25/02/21 (Liberia) Neuvième jour : Audition des témoins n°4, 5 et 6
Le neuvième jour d’audience publique a repris le 25 février 2021 à Monrovia, au Libéria.
Audition du témoin n°4
(Identification assignée par le tribunal finlandais: Civil 37)
L'Accusation interroge le témoin n°4
Le quatrième témoin a déclaré que pendant la crise, ils allaient généralement chercher de la nourriture et vendaient des marchandises. Ils étaient allés à Waterside, où un magasin de biscuits était en train d'être pillé. Il y avait beaucoup de personnes là-bas, sa sœur [FNM-001], [FNM-049] et [FNM-046], elles essayaient toutes de trouver de la nourriture pour leur famille. Après le pillage du magasin, un groupe de soldats était venu et le témoin a déclaré que leur commandant avait dit qu'il était« l'Ange Gabriel, je peux amener les gens à Dieu »et qu'il avait menacé de tuer tout le monde. Ils les ont emmenés à leurs bureaux, près du pont, où les soldats ont commencé à les battre. Le quatrième témoin a déclaré qu'elle avait encore des bleus partout et que si elle se déshabillait, la Cour pourrait les voir.
Le témoin a raconté comment sa sœur [FNM-001] avait été emmenée par l’Ange Gabriel dans une pièce pour y être violée. Lorsqu'elle a résisté, il a dit à ses hommes« vous prenez la sa**** de la file et faites lui son compte ».Quand les soldats ont commencé à leur tirer dessus, un autre groupe de l'autre côté du pont a commencé à tirer, et les gens ont commencé à courir, à se disperser, ne sachant pas où aller.
Revenant à sa précédente déclaration, le témoin a précisé qu'elle n'était pas dans le magasin, et que peu après les soldats étaient arrivés : c'est alors qu'elle avait vu le commandant pour la première fois. Même si les gens l'appelaient Gabriel Massaquoi, il se présentait comme l'Ange Massaquoi, l'ange qui pouvait conduire les gens à Dieu. Le témoin a raconté qu'il n'y avait pas eu de fusillade avant l'arrivée des soldats. Elle a été capturée près du magasin, et tous les gens qui s'y trouvaient ont été capturés également - il y avait trop de personnes pour qu'elle se souvienne du nombre exact, elle ne pouvait se souvenir que des personnes avec lesquelles elle y était initialement allée.
Le témoin a poursuivi en disant qu'elle avait été emmenée à la base des soldats, un petit bâtiment de l'autre côté du pont. Elle y a été transportée, et c'est là qu'ils ont été battus par les soldats. Le quatrième témoin a expliqué que le commandant voulait emmener sa sœur [FNM-001] dans une autre pièce. Lorsqu'elle a résisté, il a dit à ses soldats de la prendre et de la tuer - le témoin l'a entendu donner l'ordre lui-même. Le témoin a également ajouté qu'elle avait elle-même été violée.
Le quatrième témoin a expliqué qu'elle a vu sa sœur être emmenée dehors, c'est alors qu'un autre groupe de soldats était venu tirer sur le pont. Le témoin ne pouvait pas vraiment dire s'il s'agissait d'un autre groupe armé, elle était trop effrayée. Elle ne s'est pas retournée après le meurtre, elle avait trop peur et elle pleurait. Le témoin n'était pas sur les lieux lorsque sa sœur a été tuée, mais elle a entendu un coup de feu. Elle a ajouté que des amis étaient présents sur les lieux et lui avait dit que sa soeur [FNM-001] avait été tuée - elle n'a plus jamais revu sa sœur après cela.
L'Accusation a voulu savoir qui avait été témoin du meurtre de sa sœur, ce à quoi le témoin a répondu que c'était [FNM-046], mais que d'autres personnes lui en avaient également parlé.
Le quatrième témoin a déclaré avoir vu le commandant porter une arme, mais elle ne savait pas quel genre. Elle a répété que c'était la première fois qu'elle le voyait, et qu'il avait un accent sierra-léonais, il ne parlait pas comme un Libérien. Elle a dit qu'elle ne pouvait pas vraiment dire en quelle année cela s'était passé, cela aurait pu être entre 1991 et 2001.
Le témoin a décrit qu'il y avait beaucoup de soldats à Monrovia à cette époque, surtout dans le centre-ville. Elle a expliqué que les soldats étaient issus de différents groupes : les forces gouvernementales, les Liberians United for Reconciliation and Democracy - Libériens unis pour la réconciliation et la démocratie (LURD), le Movement for Democracy in Liberia - Mouvement pour la démocratie au Libéria (MODEL), et d'autres encore. Le témoin n’a pas pu dire quel groupe l'avait capturée.
Lorsqu'on lui a demandé comment elle était entrée en contact avec la police finlandaise, le témoin a répondu que [l'employé 1] l'avait appelée un jour, car [FNM-046] lui avait donné son numéro, et il lui avait demandé si elle savait ce qui s'était passé à Waterside. Lorsqu'elle a répondu par l'affirmative, il lui a dit que des blancs étaient là et qu'il voulait en discuter avec elle. Elle n'a pas parlé de l'incident à [l'employé 1], et n'a jamais donné de détails sur la mort de sa sœur à qui que ce soit.
La Défense interroge le témoin n°4
Le quatrième témoin a déclaré qu'elle ne se souvenait pas de l'année exacte de l'incident en raison de la guerre qui avait lieu à Monrovia. Doe et Taylor, les forces gouvernementales et rebelles, se battaient déjà en 1990. Elle a précisé que les rebelles étaient alors appelés combattants de la liberté. Le témoin a expliqué qu'en 1990, ils avaient également connu la Première Guerre mondiale, la Seconde Guerre mondiale et la Troisième Guerre mondiale. Interrogée par la Défense, le témoin a déclaré qu'elle pensait que la Troisième Guerre mondiale avait eu lieu en 1990, mais qu'elle n'en était pas sûre car elle se faisait vieille.
La situation était mauvaise au moment où le magasin de biscuits avait été pillé, mais ils étaient quand même sortis chercher de la nourriture parce qu'ils ne voulaient pas mourir de faim. Bien qu'il y ait eu des tirs de l'autre côté du pont, il n'y en avait pas eu sur Waterside, et elle avait atteint le pont depuis Johanssen. Le témoin a déclaré qu'il n'y avait pas de nourriture à cause de la guerre, il n'y avait pas de libre circulation : Monrovia n'était pas assiégée, mais les combats faisaient rage dans le centre.
Le témoin a déclaré qu'elle n'avait pas connaissance de la Commission Vérité et Réconciliation (CVR). Elle a expliqué avoir entendu de nombreux « drôles de noms » utilisés par les soldats lorsqu'elle était près du pont, comme « Kill The Dog » (Tue le chien) et « Town Devil » (Diable de la ville). La Défense lui a demandé si le seul vrai nom qu'elle avait entendu était Massaquoi, et le témoin a déclaré qu'il s’était lui-même appelé « Ange Gabriel »et avait dit qu'il pouvait amener les gens à Dieu. Selon la Défense, sur l'enregistrement de l’audition, le témoin avait également parlé de personnes appelées « Dirty Water » (Eau sale) et et « Spirit » (Esprit); le témoin a déclaré qu'elle n'en avait pas parlé à l'audience parce qu'elle ne s'en souvenait pas. Cependant, elle a déclaré que tout le monde présent connaissait leurs noms,
Le quatrième témoin a déclaré que Gabriel Massaquoi était un nom que les gens connaissaient, et qu'il disait son nomwhen « quand il était sur le point de faire du mal ».Elle avait parlé de lui à d'autres personnes parce que sa sœur était la seule personne qu'elle avait en ce monde.
La Défense a voulu revenir sur la question des noms des soldats, et a demandé si « Country Devil » (Diable du pays), « Kill The Dog » (Tue le chien), « Spirit » (Esprit) et « Dirty Water » (Eau sale) étaient présents lorsque sa sœur avait été tuée - le témoin a confirmé que c'étaient les principales personnes qui les avaient emmenés au bureau.
Le témoin n'était pas certaine d'avoir déclaré qu'elle était née en 1976, mais elle a ensuite rectifié pour 1974. Son âge n'a pas été vérifié lors de l'entretien, elle connaissait l'année car sa mère le lui avait dit. Au début, elle ne se souvenait pas de l'âge qu'elle avait lorsque sa sœur avait été tuée, mais la Défense lui a rappelé que dans l'enregistrement, elle avait déclaré avoir 19 ans - ce que le témoin a confirmé, car elle vivait encore avec sa sœur à l'époque. Elle a déclaré que sa sœur [FNM-001] était une femme adulte, et bien plus âgée qu'elle - mais qu'elle ne se souvenait pas de son âge. La Défense lui a rappelé que dans l'enregistrement, elle avait dit que [FNM-001] n'avait que trois ans de plus qu'elle. Le quatrième témoin a déclaré qu'elle avait dit cela parce qu'elle l'avait écrit sur son téléphone, qu'elle avait perdu. Le témoin avait également une photo de sa sœur sur ce téléphone.
Dernières questions au témoin n°4
A la demande de l'Accusation, le témoin a déclaré que Charles Taylor était président au moment où l'incident s'était produit. Elle avait initialement déclaré à la police que les événements s'étaient produits en 2002, mais elle s’est rappelée qu'ils avaient eu lieu en 2001, et s'est corrigée. Elle ne se souvient pas quand Charles Taylor est devenu président et quand il est parti, mais elle est sûre qu'il était président au moment de l'incident de Waterside. La Défense a demandé quel était le rôle de Taylor en tant que président, et le témoin a répondu qu'il était un chef rebelle.
Audition du témoin n°5
(Identification assignée par le tribunal finlandais: Civil 80)
L'Accusation interroge le témoin n°5
Le cinquième témoin a déclaré qu'entre 2001 et 2003, il n'y avait pas de nourriture - et il était allé à Waterside pour en trouver. Après avoir vu le pillage d’un magasin, son frère aîné [FNM-002] et lui étaient allés chercher quelque chose à manger. Pendant ce temps, un groupe de soldats est arrivé, et a commencé à battre et à tuer des gens - les soldats ont capturé le cinquième témoin et son frère, et les ont emmenés à leur base, juste à côté du pont. Une fois sur place, le cinquième témoin a déclaré qu'un certain Ange Gabriel Massaquoi avait pris son frère et une autre personne et les avait tués parce qu'il prétendait qu'ils étaient des rebelles. Gabriel Massaquoi l'a ensuite aligné avec d'autres personnes et a ordonné à ses hommes, qui pointaientleurs armes sur eux, de tirer sur le groupe. Le cinquième témoin a vu une dame nommée [FNM-046] quitter la file, il a donc fait de même. À ce moment, le témoin a entendu des coups de feu derrière lui : les gens se sont mis à courir et ont été blessés - il a vu [lFNM-046] saigner de la jambe. Il a réussi à s'échapper.
Interrogé par l'Accusation, le cinquième témoin a précisé que l'homme qui donnait des ordres avait dit« Mon nom est l'Ange Gabriel Massaquoi, je les ai envoyés à Dieu »et c'est ainsi qu'il avait appris son nom. Le quatrième témoin a déclaré qu'il ne connaissait pas le nom de l'autre personne qui avait été tuée avec son frère, mais il a confirmé que l'Ange Gabriel Massaquoi les avait tués devant lui. Il s'est souvenu que cela avait eu lieu en 2001, pendant la saison sèche - même s'il avait initialement dit à la police finlandaise que l'incident avait eu lieu en 2003. Le témoin s’est rappelé que cette période était ce qu'on appelle localement la Première Guerre mondiale, suivie après quelques mois par la Deuxième Guerre mondiale, puis la Troisième Guerre mondiale.
Lorsqu'on lui a demandé comment la police finlandaise l'avait contacté, il a répondu que l'année dernière, il avait reçu un appel de [l'employé 1], qui lui avait dit que [lFNM-046] lui avait donné son numéro. [L’employé 1] lui avait demandé s'il savait quelque chose sur les événements qui s’étaient déroulés à Waterside, et il a répondu que son frère y avait été tué. Il a fortement démenti que ni [l'employé 1] ni personne d'autre ne lui avait donné d'instructions sur ce qu'il devait dire à la police finlandaise.
La Défense interroge le témoin n°5
Au cours du contre-interrogatoire, le témoin a déclaré qu’avant même que [l'employé 1] ne prenne contact, il avait été en contact avec [FNM-046] parce qu'ils étaient tous deux vendeurs à Waterside, mais qu'ils n'avaient pas discuté de l'incident pendant toutes ces années. Ils se connaissaient que parce qu'ils vendaient tous deux des biens au même endroit, mais ils n'étaient pas proches.
Le témoin a expliqué que pendant la Première Guerre mondiale, l'unité anti-terrorisme (ATU) de Charles Taylor luttait contre les rebelles, à Waterside, dans le comté de Monstserrado. Il a déclaré qu'il s'était trompé dans les dates en parlant à la police finlandaise parce que la Première, la Deuxième et la Troisième Guerre mondiale s’étaient toutes déroulées la même année, avec quelques interruptions entre les deux. Après 2001, il a quitté Monrovia et s'est rendu à Bomi Hills, et il n'a plus entendu parler de la guerre.
Le témoin a déclaré qu'il connaissait le LURD et qu'il savait qu'ils étaient proches, même s'il ne savait pas où ils se trouvaient. Il avait entendu parler de leur base à Monrovia, mais il ne voulait pas savoir où elle se trouvait. Le quatrième témoin a expliqué que pendant la guerre, les troupes gouvernementales et les rebelles se battaient, mais qu'il ne connaissait pas les noms de ces derniers car il ne les connaissait que par l’intermédiaire des troupes gouvernementales ; à l’exception du LURD, il ne connaissait aucun autre nom de groupe rebelle.
Le quatrième témoin a expliqué que les gens pillaient parce qu'il n'y avait pas de nourriture en raison du conflit qui rendait difficile la recherche de nourriture - il a déclaré que des combats avaient eu lieu à Monrovia. Il a évoqué que l'Angel Gabriel Massaquoi parlait avec un accent sierra-léonais. Il a terminé son témoignage en déclarant qu'il avait fallu attendre 2005 pour une« paix totale ».".
[Pause]
Audition du témoin n°6
(Identification assignée par le tribunal finlandais: Civil 46)
L'Accusation interroge le témoin n°6
Le témoin a évoqué qu'entre 2000 et 2001, il vivait à Elwa Junction avec son frère aîné [FNM-003]. Un jour, il est allé à Waterside pour acheter des marchandises, et il a vu des gens dans un magasin qui vendait des biscuits - le magasin avait été cambriolé. Alors qu’il parlait avec un garçon qui avait des biscuits et du lait qu'il souhaitait acheter, son frère l'a laissé pour aller dans le magasin pillé. Le sixième témoin a déclaré qu'un homme avec un accent sierra-leonais avait ordonné aux soldats de tirer sur la foule - beaucoup étaient morts, y compris son frère et une fille qu'il connaissait, [FNM-004]. Alors qu'il tentait de s'échapper, il a été arrêté par les soldats qui l'ont emmené chez le « grand homme », qui a ordonné de l'attacher - les soldats l'ont tabassé. Le sixième témoin a mentionné que les soldats portaient des treillis militaires, qui étaient utilisés à l'époque par l'ATU.
Le sixième témoin a déclaré que d'autres personnes dans la file étaient également attachées, et qu’il avait vu le « grand patron » prendre quatre personnes du groupe, deux garçons et deux filles. Il a déclaré qu'il s'appelait Gabriel Massaquoi, et que « ses » Sierra-Léonais l'appelaient ainsi : c'est alors que le témoin a appris qu'il était de Sierra Leone. Il a ensuite parlé aux personnes qu'il avait retirées de la file et leur avait dit qu'il s'appelait Ange Gabriel, et que c'était le nom qu'il utilisait pour« détruire ».Il a poursuivi :« Dites à Dieu que c'est moi qui vous ai envoyés », et il a tiré sur les deux garçons et les deux filles. Il a ensuite ordonné à ses soldats de transporter leurs corps sous le pont, où ils gardaient les cadavres.
Alors que le témoin était encore attaché, il remarqua un homme parmi les soldats, [FNM-101], qu'il connaissait du comté de Nimba. Il a déclaré qu'il ne l'avait jamais vu porter des armes avant ce jour. Il a demandé à l'un de ses gardes du corps de demander à [FNM-101] de le libérer, et il lui a dit de« Remettez-vous-en à Dieu, car vous êtes fini ».".
Le sixième témoin a déclaré qu'il s'était mis à pleurer - la personne qu'il connaissait parlait à un autre soldat, mais l'avait ensuite remarqué. [FNM-101] a dit qu'il était surpris de le voir, et a demandé au témoin ce qu'il faisait là. Gabriel Massaquoi est ensuite venu et a dit que le groupe avec lequel se trouvait le sixième témoin était des espions, et qu'ils allaient les tuer. Le sixième témoin a supplié [FNM-101] de plaider en sa faveur, il est ainsi allé parler à Gabriel Massaquoi. Le témoin a déclaré que [FNM-101] était comme un aide de camp du « grand patron ». Il a été libéré, et [FNM-101] l'a escorté et lui a donné du pain à manger : c'est ainsi qu'il s'est échappé.
L'Accusation revient sur certains détails du témoignage
Le témoin a précisé que la fille qu'il connaissait, [FNM-004], était déjà sur place quand il l'a rencontrée - il connaissait aussi deux autres personnes, [FNM-047] et [FNM-048] - avec qu'il avait l'habitude de vendre. Le témoin a confirmé que Gabriel Massaquoi avait donné l'ordre de tirer sur la foule, il l'avait vu et entendu lui-même.
Après avoir arrêté le témoin, ils l'ont amené autour du pont - il y avait beaucoup de monde. Le sixième témoin a déclaré qu'il ne connaissait pas les deux garçons et les deux filles qui avaient été retirés de la file, ni la raison pour laquelle ils avaient été choisis. Le cinquième témoin a également déclaré que Gabriel Massaquoi n'avait donné aucune explication, mais que de toutes les façons, il n'écoutait pas de manière attentive car il « priait Dieu de [le] sortir de là »..
Le sixième témoin a expliqué qu'il avait vu de ses propres yeux ces personnes être retirées de la file, et que Gabriel Massaquoi avait donné l'ordre de les tuer, car il contrôlait tout le groupe. Le témoin ne savait pas quel type d'arme il utilisait, car il n'était pas un soldat et n'en savait pas assez sur les armes. Il a souligné que l'accent de Gabriel Massaquoi ne ressemblait pas à celui d'un Libérien.
Interrogé sur la faction à laquelle Gabriel Massaquoi appartenait, le sixième témoin a répondu que des soldats de l'ATU se trouvaient parmi ses hommes. Le témoin a déclaré qu'il y avait aussi des enfants soldats, et que ces enfants soldats étaient présents lors de la fusillade dans le magasin, mélangés aux autres. Bien qu'il connaisse le LURD et le RUF, il ne savait pas grand chose de ces groupes.
Le témoin a admis être confus quant aux dates - il avait dit 2000 car c'était à cette époque que l'ATU était présente, mais ce qui lui était arrivé s’était produit en 2001.
Il a été interrogé par la police finlandaise l'année précédente, alors qu'il se trouvait à [Lieu 3]. Cependant, il a été contacté pour la première fois à [Lieu 1], où il vivait. Des gens discutaient de l'incident de Waterside, et il s'était joint à la conversation en déclarant« J'étais moi-même à Waterside, c'est juste Dieu qui m'a sauvé ».C'est alors qu'un homme, [l'employé 1], s'est approché de lui et lui a dit que ce qui s'était passé à Waterside n'était pas un petit incident, et que des agents de sécurité finlandais seraient intéressés pour en discuter avec lui. Le témoin a déclaré que l'incident s'était produit il y a si longtemps, et qu'il avait perdu son frère aîné qui finançait son éducation - il était frustrant pour lui de penser que si son frère n'était pas mort à l'époque, le témoin aurait probablement eu plusieurs diplômes aujourd’hui : il n'aimait pas parler de l'incident de Waterside.
Le témoin n'avait pas de téléphone, alors il a donné à [l'employé 1] le numéro de la fille de son oncle et avait dit que« puisque vous m'avez parlé de cette manière, quand les gens viendront, j'aimerais leur parler ».Un jour, on l’a appelé et on lui a dit que la police finlandaise était au Liberia. Il s'est rendu à Monrovia et a rencontré un homme de la police finlandaise et un interprète. Le témoin a précisé qu'il n'avait parlé de l'incident à personne d'autre, y compris à des organisations, et a ajouté que« personne ne peut m'influencer ou m'empêcher de parler ».".
La Défense interroge le témoin n°6
Le témoin a déclaré qu'il avait parlé à [l'employé 1] à la fin de l'année 2019, lorsque la saison des pluies arrivait à son terme. Il a expliqué qu'il l'avait rencontré à [Lieu 1], où il y avait souvent des conversations politiques. Le témoin a brièvement expliqué à [l'employé 1] l'incident de Waterside, mais il n'est pas entré dans les détails.
Le sixième témoin a expliqué que pendant la Première Guerre mondiale, en 2001, le gouvernement élu luttait contre le groupe rebelle LURD : des combats avaient lieu dans tout le pays. Cependant, il ne savait pas si le LURD était à Monrovia.
Lorsque la police l'a interrogé, le témoin a déclaré que Gabriel Massaquoi faisait partie du RUF. Pendant son témoignage, le sixième témoin a déclaré qu'il ne savait pas à quelle faction Gabriel Massaquoi appartenait, mais qu'il était affecté aux forces de l'ATU.
La Cour a diffusé un enregistrement de l’audition du témoin avec la police finlandaise. Dans l'enregistrement, le témoin a déclaré que la Première Guerre mondiale s'était déroulée en 2001, et qu'à l'époque, les forces du LURD étaient à Monrovia. En 2001 et 2002, les combats étaient également intenses à Lofa, comme lui avait dit par téléphone sa tante qui vivait là-bas.
Interrogé par la Défense, le témoin a réitéré ce qu'il avait dit sur l'enregistrement, et a précisé qu'en 2001, les forces du LURD étaient à Monrovia, mais qu'elles étaient là pour une reconnaissance – la situation s’est aggravée en 2002. La Défense a demandé s’il y avait des combats ou des batailles entre les forces gouvernementales et le LURD à Waterside. Le témoin a répondu qu'à Waterside, il n'y avait pas de combats, juste des civils à la recherche de nourriture. Il a également expliqué qu'en 2001, le LURD était entré à Monrovia, mais que c'était à Lofa que des massacres avaient lieu.
Le témoin, interrogé par la Défense, a précisé que lorsqu'il parlait de la mort de son frère, il faisait référence à [FNM-003].
Le témoin a expliqué que, même s'il avait dit qu'il ne connaissait rien aux armes à feu, il avait déclaré lors de l’audition que des AK-47 avaient été utilisés parce que [FNM-047] et [FNM-048], qui s'étaient également échappées, le lui avaient dit.
L'Accusation interroge à nouveau le témoin
Le témoin a expliqué qu'il avait de nombreux frères et sœurs, et à la demande de l'Accusation, il a déclaré qu'il était accompagné ce jour-là à Waterside par un autre de ses frères [FNM-005]. Le sixième témoin a expliqué qu'après que [FNM-005] est entrée dans le magasin, il n'a plus eu de nouvelles de lui - le témoin a déclaré que ce n'était pas un petit nombre de personnes qui avaient été tuées ce jour-là.
L'Accusation a demandé au témoin s'il avait également vu [FNM-005] se faire tuer. Le témoin a déclaré qu'il avait vu [FNM-005] et [FNM-003] entrer dans le magasin, et que les hommes de Gabriel Massaquoi les avaient tuées.
La Défense interroge à nouveau le témoin
Le témoin a déclaré qu'il ne savait pas s'il y avait beaucoup de Sierra-Léonais sur ce pont, car il priait pour sa vie, et il n’était au courant que de la présence de Gabriel Massaquoi, car il parlait avec un accent de la Sierra Leone. Le cinquième témoin a ajouté qu'il n'était jamais allé en Sierra Leone, mais qu'il avait eu affaire à de nombreux Sierra-Léonais, de sorte qu'il pouvait reconnaître l'accent.
Comme la Défense a déclaré qu'elle était surprise d'apprendre que le témoin avait perdu deux de ses frères ce jour-là, le sixième témoin a affirmé qu'il les avait mentionnés à la police finlandaise, mais que l'enregistrement n'étant pas activé, cela n'y figurait pas.
L'audience s'est achevée et reprendra à Monrovia le lundi 1er mars 2021 à 9 heures.