Merci de la part de Civitas Maxima et récapitulation de 2019

Chers amis,

Nous aimerions partager avec vous les points forts de 2019 et profiter de cette occasion pour vous remercier de votre précieux soutien.

Février : En partenariat avec FLOMO Theatre Inc, une compagnie de théâtre indépendante libérienne, Civitas Maxima et le Global Justice and Research Project (GJRP) ont parcouru différentes régions du Liberia pour informer du fait que des procès de personnes responsables de crimes liés aux guerres civiles se déroulent à l’étranger. Ce travail d’information et de sensibilisation visait à faire en sorte que les populations locales et les victimes directes de crimes internationaux aient accès à des informations impartiales et fiables sur ces procès extraterritoriaux. Pour de nombreuses communautés, c’était la première fois depuis la fin des guerres civiles qu’elles se réunissaient pour discuter du besoin de justice pour les crimes commis durant la guerre. Grâce à ce travail, nous estimons à 3000 le nombre de libériens qui ont pu être ainsi directement informés.

Mars : Le Festival du film et forum international sur les droits humains (FIFDH), le principal événement international consacré au cinéma et aux droits de l’homme, a accueilli “Without Justice our Wounds Cannot be Healed - Liberia’s Quest for Justice”, une exposition présentant les efforts de jeunes artistes libériens qui se sont engagés dans nos projets par le dessin et les bandes dessinées en 2018. Ces dessins illustrent la façon dont les conflits sont un fardeau porté de génération en génération, surtout à la suite de guerres pour lesquelles personne n’a été tenu responsable des crimes commis.

Le Ministère public de la Confédération (MPC) a formellement mis en accusation Alieu Kosiah au terme d’une longue enquête après avoir été arrêté en Suisse en 2014, pour son implication dans la première guerre civile libérienne (1989-1996). Les victimes interrogées au cours de l’enquête menée par les autorités suisses impliquent Alieu Kosiah dans la commission, ou en sa qualité de donneur d’ordre, d’actes de violence sexuelle, de meurtres, de cannibalisme, de recrutement d’enfants soldats, de pillages, d’avoir forcé des civils à transporter des biens pillés et des munitions, et à travailler dans des conditions cruelles.

Avril : Alain Werner, Directeur et fondateur de Civitas Maxima, a reçu “le prix Bâtonnier Michel Halpérin de l’Excellence” de l’Ordre des avocats de Genève. Ce prix rend hommage à sa carrière et à son engagement indéfectible en faveur des victimes de crimes de masse.

Juin : Au printemps 2019, les autorités françaises et libériennes ont collaboré lors d’une mission d’enquête dans le cadre de la procédure engagée en France après l’arrestation de Kunti K, un commandant impliqué dans la première guerre civile libérienne. C’est la première fois depuis la fin de la deuxième guerre civile libérienne en 2003 que les autorités libériennes, associées à des autorités étrangères, procédaient à des reconstitutions de scènes de crime liées à des crimes de guerre.

Juillet : Le 18 et le 19 juillet 2019, diverses parties prenantes libériennes et des experts internationaux se sont réunis à Monrovia pour une conférence législative historique sur le besoin d’établir les responsabilité pour les crimes commis au Liberia. La conférence législative a été organisée en collaboration avec l’Université de Nottingham (Royaume- Uni), le Secrétariat pour la création d’un tribunal pour crimes de guerre au Liberia (SEWACCOL), le Global and Justice Research Project (GJRP) et Civitas Maxima, à la demande de plusieurs commissions de la Chambre des représentants du Parlement libérien. Pour la première fois depuis la publication du rapport de la Commission vérité et réconciliation en 2009, des membres du Parlement se réunissaient ainsi pour discuter du besoin d’établir les responsabilités de chacun à l’égard des crimes liés aux guerres au Liberia. Les aspects pratiques liés à la création d’un tribunal pour crimes de guerre ont également été débattus.

Septembre : Kunti K., arrêté en septembre 2018 pour sa participation présumée à des crimes contre l’humanité commis pendant la première guerre civile au Liberia (1989-1996), a été libéré en raison d’un vice de procédure. Malgré ce développement inattendu, l’affaire n’a pas été classée et les enquêtes sont toujours en cours. Kunti K. est soumis à des conditions régissant sa mise en liberté et il lui est interdit de quitter le territoire français.

Octobre : Civitas Maxima a finalisé et lancé avec succès un Cercle pour les donateurs privés qui soutiennent le travail de l’organisation. En raison de la nature même de notre travail, il est fondamental pour Civitas Maxima de rester indépendante et de ne pas accepter de fonds de gouvernements. Ce Cercle des amis permet à Civitas Maxima de poursuivre ses activités, tout en restant véritablement indépendante.

Novembre : La date du procès d’Alieu Kosiah a été fixée. Il débutera le 14 avril et se terminera le 30 avril 2020. Le procès se tiendra à Bellinzone, au Tribunal pénal fédéral suisse. Il s’agit d’un procès historique, car c’est la toute première fois qu’un criminel de guerre présumé est jugé par le Tribunal pénal fédéral suisse. Alain Werner - Directeur de Civitas Maxima - et Romain Wavre - conseiller juridique - représenteront plusieurs victimes dans ce procès historique.

Décembre : La Cour centrale criminelle de Londres (Central Criminal Court) a décidé qu’Agnes Taylor – ex-femme de Charles Taylor, ancien président du Liberia et dirigeant de la NPFL, condamné à 50 ans de prison – qui était inculpée de sept chefs d’accusation de torture et d’un chef de complot en vue de commettre des actes de torture en rapport avec son implication au sein du NPFL pendant la première guerre civile au Liberia, ne sera pas jugée en l’état au Royaume-Uni. Comme expliqué dans un communiqué de presse publié par Civitas Maxima et le GJRP, il existe néanmoins des éléments de preuve prima facie contre Agnes Taylor pour actes de torture, mais la Cour centrale criminelle a néanmoins conclu que le Ministère public de la Couronne (Crown Prosecution Service, CSP) du Royaume-Uni n’a pas réussi à fournir des preuves suffisantes concernant un critère légal et a en conséquence rejeté la procédure. Il reste à voir si CPS tentera de retourner devant un tribunal pour apporter la preuve manquante sur le critère légal.

De plus, tout au long de l’année et en collaboration avec notre organisation sœur - le GJRP - nous avons facilité en 2019 environ 14 semaines de missions d’enquête sur les crimes liés aux guerres au Liberia. Ces missions ont été effectuées par 5 autorités de poursuite pénale de différents pays.

Tout ce travail ne serait pas possible sans votre confiance et votre soutien dévoué. Pour cela, nous vous exprimons notre plus sincère gratitude et nous nous réjouissons de l’année 2020 avec impatience.

Meilleurs vœux,

L’équipe de Civitas Maxima

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