était un exemple de preuve, car il est le seul enfant soldat encore vivant qui a été proche d’Alieu Kosiah, qu’il était donc le seul à pouvoir fournir des informations utiles sur le prévenu, et qu’à ce titre, il avait de sérieuses craintes pour sa vie, précisant qu’au Liberia, les « gens » étaient forts pour détruire les preuves. AT a de fait beaucoup insisté sur le fait qu’il devait être protégé.

Interrogé au sujet de la raison pour laquelle, quand il a été questionné à propos des comportements des soldats ULIMO, il a immédiatement fait un lien avec Foya ; AT a déclaré que Foya était une zone sûre à l’époque, où les ULIMO pouvaient aller se reposer.

Le procureur l’a ensuite interrogé sur la disposition de crânes humains au « checkpoints » ULIMO. Le témoin a alors répondu que les soldats utilisaient effectivement des crânes pour signaler les check points dans le Lofa. Le témoin a ensuite été interrogé sur les blessures qu’il a subies durant la guerre. Il a alors expliqué qu’il avait été pris dans une embuscade avec le prévenu fin 1993 à Bokassa Junction, et qu’il avait reçu les premiers soins à Voinjama. Il a ajouté avoir été transféré en Guinée car sa blessure était plus grave que celle d’Alieu Kosiah, et qu’il était dans une situation critique.

Poursuivant ses réponses au Ministère public de la Confédération, AT a indiqué qu’après sa blessure, il est revenu au front en 1994, avant la scission des ULIMO.

Au sujet de sa deuxième blessure, AT a indiqué qu’il a été blessé à la main début 1995, suite à l’explosion d’une mine, entre le Lofa et le Bong County, et qu’il a été soigné à Monrovia.

Par ailleurs, AT a indiqué qu’en période de guerre, ils ne mangeaient pas chez les civils. Quant au surnom « Physical Cash » donné au prévenu, AT a indiqué que « Cash » était un nom pour améliorer le moral, et que cela ne signifie pas pour autant qu’il avait de l’argent.

Les questions sont adressées par les avocats des parties plaignantes

Revenant sur les déclarations d’AT datant de 2015, au sujet du surnom du prévenu, où il affirmait que « Physical Cash » signifiait qu’il dépensait très régulièrement son argent pour les soldats ou pour leur acheter des vêtements, des chaussures et des choses pour leurs familles ; AT a indiqué qu’Alieu Kosiah avait déjà ce surnom quand il est venu dans le Lofa, et que c’était simplement un terme utilisé pour lui remonter le moral.

Répondant aux questions de Me Werner, AT a indiqué qu’il était kpelleh, mais qu’il ne parlait pas bien le kpelleh. Ainsi, il parlait anglais avec le prévenu. Par ailleurs, il a expliqué ne pas avoir le souvenir d’avoir dit que des installations importantes avaient été pillées.

Au sujet des prisonniers NPFL exécutés à Zorzor, AT a répondu que M. Kosiah n’avait pas combattu à Zorzor, et qu’il ne pouvait de fait pas savoir si des NPFL y ont été exécutés. Il a ajouté ne pas se souvenir d’avoir mentionné que des prisonniers NPFL ont été exécutés à Zorzor et à Foya.

Concernant la fréquence à laquelle Alieu Kosiah se rendait en Guinée, et ne portait donc pas de tenue de camouflage, AT a affirmé que cela n’était pas fréquent et qu’ils y allaient parfois pour acheter des choses pendant deux-trois jours. Il a ajouté qu’en tant que rebelles, ils ne les auraient pas laissés rentrer dans le pays en uniforme, et que, de toute façon, ils ne pouvaient pas rester longtemps en Guinée.

Interrogé à propos des transports forcés de munitions par des civils jusqu’à la ligne de front, AT a expliqué que c’était le cas lorsqu’il était avec Alieu Kosiah mais aussi avec d’autres commandants. Il a expliqué que l’organisation des ULIMO était faite de telle manière que les civils devaient porter les munitions puisque les soldats portaient déjà les armes.

Me Werner a ensuite soumis à AT un rapport de la police fédérale mentionnant des massacres commis dans le Lofa en 1993 et en 1994, et lui a demandé comment il expliquait le fait qu’il n’a été au courant d’aucun massacre commis par la faction ULIMO en 1993.. Le témoin a alors répondu qu’il avait en effet entendu parler de massacres. Il a raconté avoir entendu parler d’un massacre à Foya, où Mami Wata avait tué des civils puis les avait découpés et mis dans des brouettes pour vendre les morceaux de maison en maison. Il a précisé avoir vu de lui-même que les NPFL avaient tué beaucoup de gens lors de leur retraite de Salayea.

Sur question de Me Wavre, le témoin a répondu avoir personnellement combattu contre les ULIMO-J, pendant le tout premier jour de la scission en 1994, mais également sur la route de Monrovia à Tubmanburg, jusqu’à la Po River.

A la question de savoir s’il est déjà allé à Gondolahun, AT a expliqué qu’il y avait là-bas un homme qui donnait aux soldats une protection, mais que lui ne croyait pas à ces choses-là et qu’il croyait seulement en « Dieu tout-puissant », et non en la magie. Il a ensuite affirmé être passé par Gondolahun pour se rendre à Fassama, et a réitéré qu’il n’y était pas allé pour demander une protection.

À une question de Me Jakob, AT a affirmé qu’il connaissait une personne avec laquelle il avait voyagé en Suisse, FBK. Ce dernier était un ancien combattant chargé des tâches de secrétariat pour les ULIMO. Il a précisé l’avoir vu pour la dernière fois en 1997. Il a ajouté qu’Ugly Boy pourra en dire davantage sur lui.

Les questions sont adressées par Me Gianoli, avocat d’Alieu Kosiah

Me Gianoli a tout d’abord demandé à AT si M. Kosiah était au courant de son intention de se rendre à Klay pour son recrutement, ce à quoi AT a répondu qu’il lui a caché cela. AT a ensuite affirmé qu’il avait été assigné à Alieu Kosiah. Il a ensuite expliqué qu’il ne pouvait pas répondre à la question de savoir s’il était sous les ordres du prévenu, affirmant ainsi que lui être assigné, être sous ses ordres, et avoir été pris comme son fils sont trois choses différentes.

Poursuivant ses réponses à Me Gianoli, AT a expliqué que c’est Alieu Kosiah qui l’a approché pour qu’il le suive dans le Lofa, et a affirmé qu’il était déjà avec lui quand la mission du Lofa a débuté. Il a ajouté que M. Kosiah ne lui a pas appris le maniement des armes, l’ayant appris au camp d’entraînement.

Une photo d’un couteau lui a été soumise. AT a expliqué que le prévenu n’a jamais porté un couteau comme celui-ci, aussi long et aussi gros.

Me Gianoli a par la suite demandé à AT s’il était possible qu’il se soit trompé (étant à l’époque « petit et mal instruit » pour reprendre ses mots) quand il avait déclaré en 2015 que la capture de Todi est survenue durant la période des pluies. AT a répondu qu’il n’avait en effet peut-être pas reçu d’éducation, mais que la sagesse que Dieu lui a confiée lui permet de dire les choses dont il se souvient.

Concernant une possible erreur sur la date à laquelle il est arrivé dans le Lofa, AT a affirmé qu’il ne pouvait pas se tromper de beaucoup, parce que les ULIMO étaient déjà dans le Lofa quand lui et Alieu Kosiah sont arrivés.

Me Gianoli lui a ensuite posé plusieurs questions concernant ses blessures. AT a alors réitéré ce qu’il avait indiqué plus tôt dans la journée. Il a toutefois ajouté qu’il donnait seulement une estimation, et qu’il ne pouvait pas être très précis sur les jours, les mois et les années.

A la question de savoir qui était Kwamex Fofana, AT a indiqué qu’il le connaissait très bien et qu’il était le « director of staff » des ULIMO.

Me Gianoli a par ailleurs demandé au témoin de préciser certains évènements et certaines dates, ce à quoi AT a réitéré des propos dits précédemment. Il a ensuite été question d’autres membres ULIMO, et notamment d’Omaru Kelleh. AT a alors indiqué être resté environ un mois avec lui avant qu’Alieu Kosiah vienne le prendre. Entre autres, AT a indiqué qu’avant de partir à Klay pour s’enrôler au sein des ULIMO, il n’était pas resté longtemps avec le prévenu. Il a ensuite expliqué qu’après la capture de Todi, il n’a jamais été assigné à Todi, et qu’il était affecté à Number 7.

La Cour a ensuite demandé à AT s’il était avec Omaru Kelleh avant de devenir ULIMO. AT a de fait répondu que c’était Omaru Kelleh qui l’avait capturé, et qu’Alieu Kosiah était avec lui [Omaru Kelleh] à ce moment-là. Sur question, AT a précisé qu’il avait été pris en zone de guerre, et qu’Omaru Kelleh l’avait secouru avant que le prévenu ne le prenne avec lui.

Continuant de répondre aux questions de Me Gianoli, AT a indiqué qu’entre deux et trois mois s’étaient écoulés entre la capture de Todi et son arrivée au camp d’entraînement. Il a ensuite expliqué qu’il n’a jamais rejoint Alieu Kosiah à son domicile à Bomi Hill quand il a quitté le camp d’entraînement. Il a toutefois affirmé avoir été au domicile du prévenu à Bomi Hill lors de la scission des ULIMO.

AT a ensuite été interrogé à propos de plusieurs de ses déclarations, ce à quoi il a répondu n’avoir jamais tenu ces propos.

A la question de savoir si AT pouvait reconnaître la faction à laquelle un rebelle appartenait grâce à un ruban ou un foulard rouge que le rebelle porterait sur son arme, sur sa tête ou sur son bras, AT a indiqué que tous les rebelles faisaient ça, et qu’il ne pourrait donc pas reconnaître la faction à laquelle le rebelle en question appartient avec ce signe.

Sur question, AT a ensuite affirmé ne jamais être allé à Pasolahun, ni Botosu, ne connaissant pas ces villages, et qu’il n’était pas accompagné par M. Kosiah quand il est passé par Gonodolahun pour aller à Fassama.

Poursuivant ses réponses à Me Gianoli, AT a indiqué que le prévenu n’avait pas d’autre cicatrice que celle sur son bras, cette blessure étant la seule que M. Kosiah ait connue en sa présence. Il a par ailleurs expliqué qu’il était impossible pour un soldat ULIMO de passer la frontière guinéenne avec des armes, les soldats guinéens les fouillant au moment de passer la frontière.

Me Gianoli a ensuite interrogé AT à propos de sa connaissance de certaines personnes. Il a indiqué connaître trois des six prénoms qui lui ont été mentionnés : CO Jackson (qui était selon AT le garde du corps de Pepper & Salt), CO Sembe (soldat NPFL selon AT), et Oldman Tamba Taylor (selon AT, c’était une personne que les NPFL voulaient tuer et que les ULIMO ont sauvé en l’emmenant à Monrovia, où il est devenu membre du conseil).

AT a ensuite cité les noms des gardes du corps d’Alieu Kosiah, pour la plupart décédés durant la guerre. Il a ajouté, sur question, que Senssi Bebe était un garde du corps de Pepper & Salt et non du prévenu.

Intervention d’une partie plaignante pendant l’audition de AT

Sur question du Tribunal suite à une intervention de son avocate, la partie plaignante EBJ a répondu avoir vu et reconnu le témoin AT comme ayant été présent avec Alieu Kosiah lors d’épisodes qu’il a raconté dans sa déposition. Son avocate, Me Rienzo, a également attesté qu’EBJ avait réagi immédiatement en voyant le témoin AT. dans le hall d’entrée du tribunal, et qu’il avait déclaré que c’était un de ceux qui avaient l’habitude de venir manger chez lui.  

Me Rienzo a ensuite questionné la partie plaignante pour savoir à quel événement exactement elle associait M. AT. La partie plaignante a répondu que le témoin était présent lors du quatrième « Black Monday » lorsqu’un civil s’est fait tuer par le prévenu. Il a ajouté que le témoin était également présent lors des deux transports forcés auxquels il avait participé.. EBJ a enfin affirmé qu’il ne connaissait ni le nom, ni le surnom d’AT, mais qu’il le reconnaissait par son visage.

La Cour a ensuite demandé à AT s’il souhaitait réagir aux propos d’EBJ. AT a alors expliqué qu’il aimerait savoir à quel endroit il a tiré sur le civil, ce à quoi EBJ a réitéré l’explication qu’il a donné précédemment.

Pour conclure, AT a à nouveaux demandé à la Cour de comprendre le danger auquel il fait face en retournant au Liberia, et a ajouté qu’il préfèrerait pour sa sécurité être emprisonné avec Alieu Kosiah plutôt que de retourner au Liberia. Il a conclu en affirmant que cela relevait du devoir du gouvernement suisse d’assurer sa protection, étant celui qui l’a forcé à venir pour témoigner dans cette procédure.

Le tribunal procède à l’audition de FBK, témoin de la défense

Face au juge, FBK a déclaré que le prévenu et lui étaient amis, et qu’ils avaient fait partie de la révolution au Liberia. Il a expliqué ne pas être resté en contact téléphonique ou épistolaire avec lui après leur dernière rencontre en 1997. Il a ensuite reconnu le prévenu à son teint de peau et à ses « pop eyes ». Il a ensuite déclaré reconnaître la partie plaignante LSM, expliquant ainsi qu’il ressemble au prévenu.

Interrogé à propos de son prénom, FBK a expliqué que FBK était son prénom depuis la naissance, et qu’il a été scolarisé sous ce nom et a gardé ce nom pendant la révolution. Poursuivant ses réponses, FBK a déclaré vivre actuellement dans le Bong County et être marié.

Au sujet de ses déplacements pendant la guerre, le témoin a affirmé avoir été au Liberia en 1989, et être parti en Guinée en 1990. Il a ensuite déclaré être arrivé à Zorzor fin 1992, début 1993. Peu de temps après, après que ses amis se soient rassemblés à Zorzor, FBK s’est rendu avec eux à Voinjama, puis à Kolahun, et enfin à Foya en 1993.  Il a expliqué avoir été le S2 à Foya au sein des ULIMO en 1993. Interrogé à propos des signes distinctifs entre les soldats NPFL et les soldats ULIMO, FBK a expliqué que les deux factions ne portaient pas d’habits de couleurs différentes et ne portaient pas non plus d’armes différentes. Concernant les enfants soldats que les ULIMO auraient enrôlés, FBK a dans un premier temps déclaré qu’à sa connaissance, aucun enfant n’a été utilisé comme soldat, mais que des enfants ont été capturés comme petits garçons. Dans un second temps, FBK a expliqué qu’il y avait effectivement des « small soldiers » tant chez les NPFL que chez les ULIMO, dans leur base.

Ensuite, FBK a décrit l’ambiance à Foya entre 1993 et 1995 comme positive, expliquant que les civils collaboraient avec les ULIMO. Il a ajouté qu’une fois que les ULIMO se sont organisés à Foya, il n’y avait pas de tensions, les civils s’adressant à lui pour qu’il résolve leurs problèmes. Répondant aux questions du Tribunal, FBK a affirmé que Foya a été capturée qu’une seule fois et qu’il n’y avait pas de combats quand ils sont entrés à Foya. le commandant qui a pris Foya était Dekou. Revenant sur le comportement des soldats avec les civils, FBK a affirmé que la majorité des soldats se comportaient bien avec les civils à Foya, et que seulement quelques-uns avait un comportement « qui n’allait pas ». Il a notamment cité l’exemple suivant : après la capture de Foya, quelques transports forcés ont été réalisés, mais que des civils ont dénoncé ces transports et qu’ils ont ensuite cessé, sur ordre du commandant de la zone. FBK a ajouté que si un soldat voulait faire porter une charge à un civil,  il fallait son consentement, discuter avec lui des conditions du transport (dont le fait de recevoir ou non à boire et à manger), et enfin lui accorder une rémunération.  Si un accord était trouvé, alors les parties venaient le voir pour obtenir un « pass ».

Interrogé au sujet des pillages commis durant la première guerre civile au détriment des civils, FBK a répondu qu’il n’était pas au courant de l’existence de pillages. Il a également déclaré qu’en tant que S2, un seul cas de viol lui avait été rapporté, et qu’il n’a jamais eu connaissance ni vu des soldats manger des parties de corps humain durant la guerre civile. Le témoin a ensuite indiqué connaître la méthode du « tabé », mais ne jamais avoir vu quelqu’un attaché de la sorte devant lui.

En réponse à une question du Tribunal, le témoin a déclaré n’avoir jamais entendu parler Black Friday ni du Black Monday..  

Il a indiqué au président avoir rencontré Alieu Kosiah pour la première fois en 1994 à Foya, et qu’il l’avait côtoyé pendant la première guerre civile, tout en précisant qu’il n’était pas affecté à Foya à ce moment-là, et qu’il faisait simplement des allers-retours de temps en temps. Il a ajouté que le prévenu faisait partie de l’état-major ULIMO du bataillon à Voinjama, sous les ordres du commandant « Pepper », sans toutefois pouvoir donner son rang. Il a cependant expliqué que le prévenu devait être commandant de régiment entre 1994 et 1995 à Zorzor et Voinjama. FBK a ensuite déclaré avoir connu M. Kunti à Foya, et a ajouté que ce dernier était « battle front commander » au cours de la capture de Foya, et qu’il n’était en revanche pas « battle front commander » pour toutes les opérations militaires des ULIMO. Il a précisé que M. Kosiah était hiérarchiquement supérieur à M. Kunti.

A la question de savoir si M. Kunti donnait des ordres à des soldats ou à des civils durant la guerre, FBK a répondu qu’il ne savait pas.

Sur question du Tribunal, le témoin a affirmé ne pas connaître la partie plaignante LSM, ni sa cousine. Il a par ailleurs confirmé avoir eu deux petites amies durant la guerre, Big Sia et Small Sia.

Sur question du Tribunal, la partie plaignante LSM a affirmé reconnaître FBK, et a ajouté que ce dernier était le petit ami de sa couine.

Poursuivant ses réponses au Tribunal, FBK a déclaré ne pas être au courant ni témoin de mauvais traitements ou de violences infligés à des civils à Foya par Alieu Kosiah. Il a ajouté ne pas avoir non plus connaissance d’un ou plusieurs évènements impliquant à la fois le prévenu et LSM durant la première guerre civile.

Au sujet de la plainte pénale déposée par LSM contre M. Kosiah, pour avoir, en juillet 1993, à Foya, ordonné le traitement cruel de sept civil, FBK a déclaré que ces faits ne lui évoquaient rien, et qu’il n’était pas au courant de ceux-ci. Il a, par la suite, indiqué avoir été à Foya en 1993 au moment où les civils auraient été maltraités.

Le Tribunal lui a ensuite demandé s’il était déjà intervenu pour empêcher le meurtre de civils, ce à quoi il a répondu qu’il a vu passer « tellement de cas au bureau du S2 », et qu’il ne connaissait pas toutes les personnes en faveur de qui il a parlé.

Concernant les déclarations de certaines personnes, selon lesquelles, en 1993, FBK serait intervenu auprès des soldats ULIMO en leur disant qu’il ne fallait pas tuer des civils qui étaient sur la place du marché à Foya, même si c’étaient des rebelles ; FBK a raconté qu’après la capture de Foya, beaucoup de soldats NPFL se sont rendus, et qu’il a parlé en la faveur de beaucoup d’entre eux. Ces soldats se sont ensuite intégrés aux ULIMO et ont vécu avec eux. Il a ainsi expliqué qu’il ne se rappelait pas de tous les noms des personnes qu’il a aidées, mais que la plupart du temps, eux se souviennent de lui. Il a conclu en affirmant n’avoir jamais pris connaissance du meurtre de ces civils sur la place du marché, et a réitéré ne jamais avoir eu connaissance de mauvais traitements infligés aux civils.

Sur question du Tribunal concernant le coup de couteau assené à la partie plaignante LSM, le témoin a réitéré ne pas connaitre LSM, et a expliqué que certains soldats avaient en effet un « comportement mitigé » mais qu’il les arrêtait avant qu’ils ne commettent des actes graves, et a affirmé qu’Alieu Kosiah n’a jamais eu de « comportement mitigé ».  Concernant le fait que quelques semaines après avoir reçu le coup de couteau, FBK aurait confié à LSM l’auteur de ce coup ; FBK a expliqué qu’ils étaient nombreux à Foya, et qu’un certain Talata Sherif harcelait parfois les civils et qu’il devait de fait l’empêcher d’harceler les civils, et a ajouté qu’en aucun cas M. Kosiah a été à l’origine de mauvais traitements, ni de ce coup de couteau. Il a conclu en affirmant être sûr du fait qu’il ne se souvient pas d’avoir indiqué à LSM que le prévenu était l’auteur de ce coup.

De plus, interrogé au sujet des civils qui ont été tués sur la place du marché puis jetés dans le puits de la place, FBK a affirmé qu’Alieu Kosiah n’était pas là au moment des évènements, et a ajouté ne jamais avoir entendu parler de l’épisode du puits. FBK a ensuite précisé qu’au moment des faits, M. Kosiah était à Zorzor ou à Voinjama, et qu’il est arrivé à Foya en 1994 ou plus tard. Il a indiqué être sûr de lui.

Le Tribunal a ensuite demandé à FBK s’il pensait qu’il courait un certain danger en répondant à certaines des questions posées ci-dessus. FBK a répondu qu’Alieu Kosiah n’est pas celui qui a infligé des mauvais traitements aux civils, et qu’il se souvenait seulement de certains mauvais traitements infligés par Talata Sherif. Il a ajouté que lorsque Talata Sherif s’en prenait aux civils, les civils se plaignaient à son bureau pour résoudre le problème.

Poursuivant ses réponses au Tribunal, FBK a affirmé qu’il n’est jamais allé dans les maisons de civils avec des soldats ULIMO, deux semaines après l’évènement du coup de couteau, afin de chercher des civils capables de transporter des denrées depuis Foya jusqu’à la frontière. FBK a aussi déclaré ne pas se souvenir d’être allé avec LSM au quartier général des ULIMO où se trouvaient les marchandises. De plus, le témoin ignore également tout transport forcé organisé par M. Kosiah. Il a cependant déclaré se souvenir d’un transport de marchandises organisé par des ULIMO entre Foya et la frontière guinéenne. Il a ensuite réitéré le fonctionnement de ces transports : lorsqu’un soldat voulait organiser un transport, il devait se mettre d’accord des conditions du transport avec le « commissioner » avant de venir à son bureau et de se faire délivrer un « pass ».

FBK a également déclaré se souvenir d’un transport de café et de cacao entre Foya et Solomba. FBK a expliqué que ce transport était le fruit d’un arrangement entre les civils et le « commissioner », et que les civils étaient payés à la frontière guinéenne pour réaliser ce transport. Dans le cas où les soldats ne rémunéraient pas les civils, ces derniers se rendaient à son bureau pour qu’il s’assure qu’ils soient payés. Il a ensuite expliqué que si les civils avaient été maltraités durant la route, ils pouvaient venir à son bureau pour qu’une enquête soit lancée. Il a conclu en affirmant ne pas savoir si les civils ont ou non été maltraités.

A la question de savoir pourquoi ces marchandises étaient transportées en Guinée, FBK a répondu que Foya était une région commerciale, et que des personnes achetaient ces marchandises à la frontière. Il a expliqué que la marchandise qui était revendue à la frontière guinéenne avait été achetée à Kolahun. L’argent utilisé pour acheter les marchandises à Kolahun, en ce qui le concerne, provenait de sa femme qui « faisait des affaires au marché des affaires ». Il a ajouté qu’il ne savait pas comment les autres soldats ULIMO « vivaient leur vie ».

 Concernant la centrale électrique de Foya, FBK a indiqué ne pas avoir connaissance de son pillage. Il a ensuite déclaré ne pas savoir qui des ULIMO ou des NPFL étaient à l’origine de cela. Il a ajouté avoir vu la « power house », et que la centrale ne fonctionnait pas quand il était à Foya. Il a déclaré ne pas savoir si la centrale fonctionnait avant la guerre.

Le témoin a déclaré n’avoir jamais entendu parler du meurtre de DN à Foya, ni de ce dernier, ajoutant ainsi que c’était la première fois qu’il entendait ce nom. A la question de savoir s’il avait entendu parler du meurtre d’un individu à Foya en 1993 dont on aurait mangé le cœur, FBK a répondu avoir en effet entendu parler du meurtre d’un individu cette année-là. Répondant aux questions du Tribunal, FBK a affirmé que le meurtre en question ne s’est pas déroulé sur « l’ airstrip » de Foya. FBK a ensuite précisé ne pas savoir si son cœur a été mangé ou non. Puis, il a expliqué que des civils lui ont raconté à son bureau l’évènement du meurtre : les civils lui ont raconté qu’une personne a été tuée puis son corps avait été découpé et les morceaux avaient été entassés dans une brouette. FBK a poursuivi en racontant qu’il a immédiatement réagi et qu’il a, par conséquent, envoyé des personnes à travers la ville qui ont arrêté le responsable du crime. Il a affirmé ne pas se souvenir si Alieu Kosiah était là au moment des faits.

Interrogé en détail sur les circonstances du crime, FBK a expliqué que le responsable de cette action était le soldat Mami Wata, et que les personnes qu’il avait tuées étaient des ennemis qui avaient été capturés mais qui vivaient avec les ULIMO, et cela ne lui convenait pas. De plus, Mami Wata accusait le groupe dont ces soldats faisaient partie de tuer les siens, les ULIMO. De plus, aux raisons évoquées précédemment s’ajoutait également le décès récent de son frère. FBK a ensuite ajouté qu’après le meurtre, le commandant de la zone, soit M. Dekou, l’a fait arrêter avant de l’envoyer à Voinjama. FBK a ensuite rappelé que la loi imposait aux ULIMO de protéger les soldats ennemis qu’ils avaient capturés. FBK a conclu en affirmant que celui-ci est le seul meurtre qu’il y a eu, à sa connaissance, durant la guerre.

Le témoin a indiqué avoir été contacté en premier par le Tribunal, il y a deux ou trois ans. FBK a affirmé qu’avant l’appel de la Cour, personne ne l’a contacté pour lui proposer de venir témoigner. FBK a précisé qu’il avait d’abord répondu à la Cour qu’il n’était pas intéressé à venir témoigner, mais qu’après de nombreux appels et d’insistance de leur part, et surtout après avoir reçu un appel de Mohammed Kosiah (le frère du prévenu), il a accepté de venir témoigner.

A la question de savoir s’il a fait l’objet de menaces ou d’intimidations en lien avec son témoignage dans cette procédure, FBK a indiqué que personne ne l’a menacé. Il a ajouté n’avoir même pas su quel était le contenu de l’affaire pour laquelle il venait en tant que témoin. De plus, FBK a expliqué qu’il avait eu un contact avec d’autres soldats ULIMO avant de venir témoigner, et que ceux-ci lui ont dit de faire « très attention », ce à quoi FBK leur a répondu qu’il venait simplement témoigner de ce qu’il savait de la guerre. 

Revenant au contenu de l’appel avec Mohammed Kosiah, FBK a  expliqué que ce dernier avait transmis ses coordonnées à la Cour, qu’il ne lui a donné aucune indication concernant ce qu’il devait dire ou non devant le Tribunal, et qu’il l’avait seulement supplié de venir.

Par la suite, FBK a indiqué avoir mentionné le nom de quelqu’un lorsqu’il était interrogé à propos des évènements à Foya dans ses réponses, et craindre que ce quelqu’un le dénonce auprès de cette personne ; cette affaire ayant une résonnance mondiale.

Enfin, à propos du plaignant KK, FBK a indiqué qu’il ressemblait à quelqu’un qu’il connaissait, et a ajouté qu’il n’était pas sûr si c’était lui « le gars dont on parle à propos de Kunti ».

Sur questions de la Cour à KK

KK a affirmé ne pas connaître FBK. FBK a indiqué être arrivé hier dans la soirée et qu’il ne savait pas s’il repartait le lendemain matin.

Sur questions du MPC

Le témoin a indiqué être d’ethnie mandingo. Il a affirmé qu’il connaissait le surnom du prévenu, « Physical Cash », mais ignore sa signification. FBK a ajouté qu’à l’époque de la guerre il s’adressait à Alieu Kosiah par son nom et prénom.

Au sujet du terme « Headquarter and Headquarter », FBK a indiqué que cela désignait le quartier général, le lieu où les soldats se regroupent. A propos de Kaké, FBK a indiqué que c’était un homme d’affaires guinéen. Il a ajouté ne pas savoir si cet homme faisait des affaires avec les ULIMO, et a toutefois précisé qu’il savait seulement que Kaké achetait le café que les civils transportaient.

Sur questions de Me Werner

Interrogé au sujet du nom du « commissioner » qu’il a cité à plusieurs reprises, FBK a indiqué ne pas s’en souvenir. Il a ajouté que le « commissioner » en question n’a pas été nommé par les ULIMO.

Me Werner a ensuite demandé à FBK s’il connaissait Eric Pongey, Kotio (quelqu’un qui aurait été dans son bureau à Foya), Duke et DU, ce à quoi FBK a répondu par la négative.

Concernant l’origine des biens transportés lors des transports forcés, FBK a indiqué ne pas savoir d’où ces biens provenaient.

Par ailleurs, à la question de savoir si les installations suivantes, soit la Borma Mission, la Ndofawor Farmer Cooperation et le pressoir à huile ont été pillés, FBK a répondu qu’il n’en savait rien.

Poursuivant ses réponses à Me Werner, FBK a indiqué que le surnom de Talata Sherif était Ugly Boy et que la population kissi lui avait donné un nom en Kissi, soit Saah Chuey. De plus, FBK a ajouté ne pas savoir ce que signifiait Chuey en kissi. De fait, avant de lui demander pourquoi Talata Sherif avait ce surnom, Me Werner a indiqué à FBK que, selon ses mandants, Chuey signifiait hache. FBK a alors répondu ne pas savoir pourquoi il avait ce surnom.

Quant au fait de savoir si Mami Wata a mis un ou plusieurs soldats NPFL dans une brouette, FBK a expliqué que les ULIMO avaient sous leur contrôle deux ennemis qui avaient été capturés, et que Mami Wata avait tué l’un des deux. Au sujet des déclarations du témoin AT, affirmant que dans la brouette se trouvaient en réalité les corps de plusieurs civils, FBK a répondu ne pas connaître AT, et ne pas se souvenir d’avoir fait le trajet avec lui.

Me Werner a ensuite interrogé FBK à propos de plusieurs écrits et rapports dans la presse. Tout d’abord, Me Werner a interrogé FBK au sujet d’un rapport de Médecins Sans Frontières (MSF), dans lequel sont décrites les pratiques des ULIMO telles que les transports forcés ou encore les villages entiers réduits en esclavage. FBK a répondu connaître MSF, et a ajouté qu’à sa connaissance, MSF n’était pas dans sa zone de contrôle à Foya. Il a ensuite expliqué ne pas comprendre le contenu du rapport de MSF.

Ensuite, Me Werner a cité à FBK une dépêche d’Agence France Presse (AFP) datant du 12 novembre 1993, dans laquelle il est mentionné que les ULIMO ont reconnu avoir commis des atrocités dans la région de Foya à l’encontre de la tribu Kissi, et notamment les meurtres de masse commis. FBK a déclaré ne pas connaître l’AFP, et ne pas savoir ce qu’AFP évoque dans son article.

Enfin, Me Werner a évoqué un article du Monrovia Daily News, du 14 octobre 1993, dans lequel se trouve une liste de citoyens de Foya qui ont été tués à cette époque par les ULIMO, faite par un révérend à Monrovia. FBK a indiqué connaître ce journal, et a ajouté ne pas savoir si l’une ou plusieurs de ces personnes ont effectivement été assassinées à Foya par les ULIMO en 1993.

Interrogé à propos du rapport de la police fédérale suisse concluant que des pillages, des actes de torture, de terreur, de sauvagerie, de cannibalisme et de violences sexuelles ont été commis de façon répandue par les ULIMO, FBK a répondu qu’il ne savait pas si de tels actes avaient été commis. Il a ajouté que, n’étant pas à Foya de 1993 à 1996, il pouvait seulement parler de ce qu’il savait.

Finalement, FBK a affirmé qu’il n’avait pas connaissance de la liste répertoriant le nombre de massacres commis par district, et ne pas avoir connaissance du fait que 45 civils auraient été tués à Foya, en 1993, par les ULIMO.

Sur questions de Me Jakob

Me Jakob a d’abord demandé à FBK s’il se souvenait de noms de soldats ou commandants ULIMO stationnés à Foya qui n’auraient pas été encore mentionnés, et plus généralement s’il se souvenait de noms de soldats basés à Foya à l’époque. FBK a répondu que seulement Dekou était commandant à Foya à l’époque, et qu’il ne se souvenait pas d’autres noms de soldats.

Me Jakob a ensuite mentionné quelques noms, en demandant à FBK s’il connaissait ces personnes, ce à quoi FBK a répondu par la négative.

Sur questions de Me Gianoli

FBK a raconté qu’après la capture de Foya par les ULIMO, la vie n’était « pas trop mal », les combats ayant cessés quand ils sont arrivés à Foya. Concernant le cas de viol, le témoin a précisé qu’il s’agissait d’un civil et non pas d’un soldat, et que ce dernier a été puni.

Me Gianoli a ensuite interrogé FBK à propos de la scission entre les ULIMO-J et ULIMO-K et de sa première rencontre avec M. Kosiah. FBK a affirmé avoir entendu parler de la scission, sans toutefois pouvoir dire quand est-ce qu’elle a eu lieu. Il a ajouté avoir rencontré le prévenu pour la première fois avant la scission.

Poursuivant ses réponses à Me Gianoli, FBK a expliqué que les soldats accompagnaient les transports de marchandises, et notamment les femmes, parce qu’elles risquaient de se faire prendre en embuscade et de se faire voler leurs marchandises.

Me Gianoli a ensuite posé plusieurs questions à FBK à propos de Kaké. FBK a indiqué qu’il ne l’a pas vu à Foya même et qu’il ne savait pas pourquoi. Il a ajouté ne pas savoir de quelle ethnie il était, en précisant toutefois qu’il était guinéen et que son nom n’était pas un nom mandingo du Liberia.

Par ailleurs, sur question de Me Gianoli, FBK a indiqué ne pas savoir ce que signifiait ULC Camp.

Continuant à répondre aux questions de Me Gianoli, FBK a affirmé n’être jamais allé à Bomi avant la scission des ULIMO, et qu’il ne lui est jamais arrivé, après la scission, lorsqu’il était en poste à Foya, de se rendre à Tubmanburg. Il a également affirmé ne jamais être allé au marché de Foya à Combo.

Me Gianoli a ensuite demandé à FBK que venait faire Alieu Kosiah lorsqu’il venait à Foya, et s’il avait un véhicule quand il venait. FBK a expliqué que le prévenu était la plupart du temps au quartier général, où se trouvait également Dekou, mais qu’il ne savait pas quel était le but de sa venue. Il a ensuite affirmé qu’il ne venait pas de Voinjama avec une moto, mais avec un véhicule de type pick-up ou Jeep, sans toutefois savoir si ce véhicule lui appartenait ou non. Il a ajouté ne pas savoir où est-ce que le prévenu vivait lorsqu’il venait à Foya, ne sachant « pas grand-chose » sur lui.

Ensuite, Me Gianoli a posé des questions d’ordre personnel à FBK,  en particulier sur sa famille, son origine, ses voyages. FBK a indiqué qu’il avait un frère qui est décédé au Nigéria, avant l’année 2020. Il a ajouté n’avoir aucun lien de quelconque sorte avec le Togo, et ne pas y être allé avant le 7 janvier 2020.

Sur question de Me Gianoli, FBK a affirmé connaître le marché de Foya, mais de ne pas se souvenir d’un puits. Il a également expliqué que la pompe du marché de Foya se trouvait à côté de la clinique se situant proche du marché.

FBK a ensuite décrit, comme demandé par Me Gianoli, le chemin emprunté pour se rendre à la rivière qui se situe à Solomba, à la frontière guinéenne. FBK a expliqué qu’une fois à la rivière, le seul moyen possible pour faire transiter les marchandises était via un canoë en bois qui se trouvait à la rivière, et qu’il était impossible de faire traverser des véhicules à cet endroit.

Me Gianoli a ensuite donné plusieurs noms à FBK, en lui demandant ce qu’il pouvait dire sur chacun d’entre eux. Parmi les personnes mentionnées, FBK a indiqué connaître TT, et a ajouté que c’était l’un des hommes les plus âgés à Foya, et que les NPFL l’ont emmené avec eux dans la brousse afin de fuir quand les ULIMO sont arrivés à Foya. Il a poursuivi en expliquant que les ULIMO l’ont cherché partout dans la brousse, en vain ; et que TT et son groupe sont finalement revenus vivre à Foya. TT serait ensuite parti à Monrovia et revenu quelques temps plus tard à Foya.

Poursuivant ses réponses à Me Gianoli, FBK a expliqué que si deux commandants comme M. Kosiah et M. Kunti avaient voulu tuer un civil, il aurait pu s’opposer à une telle décision. Il a ajouté que cela arrivait souvent, et qu’il parlait régulièrement en leur faveur pour qu’ils ne soient pas tués.

Concernant les marchés dans le Lofa, FBK a indiqué qu’il y avait un marché à Kolahun, à Voinjama et à Massabolahun, et que des véhicules transportaient les marchandises d’un marché à un autre. FBK a ajouté que les ULIMO avaient également des véhicules qui venaient du quartier général, et qu’ils se servaient, entre autres, de ces véhicules pour réaliser des transports de munitions.

Au sujet du terme « Dingo », FBK a expliqué que ce terme courant au Liberia était utilisé pour désigner les mandingo, et que parfois ce terme est considéré comme une insulte.

Enfin, à propos de la personne à qui il devait rendre des rapports lorsqu’il était S2 à Foya, FBK a expliqué qu’il rendait ses rapports au commandant des S2 à Voinjama, et qu’une copie était envoyée à « l’area commander ».

Me Werner est ensuite intervenu afin d’obtenir davantage de précisions concernant la recherche qu’ont entrepris les ULIMO pour retrouver TT dans la brousse. FBK a de fait confirmé le fait que les ULIMO ont envoyé des kissis dans la brousse pour retrouver TT en espérant qu’ils sachent où il se trouvait.

Me Jakob a conclu l’audition de FBK en lui demandant s’il se souvenait du nom complet et de la profession de ses deux petites amies à Foya, ce à quoi FBK a répondu qu’il connaissait seulement leur prénom, et nom leur nom, tout en précisant que c’étaient des femmes d’affaires.

Finalement, sur question de la Cour, FBK n’a rien souhaité ajouter à ses réponses données tout au long de l’audition.