[10/21/2022] Jour 10 : Alieu Kosiah témoigne


Audition de Christian Ballouard, psychologue, expert à la Cour d’appel de Paris

Le Président a rappelé que l’expert avait été mandaté pour procéder à trois expertises psychologiques, respectivement de FG, JTC et SFC. Invité à expliquer le rôle d’une expertise psychologique sur les parties civiles, Christian Ballouard a indiqué que, comme en ce qui concerne l’accusé, l’expertise porte sur la personnalité et le parcours de vie des parties civiles. Selon lui, la différence relève des questions que l’on se pose dans la mesure où elles vont s’orienter tantôt vers la responsabilité de l’auteur et la motivation du passage à l’acte, tantôt vers le retentissement psychologique de faits – souvent violents – sur une personne.

Expertise psychologique de la partie civile FG du 26 février 2019 ::

L’expert a expliqué qu’il avait rencontré FG à son cabinet le 26 février 2019 et qu’il n’avait pas pu lui donner de date de naissance précise. FG est le troisième d’une fratrie de cinq enfants et vit dans une ferme léguée par ses parents. Orphelin de père assez jeune, il n’a pas été scolarisé. Il est marié et a quatre enfants.

Concernant les faits, FG a assisté impuissant au meurtre de sa sœur. Sa mère est décédée une semaine après le décès de sa sœur. FG estime qu’il y a un lien direct entre le décès de sa mère et celui de sa sœur, puisqu'il dit que sa mère est morte de chagrin. Il est revenu chez lui deux mois plus tard et sa maison avait été détruite. Selon l’expert, mère et sœur sont présentes chez FG, qui les retrouve en rêve.

En ce qui concerne sa personnalité, l’expert a indiqué que FG se présentait comme une personne docile et conformiste, qui ne remet pas en question l’autorité. Il a des difficultés à se repérer dans le temps, qui ne relèvent pas d’une pathologie, mais d’un retentissement traumatique. Il a en outre des difficultés à faire le deuil de sa sœur et de sa mère et éprouve un sentiment de culpabilité de ne pas avoir prévenu sa sœur d’un danger de mort et de s’être enfui en laissant sa mère seule. Son récit est parfois contradictoire, dans la mesure où sa fuite peut être reportée après le décès de sa mère, ce qui n’est pas incompatible avec la culpabilité qu’il éprouve.

Les conclusions de l’expert sont que FG se montre docile et soumis à l’autorité et que son rapport au temps est perturbé, ce qui est compatible avec un retentissement traumatique. Il ne présente par ailleurs pas de déficiences ou troubles mentaux ou comportementaux de nature à affecter son équilibre psychique. L’intéressé n’est pas non plus affabulateur ou mythomane.

La Cour questionne l’expert :

Selon le Président, l’expert a vu en FG une personne simple et peu instruite, qui lui est apparue dénuée de toute pathologie ou trouble psychologique qui viendrait entraver sa perception de la réalité. Le Président a donc compris que FG n’avait pas de trait de personnalité l’invitant à présenter une vision déformée de la réalité, ce que l’expert a confirmé.

Le Président a ensuite rappelé l’argument de l’accusé selon lequel FG faisait partie d’un complot fomenté contre lui, sûrement aux fins d’obtenir des papiers en Europe. Le Président a demandé à l’expert si le récit de FG lui avait semblé téléguidé ou plutôt direct. L’expert a répondu que FG avait livré son récit sans arrière-pensée. Il a ajouté que le vécu de FG restait douloureux et que les éléments présentés dans son récit étaient crédibles. A la question de savoir s’il avait décelé des signes évidents de fausseté dans un témoignage imposé, l’expert a répondu par la négative.

L’expert a ensuite confirmé l’existence d’un fort sentiment de culpabilité chez l’intéressé en lien non seulement avec le fait de ne pas avoir prévenu sa sœur d’un danger, mais aussi d’avoir pris la fuite, cela d’autant plus que FG va relier le décès de sa sœur à celui de sa mère. Le Président a rappelé que FG était face à des militaires armés et qu’il était difficile pour lui d’intervenir. Partant, il y a sans doute un sentiment de culpabilité, mais il n’est pas forcément justifié vu les circonstances selon le Président.

Sur question d’un juré, l’expert a indiqué que FG n’avait pas mentionné la maladie de sa sœur, ce qu’il a interprété comme une volonté de l’intéressé de rester au plus près des faits. Interrogé sur les conséquences post-traumatiques du décès d’un proche, l’expert a répondu qu’il n’y avait pas de règles générales et que chacun réagissait différemment. Selon l’expert, un sentiment de violence ou de mort provoque traditionnellement et classiquement des cauchemars, des flashbacks ou encore une tristesse importante. Il y a une symptomatologie pouvant être décrite de façon générale. Sur question du Président, l’expert a confirmé que 30 ans après les faits, il pouvait y avoir des victimes complètement dépassées et d’autres ayant réussi à surmonter le traumatisme. La partie civile questionne l’expert : Invité à élaborer sur le rapport au temps perturbé relevé chez FG, l’expert a indiqué que l’intéressé avait du mal à reconstituer des dates ou des durées sur son parcours de vie. Selon l’expert, cela pouvait être en lien avec son manque d’instruction, voire un retentissement traumatique. L’expert a ajouté que cela demanderait une exploration psychologique plus approfondie pour examiner de plus près le rapport au temps de l’intéressé à partir d’une histoire qui lui est singulière et que la distance avec les faits ne facilitait pas l’examen.

La partie civile questionne l’expert :

When asked to elaborate on FG’s disturbed relationship with time, the expert indicated that the person concerned had difficulty reconstructing dates or durations in his life. According to the expert, this could be linked to his lack of education, or even a traumatic impact. The expert added that this would require further psychological exploration to examine more closely the person’s relationship with time on the basis of a history that was unique to him, and that the distance from the events did not facilitate the examination.

Le Ministère public n’a pas eu de questions.

La défense questionne l’expert :

Se référant au rapport d’expertise dans lequel il est indiqué que FG était caché dans un bananier, l’avocate de la défense a demandé à l’expert si FG avait précisé s’il s’était caché au moment de l’exécution de sa sœur ou après. L’expert a répondu que l’intéressé était constamment caché.

Interrogé sur la façon dont transparaissait le caractère docile et soumis à l’autorité de FG, l’expert a expliqué que c’était le propre de l’examen, qui consistait non seulement à examiner les interactions, mais aussi à croiser cette dimension immédiate avec les faits rapportés par la personne. La dimension immédiate et la dimension historique sont croisées pour trouver ce qui est à l’intersection des deux.

L’avocate de la défense a ensuite demandé à l’expert s’il avait l’habitude d’expertiser des personnes d’origine africaine et si la façon d’expertiser était universelle. L’expert a répondu qu’une expertise était toujours rapportée à une culture et qu’il en avait tenu compte, de même que l’intermédiation avec un interprète. Il a confirmé tenir compte de l’origine ethnique des sujets dans le cadre de ses expertises.

Interrogé sur les difficultés liées à l’interprétariat, l’expert a expliqué qu’il n’avait pas accès aux mots originels alors que les psychologues travaillent précisément sur la parole. S’il manque le mot exact, il faut composer avec cette approximation, ce qui nécessite une prudence particulière. A la question de savoir si c’était par la prudence que l’expert comblait la problématique de ne pas avoir le mot exact, il a répondu par la négative en précisant qu’il prenait en compte l’interprétariat.

Questionné sur la façon dont le mensonge pouvait être perçu dans un récit, l’expert a expliqué que le mensonge n’était pas une pathologie et appartenait à tout un chacun. Quant à la mythomanie, elle répond de mécanismes très précis qu’il était aisé de déceler selon l’expert.

L’avocate de la défense a ensuite demandé à l’expert s’il était possible d’avoir un souvenir ancré en soi qui serait notre propre réalité, mais qui ne correspondrait pas à ce qui s’est réellement passé. L’expert a répondu que le souvenir était propre à la personne et suivait les aléas du temps. Il a ajouté que le souvenir pouvait être travaillé avec un professionnel pour lui donner un destin différent. Selon lui, certains souvenirs sont figés, alors que d’autres peuvent évoluer avec le temps.

Interrogé sur la manière de dissocier les souvenirs traumatiques chez une personne qui a été confrontée à un contexte de guerre, l’expert a indiqué que le traumatisme collectif n’atteignait pas la personne de la même manière que le traumatisme individuel. Selon lui, le climat de guerre conduit certes à un sentiment d’insécurité, mais ce n’est pas pour autant que ce que vit la personne n’est pas prioritaire. Sur question, l’expert a ajouté que les traumatismes pouvaient se cumuler et qu’il n’y avait pas de mathématiques dans le psychisme permettant d’attribuer un traumatisme à tel ou tel événement.

A la question de savoir si FG avait évoqué d’autres faits traumatiques, l’expert a répondu par la négative et précisé que sa mission ne portait pas uniquement sur les faits concernant le meurtre de KT, mais sur tout le parcours de FG.

Expertise psychologique de la partie civile JTC du 22 novembre 2018 ::

L’expert a expliqué qu’il avait rencontré JTC le 22 novembre 2018 à son cabinet. JTC est le cadet d’une fratrie de 7 enfants, élevés dans la ferme familiale. Il a été auditeur pour le gouvernement des institutions publiques jusqu’en 2015. En ce qui concerne sa vie personnelle, sa première relation longue a été interrompue par le début du conflit armé et l’enlèvement de sa compagne de l’époque par les rebelles.

S’agissant des faits, l’intéressé a fait le récit d’un exode à partir de 1990, lors duquel il a été frappé et emprisonné. Il a évoqué une période de terreur entre juillet 1993 et Noël 1995, le conduisant à assister à des exactions, ainsi qu’une nouvelle invasion en 1999. En ce qui concerne le retentissement de ce vécu de guerre, l’intéressé a précisé à l’expert que ses cauchemars étaient intenses à l’issue du conflit. L’expert a ajouté qu’il n’y avait pas de ruminations ou de La partie civile questionne l’expert : dans le vécu traumatique de JTC, qui était distancié des événements. Ses doléances actuelles concernent des douleurs persistantes aux lombaires, au cou et aux épaules à cause des charges qu’il a dû transporter.

Concernant sa personnalité, l’intéressé est particulièrement reconnaissant envers l’homme qui lui a permis d’accéder à l’école. Il subit les injonctions et a été contraint d’assister à des scènes traumatiques. Il éprouve une culpabilité de s’en être sorti par rapport aux autres personnes plus faibles. Selon l’expert, sa conversion religieuse (mormon) a permis de contenir son traumatisme.

En conclusion, l’expert a indiqué que JTC était sociable et engagé dans une foi profonde depuis sa conversion religieuse. Son accès tardif à l’école ne l’a pas empêché d’aller au bout de sa formation. Marié et d’intelligence normale, il ne présente pas de troubles mentaux ou de signes de mythomanie.

La Cour questionne l’expert :

Le Président a relevé que le profil de JTC était un peu différent de celui de FG, notamment du point de vue de l’instruction et de l’expérience professionnelle, ce que l’expert a confirmé avoir perçu.

Le Président a ensuite indiqué que JTC présentait la particularité d’avoir été témoin de la mort de DN, à qui on aurait extrait le cœur. Le Président a rappelé que JTC avait déclaré avoir été particulièrement marqué par ces événements qui étaient inconcevables pour lui avant qu’ils ne se produisent. JTC a également été entendu pour évoquer les actes dont il a été lui-même victime, tels que les marches forcées. Le Président a demandé à l’expert si un événement paraissait plus traumatique que l’autre. L’expert a répondu qu’il s’agissait d’un ensemble d’événements traumatiques auxquels JTC a assisté, en précisant qu’il avait également évoqué des viols et qu’il avait été très marqué par le cannibalisme.

Interrogé sur le stress post-traumatique, qui se matérialise habituellement par des ruminations et La partie civile questionne l’expert : peu de temps après les faits, l’expert a souligné qu’il était plus difficile de le percevoir vu l’éloignement des faits dans le temps. Il a ajouté que la conversion religieuse de JTC l’avait visiblement aidé, même s’il restait marqué par une grande culpabilité de ne pas avoir pu venir en aide aux plus faibles.

Interrogé sur la manière dont sa conversion religieuse avait pu atténuer son état de stress, l’expert a indiqué que l’expression de la foi permettait d’estomper le passé et de mettre la priorité sur le collectif, afin d’évacuer ce qui fait souffrir.

La partie civile questionne l’expert :

L’avocate des parties civile est revenue sur l’ancienne compagne de JTC, dont il a dû se séparer car elle a été prise comme esclave sexuelle. L’expert a confirmé, en précisant que JTC ne l’avait pas retrouvée, mais avait tout de même de ses nouvelles. Il a ajouté que JTC avait évoqué des fausses couches et qu’il avait tout un récit détaillé des scènes auxquelles il a assisté lors de son exode de Monrovia à Foya, puis lors de la période de terreur.

Interrogé sur le frère disparu de JTC, l’expert a expliqué que JTC était marqué par cet événement dans la mesure où son frère serait mort de faim. L’expert a précisé qu’il y avait une certaine indépendance entre ce décès et la situation belligérante.

La partie civile questionne l’expert :

Les avocates générales ont relevé que la conversion religieuse de JTC, qui est venue relayer le retentissement psychologique, était intervenue en 2003-2004, soit juste après la guerre civile. Sur question, l’expert a confirmé qu’il y avait un lien entre la conversion religieuse et l’estompement du retentissement.

La défense n’a pas eu de questions.

Expertise psychologique de la partie civile SFC du 26 février 2019 :

L’expert a expliqué qu’il avait rencontré SFC le 26 février 2019 à son cabinet et que celui-ci était âgé de 50 ans au moment de l’expertise. Il a expliqué qu’il était le benjamin d’une fratrie de quatre enfants et avait été élevé par l’une de ses tantes. SFC s’est marié à 19 ans et a eu sept enfants. L’expert a ajouté qu’il était devenu témoin de Jéhovah à l’issue de la guerre et expliqué que SFC avait évoqué des douleurs à l’oreille à la suite d’un coup de crosse, ainsi que d’importantes douleurs lombaires.

Concernant sa personnalité, SFC est une personne active et dynamique selon l’expert. Il ne présente pas de troubles mentaux ou de caractéristiques de mythomanie.

Le Président a précisé que devant la Cour, SFC avait évoqué les marches forcées, très traumatisantes et l’atmosphère de terreur qui y régnait. Selon le Président, l’expert a noté que l’état de stress – qui est la conséquence de ces actes – a été estompé par l’écoulement du temps et la conversion religieuse.

La partie civile questionne l’expert :

Interrogé sur la manière dont se manifeste la douleur à l’oreille mentionnée par SFC, l’expert a indiqué qu’elle découlait d’un coup de crosse et se manifestait par des écoulements de ladite oreille.

L’avocate des parties civiles a ensuite expliqué que la question de l’identification de l’accusé par les témoins et parties civiles était débattue dans le cadre du procès. L’avocate des parties civiles a alors donné lecture d’un passage du jugement d’Alieu Kosiah rendu par les tribunaux suisses, dans lequel il est expliqué que la crédibilité des témoins et parties plaignantes ne peut pas dépendre de manière prépondérante de la capacité de ces derniers à identifier le prévenu compte tenu de l’éloignement des faits dans le temps et de leur nature. L’avis de l’expert a été sollicité à cet égard et l’avocate des parties civiles lui a demandé en particulier si la crédibilité des témoins et parties civiles pouvait être remise en cause en raison des difficultés que certains avaient rencontrées à identifier Kunti Kamara sur des photos actuelles, étant précisé que la dernière fois qu’ils l’ont vu, c’était à l’époque des faits, dans un contexte de terreur.

L’expert a expliqué qu’il avait un regard externe et que la crédibilité se déterminait en prenant en compte le fait que la personne a été peu regardée, voire fuie dans un climat de terreur. En règle générale, les victimes ne dévisagent pas leur agresseur et adoptent un comportement de fuite et de retrait.

Interrogé sur la raison pour laquelle certains témoins avaient reconnu l’accusé, l’expert a indiqué que la capacité à reconnaître un agresseur dépendait des circonstances et des personnes. Il a ajouté que certaines personnes allaient reconnaître une voix ou une odeur.

Questionné sur la raison pour laquelle certains témoins qui n’avaient pas reconnu l’accusé sur les planches photographiques l’ont reconnu en le voyant physiquement à l’audience, l’expert a précisé que plusieurs choses intervenaient dans la reconnaissance d’une personne, y compris tout comportement non verbal, les attitudes, les gestes, les odeurs, etc.

Le Ministère public n’a pas eu de questions.

La défense questionne l’expert :

Defence counsel asked the expert whether the fact that JTC did not have post-traumatic stress disorder was an indicator of the strength of the initial trauma. The expert explained that the absence of PTSD did not mean that there was no traumatic impact. In his view, it depends on the individual and how he or she reacts. He said that very specific behaviours, such as religious conversion, may have blurred the trauma and that in this case only the physical grievances were highlighted.

L’avocate de la défense est ensuite revenue sur la problématique liée à la capacité des témoins et parties civiles à reconnaître l’accusé et sur l’explication de l’expert selon laquelle il était possible de ne pas reconnaître quelqu'un sur une planche photographique, mais de le reconnaître directement lors d’une confrontation. L’avocate de la défense a relevé que l’accusé était néanmoins la seule personne dans le box, lorsqu’il a été demandé aux témoins et parties civiles de le reconnaître. L’expert a répondu qu’une photo n’était pas une personne vivante et qu’un souvenir pouvait devenir plus conforme en raison notamment de la taille de la personne ou de sa voix, ou d’autres indices.

L’avocate de la défense a demandé à l’expert si la reconnaissance n’avait pas été induite aux témoins et parties civiles en leur présentant une seule personne et s’est interrogée sur le niveau de crédibilité à leur accorder. L’expert a répondu qu’il s’agissait du problème de l’influence et que la multiplication des canaux sensoriels pouvait faciliter la reconnaissance. Sur question, il a indiqué qu’il était possible de se tromper.

Audition de SB en qualité de témoin cité par le Ministère public à la demande de la défense

Le Président a appelé à la barre le témoin SB et a avisé la Cour que SB s’exprimait en Kissi et que l’interprète en Kissi s’était désisté au dernier moment. Compte tenu de cette difficulté technique, le Président a déclaré qu’il n’avait pas l’impression que cet témoin puisse être entendu et a sollicité l’avis des parties. Toutes les parties ont déclaré être du même avis. Il a donc été décidé d’un commun accord que SB serait entendu par visioconférence avec un interprète en Kissi depuis Monrovia.

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Audition de Alieu Kosiah en tant que témoin cité par le Ministère public

Alieu Kosiah a indiqué être né le 3 mars 1975 au Libéria. Avant son incarcération, il était domicilié en Suisse à Lausanne où il travaillait dans la révision de camions-citerne. Questionné sur sa situation actuelle, Alieu Kosiah a précisé qu’il était en prison depuis 8 ans et avait perdu son premier procès. Il a ajouté qu’il était dans l’attente de son procès en appel prévu dans deux mois et demi. Interrogé sur les motifs de sa condamnation, il a uniquement expliqué avoir formé appel contre toutes les décisions.

Après avoir précisé n’avoir aucun lien avec les parties civiles ou l’accusé, Alieu Kosiah a débuté sa déclaration spontanée. Il a déclaré que s’il n’avait pas mentionné le nom de Kunti Kamara dans le cadre de son procès, ce dernier ne serait pas accusé de crimes aujourd’hui. Il a invité la Cour à vérifier les plaintes déposées par JTC et LSM en indiquant que si Kundi avait joué un rôle important, il aurait dû figurer sur la plainte déposée contre lui. Selon lui, c’est Alain Werner qui voulait que le nom de Kundi figure dans le dossier. Alieu Kosiah a prétendu être en possession de documents émanant du procureur de l’ONU Alan White, qui attesteraient que Alain Werner serait impliqué dans des activités criminelles. Kosiah a déclaré qu’AW était allé au Libéria pour manipuler des gens, afin qu’ils viennent témoigner contre les anciens combattants. Il a ajouté : “Si vous êtes un combattant, vous êtes automatiquement un criminel, non pas en raison des actes commis pendant la guerre, mais en fonction de votre lieu de résidence”.

Il a poursuivi en déclarant que la guerre au Libéria avait été brutale et que le peuple mandingue avait beaucoup souffert, mais que cela n’était pas une excuse pour tuer. Selon lui, ceux qui ont tué doivent être jugés pour leurs crimes, mais on ne doit pas être poursuivi en fonction du lieu où on habite. Il a affirmé qu’on ne pouvait pas partir du principe que ceux qui ont combattu étaient forcément des criminels. Selon lui, il y a trois façons d’être un criminel : « Vous donnez l’ordre, vous avez exécuté vous-même ou vous aviez la possibilité de stopper l’exécution. Si vous tombez dans ces catégories, c’est normal d’être jugé ».

Alieu Kosiah a ensuite invité la Cour à contacter Alan White, ainsi que les détectives ayant travaillé dans le dossier Agnes Taylor. Il a également évoqué une ONG qui mettrait en garde les procureurs européens de ne pas travailler avec Alain Werner, dans la mesure où il préparerait les témoins pour qu’ils obtiennent l’asile en Europe. Alieu Kosiah a également évoqué le cas d’un certain MK qui aurait obtenu l’asile grâce à l’aide d’Alain Werner et de HB, notamment grâce à des documents signés par ces derniers attestant que MK serait une victime potentielle.

Le Président est intervenu et a précisé qu'Alain Werner serait entendu mercredi de la semaine à venir. Il a demandé à Alieu Kosiah de se concentrer sur les faits concernant la période allant de 1993 à 1996.

Alieu Kosiah a alors comparé les procédures menées en Suisse et France à la Chine ou la Corée du Nord. Selon lui, les déclarations de LSM devant les autorités françaises n’ont pas été prises en compte par les autorités suisses, parce qu’il a été jugé crédible par le juge suisse. Le témoin a déclaré que LSM avait dit que toutes les investigations menées en France avaient été « mises dans sa bouche » et qu’il n’y avait pas d’interprète pendant l’instruction. Il aurait déclaré ne pas avoir signé les procès-verbaux de ses auditions en France, et c’est seulement lorsqu’on les lui a présentés qu’il aurait admis les avoir signés.

Le Président est intervenu à nouveau et a précisé que LSM serait entendu lundi 24 octobre. Il a ajouté que les déclarations de LSM devant les autorités françaises et suisses figuraient au dossier. Alieu Kosiah a déclaré que tout ce que LSM avait dit en France était un mensonge, car il avait dit le contraire devant les autorités suisses.

S’agissant de Kunti Kamara, Alieu Kosiah a déclaré que c’était lui qui avait causé des problèmes à Kundi. En effet, il a fait citer Kundi comme témoin dans le cadre de son procès et Kundi a déclaré que Kosiah se trouvait à Foya lors de la prise de la ville, alors qu’il n’y était pas. Selon lui, ils ont combattu ensemble une seule fois, à Benefanaye à proximité de Zorzor et Gbarnga. Alieu Kosiah a indiqué ignorer la raison pour laquelle Kundi avait affirmé qu’il [Kosiah] se trouvait à Foya alors qu’il n’y était pas. Alieu Kosiah a également précisé que Kundi était ni son garde du corps ni son “special bodyguard” comme l’a affirmé LSM. Il a ajouté que dans le cadre de la procédure française, LSM a indiqué que Kundi était un front commander. Or, selon Alieu Kosiah, un front commander dispose de son propre garde du corps.

Le témoin a ensuite tenu à donner des précisions sur la structure de l’ULIMO après la scission, puisqu’il y avait assisté. Il a expliqué avoir été membre du LDUF en raison de son appartenance à l’ethnie mandingue, mais n’avoir jamais été membre du MRN contrairement à ce que le procureur français avait indiqué. Alieu Kosiah a poursuivi en contredisant la version du procureur au sujet du meurtre d’Albert Karpeh, dont l’auteur n’était selon lui pas Alhaji Kromah. Il a précisé que Kromah n’était pas membre de l’ULIMO lorsque Karpeh a été tué et que d’autres personnes ont été emprisonnées en lien avec la mort de Karpeh, dont Cobra.

Alieu Kosiah est ensuite revenu sur sa première rencontre avec Kundi à Foya. Il a indiqué qu’il était un officier supérieur et que Kundi devait le saluer, mais qu’ils n’avaient jamais discuté ensemble. La seule fois où ils avaient eu un contact direct, c’était à Benefanaye sous le commandement de Pyj. Alieu Kosiah a raconté qu’il voulait donner un coup de main à Pyj et avait donc demandé à Kundi et à d’autres de le suivre pour lancer une attaque contre le NPFL. Il a expliqué qu’il avait vu Kundi une deuxième fois aux Pays-Bas et qu’ils communiquaient ensemble avant son arrestation.

Alieu Kosiah a ensuite tenu à rectifier deux choses pour lesquelles Kundi l’avait mis en cause. Tout d’abord, il a précisé que Kundi avait rejoint l’ULIMO à Monrovia, alors que lui avait été membre fondateur de la faction, qui s’appelait à l’époque LDUF. Il a ensuite répété que Kromah n’avait joué aucun rôle dans la fondation de l’ULIMO et que Fofana était le chef de l’état-major. Contrairement à ce qu’a déclaré Kundi, Deku n’était pas son supérieur à l’époque, mais l’est devenu plus tard après le départ de Pepper & Salt. Il a précisé que lorsqu’il a rencontré Deku, ils étaient tous deux capitaines et Deku était en charge de Foya. Deku donnait les ordres et rapportait à Pepper & Salt et son substitut Cobra. Il a également précisé que contrairement aux déclarations de LSM et JTC, il n’était ni le substitut de Pepper & Salt ni HH (headquarter and headquarter commander)..

Alieu Kosiah a ensuite indiqué que le juge suisse avait considéré qu’il se comportait comme un HH, ce qui, pour lui, ne faisait aucun sens puisque l’acronyme « HH » désignait un lieu et non un individu. Il a expliqué qu’à l’intérieur d’un HH, il y avait un commandant en chef et son administration. Selon lui, le commandant en chef ne gérait pas la totalité du lieu concerné.

Le témoin a ensuite indiqué qu’il avait reçu l’ordre d’arrêter Pepper & Salt lorsqu’il était commandant à Zorzor. Pepper & Salt se serait rendu dans le Lofa avant de prendre la fuite.

Il a terminé sa déclaration spontanée en affirmant que Kundi n’avait jamais été ni son garde du corps ni son substitut et en précisant s’être rendu seulement 3 fois à Foya : une première fois pour y passer la nuit, une seconde fois pour se rendre à Guéckédou et la troisième fois pour l’enterrement de son frère. Il a ajouté que la dernière fois, c’était lorsqu’il avait reçu l’ordre d’arrêter Pepper & Salt.

La Cour questionne Alieu Kosiah :

Le Président a précisé que les témoignages de certaines personnes décédées avaient été lus, notamment celui de Omaru Musa Kelleh. Alieu Kosiah s’est étonné du décès d’Omaru Musa Kelleh. Sur question du Président, il a précisé qu’Omaru Musa Kelleh était son commandant lorsqu’il était à Todi. A cette époque, il était capitaine et Omaru Musa Kelleh était major. 

Interrogé sur son grade au sein de l’ULIMO, Alieu Kosiah a expliqué avoir commencé en tant que sergent dans une section composée d’environ 45 hommes. Il a ensuite été promu lieutenant. A Todi, il est devenu front commander et substitut d’Omaru Musa Kelleh. A Lofa, il est devenu capitaine, puis a été promu au grade de major. Son dernier grade fut celui de colonel en 1995 à Zorzor.

Il a précisé qu’à cette époque, il avait été emprisonné en raison de divergences avec Jungle Jabah, qui avait remplacé Dombuyah en tant que chef d’état-major, et avait été libéré par Kromah. Ce dernier lui a demandé de venir à Monrovia et l’a nommé directeur de la division de police d’investigation criminelle, marquant la fin de ses activités avec l’ULIMO.

Interrogé sur son surnom « Physical Cash » évoqué par Omaru Musa Kelleh, Alieu Kosiah a déclaré que c’était Pepper & Salt qui l’avait surnommé ainsi. Questionné sur ses aspirations et les déclarations d’Omaru Musa Kelleh selon lesquelles Kosiah était frontline commander et expecting general lors de la capture de Todi, il a déclaré qu’Omaru Musa Kelleh était son supérieur et était général à l’époque. Quant à Jungle Jabah, il était le commandant en chef et Dombuyah était deputy chief commander. Le Président est intervenu et a proposé de laisser de côté le témoignage d’Omaru Musa Kelleh et d’aborder celui d’Abraham Towah. Alieu Kosiah a déclaré qu’il connaissait très bien Abraham Towah et que ce dernier était surnommé Papa.

Le Président a précisé qu’Alieu Kosiah avait fait citer Abraham Towah comme témoin dans la procédure suisse et que ce dernier avait déclaré être un small soldier auprès d’Alieu Kosiah, qu’il considérait comme son père. Abraham Towah indiquait également que lorsqu’il se rendait à Foya, il était hébergé par Kundi alors qu’Alieu Kosiah logeait chez Deku au quartier-général. Le Président a indiqué que les déclarations d’Abraham Towah semblaient peu compatibles avec celles d’Alieu Kosiah, dans la mesure où il en ressort qu’Alieu Kosiah se rendait régulièrement à Foya.

Alieu Kosiah a déclaré qu’Abraham Towah n’avait jamais affirmé qu’il se rendait régulièrement à Foya. Le Président a cité le passage pertinent de l’audition d’Abraham Towah, soit lorsque ce dernier a déclaré que “Alieu Kosiah a logé chez Deku jusqu’à ce qu’on lui donne un logement où on a tous logé”. Le témoin a répondu que quand ils sont arrivés au QG, Deku leur avait dit qu’ils pouvaient y rester. Alieu Kosiah a également précisé qu’il n’était pas basé à Foya. Sur question du Président, il a indiqué qu’Abraham Towah n’était pas avec lui en permanence.

Interrogé sur le grade de Kundi dans les années 1993-1994, le témoin a expliqué qu’il ne se souvenait pas avoir rencontré physiquement Kundi en 1992-1993, tout en précisant que celui-ci le connaissait peut-être en tant que commandant. Il a affirmé l’avoir rencontré pour la première fois en 1994 à Foya alors qu’il était capitaine. Sur question, Alieu Kosiah a précisé que le terme « C.O. » signifiait « commanding officer ». Sur question, il a également expliqué que Kundi avait le grade de «battlefront commander» et non de «battlefield commander», et qu’il était sous les ordres de Deku, au même titre qu’Ugly Boy et Fine Boy.

Le Président a ensuite indiqué que Kundi avait déclaré qu’il n’avait pas de fonction particulière à Foya et qu’il se battait sur le front avec environ 80 hommes sous ses ordres. Alieu Kosiah a répondu que cela était peut-être le cas en 1995, mais pas en 1993, et a confirmé que Kundi était à Foya. Interrogé sur le nombre de mois que Kundi a passés à Foya, le témoin a répondu qu’il l’ignorait car lui-même n’y était pas.

Sur question, Alieu Kosiah a confirmé qu’il avait cité Kundi en qualité de témoin dans son procès pour qu’il atteste du fait que lui, Alieu Kosiah, n’était pas à Foya quand la ville a été capturée. Le Président a rappelé que Kundi disait être sur le front à l’époque, ce qui était donc contradictoire avec les allégations d’Alieu Kosiah.

Le Président a ensuite interrogé le témoin sur l’exécution de DN en indiquant que les noms de Kundi, Kosiah et Ugly Boy avaient été prononcés par certains témoins et parties civiles. Alieu Kosiah a assuré que ni Kundi ni lui-même n’avaient tué DN. Le Président a alors indiqué qu’aucun témoin n’avait prétendu le contraire, dans la mesure où la majorité met en cause Ugly Boy en tant qu’auteur principal de ces faits. En revanche, les témoins ont déclaré que Kunti Kamara était présent lorsque DN a été tué et lorsque son cœur a été mangé. Alieu Kosiah a déclaré qu’il ne pensait pas qu’un être humain puisse être capable de manger le cœur d’une chèvre sans le cuire.

Le Président a indiqué au témoin que des photographies d’époque de personnes décapitées, dont les têtes avaient été placées sur des plateaux, avaient été présentées à la Cour. La Cour a également entendu le témoignage d’un photographe qui a confirmé avoir vu un cadavre avec la poitrine ouverte, ainsi que d’autres témoins qui ont évoqué des barrières faites avec des intestins humains. Sans mettre en cause Alieu Kosiah ou l’accusé, le Président a déclaré que cette guerre civile n’avait pas manqué d’atrocités et qu’il retenait de la réponse donnée par le témoin que ce dernier n’était pas présent lors du meurtre de DN.

Le Président a rappelé au témoin que le travail de la Cour ne consistait pas à juger les faits de guerre entre les groupes armés, mais de savoir si des populations civiles qui n’avaient rien à voir avec le conflit avaient été victimes d’atrocités.

Le Président a ensuite interrogé le témoin sur les diverses marches forcées et les pillages en précisant qu’il avait été mis en cause par d’autres témoins. Alieu Kosiah a répondu qu’il souhaitait voir les photographies évoquées précédemment par le Président. En ce qui concerne le meurtre de DN, le témoin s’est référé à un article de presse et a indiqué que les faits relatés dans cet article ne correspondaient pas au témoignage de JTC. Selon Alieu Kosiah, si JTC avait mentionné le nom de Kundi, c’était parce que Alain Werner le lui avait soufflé. Il a ajouté que l’article mentionnait plusieurs groupes armés et indiquait que DN avait été tué en raison de ses convictions religieuses. Selon lui, il n’y avait par ailleurs aucune mention du fait que le cœur de DN avait été arraché. Le Président a précisé que ledit article avait été lu au cours de débats et que certaines allégations d’Alieu Kosiah n’en ressortaient pas.

Interrogé sur la perpétration d’actes de cannibalisme au sein de l’ULIMO, Alieu Kosiah a déclaré qu’il n’en avait jamais entendu parler lorsqu’il était membre de l’ULIMO. Sur question, il a confirmé avoir entendu dire qu’un dénommé Butt Naked se vantait d’avoir mangé un cœur humain.

Le Président a ensuite rappelé au témoin ses déclarations sur Ugly Boy et Mami Wata, qui avaient selon lui des réputations particulières et qui, en représailles de la mort de son frère, avaient tué des prisonniers NPFL et les avaient démembrés. A la question de savoir si des personnes capables de tels actes ne pouvaient pas également être capables de manger un cœur, Alieu Kosiah a répondu que ce qu’il essayait de dire, c’était qu’humainement, il trouvait cela difficile de manger un cœur humain cru. Sur question, il a confirmé qu’il n’était pas humainement recevable de démembrer ses adversaires.

Interrogé sur la possibilité de conserver des soldats ayant commis de tels actes dans une unité, le témoin a répondu que Deku avait l’intention d’exécuter Mami Wata et Ugly Boy, mais ces derniers s’étaient enfuis dans la brousse. Le Président a indiqué que Ugly Boy était décédé en dehors du Libéria et n’avait pas été sanctionné. Alieu Kosiah a précisé qu’Ugly Boy avait fui en Guinée pour commettre d’autres crimes avant de mourir.

Questionné sur le tabé, Alieu Kosiah a expliqué que la technique du tabé avait été créée par le NPFL et utilisée contre les mandingues. Au fur et à mesure de la guerre, toutes les factions, y compris l’ULIMO, ont repris cette technique selon lui. A la question de savoir s’il y avait eu des victimes de tabé à Foya, Alieu Kosiah a répondu qu’il n’essayait pas de défendre Kundi, mais qu’il ne souhaitait pas que Kundi paie pour un crime qu’il n’avait pas commis.

Interrogé sur les viols et la réduction des femmes en esclavages, Alieu Kosiah a déclaré : « Selon moi, certains faits sont compliqués pour être jugés par des blancs ». Le Président lui a demandé s’il ne pensait pas que c’était un problème humain qui concernait tout le monde. Le témoin a répondu que ce n’était pas ce qu’il voulait dire et a raconté l’histoire d’une jeune fille violée par plusieurs soldats dans le Lofa. Il a expliqué que le Général Dombuyah avait ordonné l’exécution publique des soldats qui avaient commis ces faits. Alieu Kosiah a indiqué qu’il était contre l’exécution de ces soldats, car le témoignage de cette femme n’avait pas été corroboré par d’autres témoignages.

Le Président a indiqué que plusieurs témoins et parties civiles ont rapporté que les viols étaient fréquents et qu’il n’y avait pas eu de réponse militaire. Alieu Kosiah a déclaré qu’il a lui-même été condamné pour viol et ce qu’il essayait de faire comprendre à la Cour, c’était que les accusations et les témoignages répondaient à une logique ethnique. Autrement dit, les gens qui ne sont pas mandingues témoignent contre l’ULIMO et les mandingues témoignent contre le NPFL. 

Reinterrogé sur les marches forcées, il a expliqué que les civils avaient dû porter des charges vers la frontière jusqu’en 1994. A partir de 1994, le général Dombuyah a ordonné aux soldats d’arrêter de forcer les civils.

Le Président est revenu sur les rapports qu’entretenaient Alieu Kosiah et Kunti Kamara, notamment sur les déclarations d’Abraham Towah qui a indiqué qu’ils étaient très amis. Le témoin a répondu qu’ils avaient uniquement des liens hiérarchiques durant la guerre. Puis, lorsqu’ils se sont rencontrés aux Pays-Bas, ils ont commencé à s’échanger des mails et des coups de téléphone. Sur question, Alieu Kosiah a précisé qu’il s’était rendu aux Pays-Bas pour rendre visite à un cousin et que c’était à cette occasion qu’il avait revu Kunti Kamara.

Interrogé sur la promotion de Kundi en tant que colonel en 1995, le témoin a indiqué qu’il n’était pas au courant car il était parti à Monrovia en 1995, mais qu’il était possible que Kundi ait été promu par Jungle Jabah. Questionné sur une histoire de vente d’armes effectuée par Kundi en 1997, Alieu Kosiah a indiqué qu’il s’agissait de mensonges. 

A la question de savoir s’il parlait de la ville ou du district de Foya lorsqu’il a mentionné la présence de Kundi à Foya, Alieu Kosiah a répondu qu’il avait vu Kundi à Foya City en 1994 et que, comme il n’était pas présent en 1993, il s’agissait d’un simple supposition. Sur question, il a confirmé que Kundi était probablement présent à Foya City en 1993.

Invité à expliquer les raisons de son départ du Libéria, le témoin a indiqué avoir quitté le pays en 1997 après la victoire de Taylor. Selon lui, il y avait deux options : collaborer ou prendre la fuite. Il a décidé de fuir en passant par la Guinée avant d’atterrir en France où il a déposé une demande d’asile. Il s’est ensuite rendu aux Pays-Bas, puis a été renvoyé en France avant de trouver un moyen de rejoindre la Suisse.

La partie civile questionne Alieu Kosiah :

Invité à confirmer avoir été condamné à 20 ans de réclusion pour avoir tué des civils, violé une civile, soumis des civils à la torture et à des traitements inhumains ou dégradants, ordonné des pillages et utilisé un enfant soldat, Alieu Kosiah a confirmé qu’il avait été condamné pour ces faits en précisant qu’il avait formé appel. Il a ajouté que le juge qui l’avait condamné avait aussi retenu qu’il avait donné une fausse identité aux autorités françaises et néerlandaises alors qu’il avait donné son vrai nom.

Interrogé sur les déclarations de Massa Washington, en particulier sur les massacres perpétrés par l’ULIMO et l’attitude du général Dombuyah envers elle suite à l’article qu’elle avait publié, Alieu Kosiah a déclaré que Massa Washington ne s’était jamais rendue dans les zones contrôlées par l’ULIMO.

L’avocate des parties civiles a ensuite indiqué au témoin que Kunti Kamara avait dit qu’il était S1 à Foya. Alieu Kosiah a répondu que selon lui, Kundi ne savait pas ce qu’était un S1. Il a précisé qu’un S1 était la personne en charge de l’administration et que le S1 se trouvait à Voinjama, non à Foya.

Confronté aux déclarations d’Abraham Towah qui a affirmé « quand on allait à Foya, on y restait un ou deux mois », l’intéressé a déclaré qu’il n’avait pas passé un ou deux mois à Foya. Selon lui, Abraham Towah passait plus de temps à Foya que lui. Invité à confirmer que Kundi et Abraham Towah se connaissaient bien et que Abraham Towah dormait dans la maison de Kundi lorsqu’il allait à Foya, Alieu Kosiah a indiqué qu’il l’ignorait et qu’il n’était lui-même jamais allé au domicile de Kundi.

L’avocate des parties civiles a ensuite demandé au témoin de confirmer qu’au sein de l’ULIMO, les commandants étaient considérés comme responsables des actes des soldats sous leurs ordres. Le témoin a répondu que les commandants étaient responsables des actions d’une unité et que chaque officier devait répondre de ses propres faits et actes. Selon lui, lorsqu’un soldat exécutait un acte dont il n’avait pas reçu l’ordre, il devait en répondre lui-même. Sur question, Alieu Kosiah a confirmé que le commandant devait prendre des mesures si son subordonné se comportait de manière inadéquate. Il a évoqué l’existence d’un officier d’investigation auquel étaient référés les soldats qui ne se comportaient pas correctement.

Questionné sur le financement de l’ULIMO, le témoin a expliqué qu’ils étaient des rebelles et qu’ils n’étaient pas payés. Interrogé sur la manière dont ils achetaient de la nourriture et se logeaient, Alieu Kosiah s’est adressé à l’avocate des parties civiles en lui disant : « Avec tout le respect que j’ai pour vous, je pense que vous n’avez aucune idée de quoi vous parlez ». Il a ajouté que c’était la guerre, les civils prenaient la fuite et abandonnaient leurs maisons. Selon lui, le gouvernement a fourni les armes dans un premier temps, puis c’était l’ECOMOG. A Lofa, c’était le gouvernement guinéen qui fournissait des armes à l’ULIMO.

Sur question, il a confirmé avoir rencontré Kundi pour la première fois sur la ligne de front à Benefanaye. Interrogé sur les autres lignes de front où Kundi aurait pu avoir combattu, Alieu Kosiah a indiqué qu’après la capture de Foya, il y avait quatre fronts entre Zorzor et Gbarnga en précisant que Foya n’était pas un front. Après la scission, il n’y avait plus que deux fronts. Il a par ailleurs confirmé que Foya était un endroit de détente pour ceux qui quittaient le front.

L’avocate des parties civiles a ensuite questionné le témoin sur les enfants soldats. Le témoin a confirmé qu’au moment de sa capture, Abraham Towah était âgé d’environ 13 ans. Il a ajouté qu’il avait lui-même rejoint l’AFL à l’âge de 15 ans. Il a déclaré qu’à cette époque, c’était « business as usual » de voir des enfants soldats. Cela s’expliquait selon lui par le contexte de l’époque et le sentiment de révolte éprouvé par les jeunes garçons, qui avaient vu leur père ou leur mère se faire tuer sans raison.

Sur question, Alieu Kosiah a ensuite confirmé que la frontière entre Foya et Guéckédou en Guinée était bien Solomba. L’avocate des parties civiles a cité un passage de l’audition d’Alieu Kosiah lorsqu’il a indiqué que pendant la saison des pluies, il n’était pas possible de rejoindre Solomba en voiture. Alieu Kosiah a déclaré que ce qu’il voulait dire c’était que Solomba était difficilement accessible en voiture. Il a ensuite remis en cause le fait que des civils puissent pousser un camion avec un lourd chargement et sans direction assistée, puis le mettre sur des pirogues. L’avocate des parties civiles a rétorqué qu’en l’occurrence, il n’avait jamais été question de charger le camion sur des pirogues.

Sur question, Alieu Kosiah a confirmé avoir entendu parler d’un pillage de l’ONG Oxfam par des soldats de l’ULIMO qui avaient faim. Il a ajouté que c’était ses « boys » qui en étaient les auteurs et que cela s’était passé en 1995, mais lui n’était pas présent.

Invité à confirmer qu’il faisait référence à l’épisode dit des brouettes lorsqu’il a évoqué les tueries perpétrées par Mami Wata, Alieu Kosiah a répondu que deux individus étaient coupables et que Deku voulait les tuer.

L’avocate des parties civiles a enfin demandé au témoin s’il avait bien rencontré aux Pays-Bas un certain Mohamed Kenneh de l’association des libériens de France avec Kunti Kamara. L’intéressé a répondu qu’il n’avait jamais dit avoir rencontré cette personne.

Le Ministère public questionne Alieu Kosiah :

Le témoin a à nouveau été interrogé sur la présence de Kunti Kamara à Foya. Les avocates générales sont revenues sur une déclaration d’Alieu Kosiah lors de son audition en 2016 dans laquelle il a affirmé que Kundi était à Foya 80% du temps. Le témoin a précisé qu’il avait dit que quand il a vu Kundi, ce dernier se trouvait à Foya. Il a ajouté qu’en 1994, Kundi était à Foya.

Sur question, il a indiqué qu’Ugly Boy, Fine Boy et Mami Wata étaient tous à Foya sous les ordres de Deku.

Interrogé sur les dénommés Sadam Hussein et Babylone, Alieu Kosiah a répondu qu’il n’en avait jamais entendu parler. Questionné sur l’identité sous laquelle il connaissait Kundi, il a précisé qu’il ne le connaissait que sous le nom de Kundi pendant la guerre et avait entendu qu’il s’appelait aussi Mohamed Soumawolo. Les avocates générales ont indiqué que lors de l’instruction, le témoin avait précisé qu’il avait appris par son frère que Kundi s’appelait ainsi.

Sur question, il a confirmé qu’il s’appelait Kosiah pendant la guerre et qu’il ne connaissait pas le nom Kamara, mais uniquement Kundi, qui voulait dire chef en mandingue.

Les avocates générales ont ensuite rappelé à Alieu Kosiah qu’il avait déclaré que les témoins et parties civiles avaient été manipulés et avaient fait de fausses déclarations pour obtenir l’asile. Or, il se trouve qu’aucun témoin ou partie civile n’est resté en France et qu’ils sont tous rentrés au Libéria. Les avocates générales ont relevé que les deux seules personnes qui ont fui le Libéria et demandé l’asile dans la salle étaient Kunti Kamara et Alieu Kosiah. Le témoin a rétorqué qu’il n’était pas seulement question d’obtenir l’asile, mais également de recevoir des sommes d’argent. Il a déclaré : « Tous les témoins que vous voyez, vous savez combien d’argent ils vont recevoir en Suisse ? L’un d’eux a demandé 8'000 francs suisses. Combien on gagne chaque année au Libéria ? Moins de 500 dollars. Si vous recevez 2'000 dollars, c’est une grande somme d’argent ».

La défense questionne Alieu Kosiah :

L’avocate de la défense a demandé au témoin de décrire la situation des mandingues au moment de la guerre et les conséquences qui en découlent aujourd’hui pour cette ethnie. Alieu Kosiah a affirmé qu’en raison de sa dominance économique, l’ethnie mandingue avait été prise pour cible par les Gio et les Mano qui combattaient pour Charles Taylor. Il a ajouté que les mandingues possédaient 80% du système de transport. Il a également précisé que les mandingues étaient considérés comme des étrangers et que c’était pour cette raison qu’on ne voulait pas leur donner le pouvoir.

L’avocate de la défense a souligné la situation particulière dans laquelle se trouvait Alieu Kosiah dans ce procès, puisqu’il a été cité comme témoin par le Ministère public. Selon l’avocate de la défense, le paradoxe de sa situation résidait dans le fait que le procureur suisse qui le poursuit considère que tout ce qu’il dit est faux, alors que le procureur français considère quant à lui que son témoignage est digne de confiance. Alieu Kosiah a répondu que Kundi était l’objet de ce procès et lui-même en était le sujet. Il a cité le témoignage de MN qui a déclaré que Kundi était impliqué dans le meurtre de son mari DN en le décrivant comme quelqu'un de grand et assez âgé, alors que selon lui, Kundi mesure 1m64 et avait environ 20 ans à l’époque des faits.

Interrogatoire au fond de l’accusé Kunti Kamara

Le Président a indiqué à l’accusé qu’il était entendu ce jour en lien avec les témoignages recueillis au cours des deux derniers jours d’audience, dont notamment les déclarations de SFC et d’Abraham Towah.

La Cour interroge Kunti Kamara :

En ce qui concerne les marches forcées, le Président a rappelé que SFC a déclaré devant la Cour que Kundi était impliqué avec d’autres commandants de Foya dans le transport des pièces du générateur électrique de Foya. Kunti Kamara a déclaré qu’il ne connaissait pas SFC et qu’il était innocent. Le Président a indiqué que SFC a affirmé avoir été violenté par l’accusé et évoqué un coup de crosse sur la tempe. Il a ajouté que l’accusé et d’autres soldats battaient les civils à l’aide de branches d’arbre et leur donnaient des coups de pied. Kunti Kamara s’est déclaré choqué et innocent de ces accusations.

Interrogé sur l’autre marche forcée à laquelle SFC a déclaré avoir participé pour porter du café, Kunti Kamara a indiqué qu’il n’avait aucune connaissance de ces faits. Le Président a ensuite cité les témoignages d’autres témoins et parties civiles au sujet des marches forcées et demandé à l’accusé s’ils étaient tous liés par un complot pour l’accuser lui spécifiquement. Kunti Kamara a confirmé qu’il s’agissait d’un complot contre lui et a continué de clamer son innocence.

Questionné sur le témoignage d’Alieu Kosiah, l’accusé a déclaré être au courant seulement de certaines choses racontées par Kosiah, car il a passé la moitié de son temps sur le front et n’a par conséquent pas eu connaissance de tout ce qui se passait. Il a ajouté qu’il ne connaissait pas bien Kosiah pendant la guerre, contrairement à ce que prétendait ce dernier, mais que Kosiah était effectivement son supérieur.

Interrogé sur les raisons pour lesquelles Alieu Kosiah l’avait fait citer comme témoin dans le cadre de son procès en Suisse, Kunti Kamara a déclaré qu’ils n’étaient pas amis. Le Président lui a alors demandé s’il pensait que Kosiah l’avait fait citer pour qu’il atteste que Kosiah n’était pas à Foya au moment des faits qui lui étaient reprochés. Kunti Kamara a déclaré que Kosiah était quelqu'un qui savait mentir et qui compliquait toujours les choses quand il parlait.

Questionné sur ses rapports avec Abraham Towah, dit Papa, Kunti Kamara a indiqué qu’il le connaissait, mais qu’ils n’étaient pas amis. Confronté aux déclarations d’Abraham Towah selon lesquelles il logeait chez Kundi lorsqu’il était à Foya car ils étaient amis, Kunti Kamara a déclaré qu’il se rappelait avoir rencontré Abraham Towah à Voinjama, mais qu’il ne l’avait pas vu plus de trois fois. Il s’est en outre déclaré choqué par les déclarations d’Abraham Towah.

Questionné par un juge assesseur sur sa prétendue méconnaissance du démantèlement du générateur électrique de Foya alors que toute la ville a été privée d’électricité et que Kosiah a indiqué que l’accusé était commandant à Foya à ce moment-là, Kunti Kamara a rétorqué qu’Alieu Kosiah n’avait pas affirmé qu’il était commandant à Foya. Le juge assesseur a précisé que l’accusé était à Foya à l’automne 1993 et qu’il ne pouvait donc pas tout ignorer. Kunti Kamara a indiqué qu’il rentrait à Foya juste pour la nourriture et les munitions. L’avocate de la défense est revenue sur la distinction entre le district de Foya et la ville de Foya et a indiqué que Kosiah avait déclaré qu’il supposait que Kunti Kamara était à Foya en 1993.

La partie civile interroge Kunti Kamara :

L’avocate des parties civiles est revenue sur les déclarations d’Alieu Kosiah et sur les différentes lignes de fronts mentionnées par ce dernier, dont Bomi, Tubmanburg et Gbarnga. Interrogé sur la raison pour laquelle Kosiah n’a pas mentionné le front de Mendekoma et indiqué que l’accusé était basé à Foya Town, Kunti Kamara a répondu que Kosiah n’était pas là et que Deku était le commandant. Selon l’accusé, Kosiah n’avait aucune idée de ce qui se passait à Mendekoma.

L’avocate des parties civiles a ensuite demandé à l’accusé s’il continuait de nier la présence d’enfants soldats dans l’ULIMO, alors même qu’Alieu Kosiah avait admis que c’était «business as usual». Kunti Kamara a affirmé qu’il ignorait s’il y avait des enfants soldats au sein de l’ULIMO. Selon lui, il y avait en revanche une unité SBU au sein du NPFL, composée de garçons âgés de 15 à 17 ans. Après la prise de Gbarnga, ces jeunes garçons ont été rassemblés par l’ULIMO et le général Dombuyah a informé tous les commandants de ne pas les utiliser comme gardes du corps. Les jeunes ont néanmoins continué de se comporter comme avant et ont volé des civils. Le général les a rassemblés et leur a dit que ce genre de comportement n’était pas celui de l’ULIMO en les menaçant de mort. Hormis cela, Kunti Kamara a affirmé ne pas avoir vu d’enfants soldats sur le front.

Interrogé sur la pratique du tabé évoquée par Kosiah, Abraham Towah et Omaru Musa Kelleh, l’accusé a déclaré que la guerre était une période d’anarchie et que toutes ces rumeurs venaient des territoires contrôlés par Charles Taylor. Il a ajouté qu’il n’avait jamais vu un soldat ULIMO pratiquer le tabé.

Questionné sur l’épisode des brouettes dont tout le monde a visiblement entendu parler, Kunti Kamara a déclaré qu’il était sur le front et n’avait aucune connaissance de cela.

Interrogé sur les checkpoints à Foya où Abraham Towah a affirmé qu’il y avait des têtes sur des pieux et des barrières faites avec des intestins, l’accusé a déclaré une fois encore qu’il était au front et n’avait pas connaissance de ces faits.

Le Ministère public interroge Kunti Kamara :

Les avocates générales ont interrogé l’accusé sur les déclarations d’Alieu Kosiah, qui a affirmé que Kundi se trouvait à Foya en 1994. L’accusé a déclaré qu’en 1994, il était sur le front dans le comté de Bomi et que le seul moment où il se souvient être allé à Foya, c’était en 1995 ou 1996 pour aller chercher de l’essence à la frontière.

Confronté aux déclarations d’Alieu Kosiah, qui a indiqué avoir vu Deku, Fine Boy, Ugly Boy et Mami Wata à Foya, l’accusé a déclaré qu’il avait déjà donné les noms de ceux qui avaient de l’autorité à Foya et précisé qu’il ne connaissait ni tous ceux qui faisaient partie de l’administration ni tous les soldats ULIMO. Il a ajouté qu’il avait passé deux ans sur le front à combattre les soldats du NPFL et qu’il ne fallait donc pas s’attendre à ce qu’il raconte tout ce qui s’est passé à Foya.

Les avocates générales sont ensuite revenues sur la distinction entre la ville de Foya et le district de Foya et ont relevé que lors de son audition devant les juridictions suisses, l’accusé a mentionné le puits et le marché de Foya, ce qui laissait penser qu’il se référait bien à la ville de Foya. Kunti Kamara a répondu que lors de son audition, il a désigné la grande route allant de Mendekoma à Foya sur les photos qu’on lui avait présentées. Les avocates générales ont considéré que l’accusé préférait rester dans le flou en ce qui concerne la distinction entre la ville et le district.

Les avocates générales ont ensuite relevé que l’accusé avait cité une seule fois le nom de Mendekoma au cours de ses six auditions devant les autorités suisses, alors qu’il maintient depuis le début de son procès qu’il était basé à Mendekoma. L’accusé a rétorqué qu’il n’avait pas toujours spécifié la ville où il se trouvait, mais seulement la région.

Invité à confirmer que le nom « Kundi » signifie « chef » ou « leader » comme l’a indiqué Alieu Kosiah, l’accusé a expliqué que ce nom lui avait été donné par son grand-père surnommé « Duti » et que « Duti », tout comme « Kundi », signifiait « chef de la ville » dans la culture mandingue.

Interrogé sur la naissance de son enfant en 1995, l’accusé a indiqué qu’au moment d’accoucher sa femme était seule et est allée demander de l’aide à Deku à Foya, car elle savait que c’était le commandant de Kundi. Sur question, Kunti Kamara a déclaré qu’il ignorait le mois de naissance de son enfant.

Questionné sur la raison pour laquelle il a déclaré au juge d’instruction qu’il ne connaissait pas Papa, l’accusé a répondu qu’il ne se souvenait pas avoir dit cela et a confirmé qu’il connaissait Papa. Il a souligné que les autorités suisses lui avaient aussi posé la question et il avait répondu qu’il connaissait Papa.

La défense interroge Kunti Kamara :

L’avocate de la défense a procédé à la lecture d’un passage de l’audition de Kunti Kamara devant le juge d’instruction, dans lequel l’accusé a déclaré être resté 3 ou 4 mois à Mendekoma fin 1993 et début 1994. L’avocate de la défense a demandé à l’accusé de confirmer qu’il avait 19-20 ans en 1993-1994. Kunti Kamara a déclaré qu’il avait 17 ou 18 ans en 1992 lorsqu’il a rejoint l’ULIMO. Sur question, il a confirmé qu’il se trouvait à Mendekoma les trois ou quatre derniers mois de l’année 1993.

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