
Élan pour la justice au Liberia
Les audiences du procès de Gibril Massaquoi menées par un tribunal finlandais, qui s'étaient ouvertes le 23 février à Monrovia, au Liberia, ont pris fin le mercredi 7 avril. 21 jours au cours desquels 55 témoins à charge et à décharge ont été entendus et interrogés par les procureurs et les avocats de la défense, tous finlandais. Gibril Massaquoi, ancien porte-parole et commandant du RUF (Front révolutionnaire uni), est accusé de meurtres, de viols aggravés, de crimes de guerre aggravés et de crimes contre l'humanité aggravés, qu'il aurait commis et incités pendant la deuxième guerre civile libérienne.
Le procès a débuté en Finlande le 1er février 2021. À partir du 28 avril, les audiences se tiendront à Freetown, en Sierra Leone, et devraient durer plusieurs semaines. La Cour reviendra ensuite en Finlande pour conclure les audiences et rendre son verdict.
Le ministre libérien de la Justice, l'Honorable Frank Musah Dean Jr, ainsi que le Chef de la Délégation de l'Union européenne au Liberia, Laurent Delahousse, ont assisté aux audiences à Monrovia le 5 avril. Le procès a été largement couvert par la presse libérienne et internationale présente sur place. Civitas Maxima, en collaboration avec plusieurs partenaires, a assuré un suivi juridique détaillé de ce procès historique, disponible ici.
Civitas Maxima et le Global Justice and Research Project félicitent vivement les autorités libériennes pour avoir autorisé et facilité ces semaines d'audiences à Monrovia. La collaboration apportée par le Liberia aux autorités nationales étrangères - notamment depuis 2019, avec une mission menée dans les provinces par les autorités françaises auprès de la police libérienne - a été remarquable, et cet engagement pour la justice doit être salué.
Parallèlement au procès de Gibril Massaquoi, des commissaires de la TRC (Commission de vérité et réconciliation), des législateurs, des chefs traditionnels, des leaders de la jeunesse, des représentants des partis politiques, des membres de l'Association Nationale du Barreau du Liberia, des représentants de la société civile libérienne, ainsi que des universitaires et des partenaires internationaux se sont réunis à Monrovia, les 19 et 20 mars 2021. Leurs discussions ont porté sur les moyens de surmonter les obstacles entravant la nécessité de rendre des comptes pour les crimes commis au Liberia au cours des deux guerres civiles. La conférence a été organisée dans le cadre d'une collaboration entre l'Université de Nottingham au Royaume-Uni et le Global Justice and Research Project (GJRP) au Liberia, avec l'aide de Civitas Maxima.
La conférence faisait suite à une consultation nationale menée par le GJRP tout au long du mois de février dans cinq comtés libériens (Monrovia, Bomi, Lofa, Bong et Grand Bassa). Chaque consultation a impliqué des communautés traditionnelles, des représentants de la jeunesse et des leaders de groupements de femmes. Cette conférence de deux jours fut l'occasion de définir des stratégies et des actions concrètes à entreprendre pour surmonter les obstacles à la justice, tels qu’identifiés par les groupes de discussion sur le terrain. Au cours de l'événement, les participants ont exprimé leur ferme soutien à la création d'un mécanisme de justice au Liberia."Si le rapport de la TRC n'est pas pleinement mis en œuvre, la réconciliation restera en suspens",a notamment déclaré Dede Dolopei, vice-président de la TRC.
L'Association Nationale du Barreau du Liberia a également annoncé la finalisation d'un projet de loi amendé en vue de la création d'une Cour pour les crimes de guerre et les crimes économiques. Le projet devrait être présenté aux législateurs en temps voulu. La conférence a abouti à l'adoption d'une feuille de route et d'une promesse d'engagement.
L’élan en faveur de la justice - tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du Liberia - n'a jamais été aussi fort : un verdict est également attendu prochainement en Suisse dans le procès historique de l'ancien commandant de ULIMO Alieu Kosiah ; en France, un tribunal a récemment renvoyé en jugement Kunti K., également ancien commandant de ULIMO.