Tentative de réduire au silence les victimes : Agnes Reeves Taylor poursuit en justice Civitas Maxima et le Global Justice and Research Project   

Mme Agnes Reeves Taylor, ex-épouse de Charles Taylor, a été inculpée au Royaume-Uni de sept chefs d'accusation de torture et d'un chef d'accusation de conspiration en vue de commettre des actes de torture en relation avec son rôle dans le groupe rebelle National Patriotic Front of Liberia (NPFL) au cours de la première guerre civile libérienne. Les autorités britanniques ont engagé des poursuites en vertu de l'article 134 de la loi sur la justice pénale (Criminal Justice Act) de 1988. Cette disposition transpose dans le droit national britannique certaines obligations imposées aux États membres de la Convention des Nations unies contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants (UNCAT). 

Arrêtée en juin 2017, elle a bénéficié d'un non-lieu en décembre 2019, le ministère public (Crown Prosecution Service) n'ayant pas réussi à prouver que le NPFL avait l’autorité requise - c'est-à-dire qu’il exerçait des fonctions officielles ou quasi-officielles, par opposition à un simple contrôle militaire - sur le territoire concerné au moment où les crimes en question ont été commis. Or, selon une décision de la Cour suprême du Royaume-Uni, il était nécessaire d’établir cette autorité sur le territoire pour pouvoir poursuivre les actes de torture commis par un membre d'un groupe armé non étatique. La Cour (Central Criminal Court) a donc rejeté l'affaire. 

Depuis son retour au Liberia, Mme Reeves Taylor a tenté de présenter une fausse image de l'affaire portée contre elle par la Metropolitan Police et s'est livrée à un révisionnisme historique. Elle a prétendu que l'affaire avait été classée parce que la Cour avait déterminé qu'elle n'avait pas commis d'actes de torture.

Cela ne pourrait pas être plus éloigné de la vérité. 

La décision rendue par le juge Sweeney le 6 décembre 2019 se lit comme suit au paragraphe 20 : 

"Aux fins de la requête, il n'était pas contesté par l’accusée (Agnes Reeves Taylor) that there is prima facie evidence (all dates in 1990) that

"(1) Elle occupait un rang élevé dans le NPFL et, lorsqu'elle était habillée en vêtements militaires et armée, elle a perpétré, soit personnellement, soit en donnant des ordres, soit en acquiesçant, les actes de torture faisant l'objet des chefs d'accusation 2 à 5, 7 et 8 - qui ont tous eu lieu dans le comté de Nimba ou à la frontière de ce comté(...) ". (Soulignement ajouté et traduction par Civitas Maxima). 

Les allégations de torture portées par les victimes contre Agnes Reeves Taylor ont été jugées suffisamment crédibles par les autorités judiciaires britanniques pour émettre l'acte d'accusation initial et procéder à l’arrestation. Ensuite, en reconnaissant qu'il existait des preuves prima facie facie d'actes de torture, la Cour a admis qu'" à première vue ", ces actes avaient été établis. 

Malgré cela, le critère juridique relatif à l'autorité territoriale du NPFL a empêché la progression de l'affaire jusqu'au procès. C'est pour cela que Mme Reeves Taylor n'a pas été jugée et que les preuves prima facie contre elle n'ont pas été évaluées de manière définitive par un tribunal britannique. 

En juillet 2020, profitant de l'impunité qui règne au Liberia, Mme Reeves Taylor a déclaré lors d'une conférence de presse tenue à Monrovia que le travail de Hassan Bility et du Global Justice and Research Project "devait cesser".

Mettant ses menaces à exécution, Mme Reeves Taylor a déposé une plainte civile devant le sixième circuit judiciaire du tribunal civil du comté de Montserrado, au Liberia. Dans le cadre de cette action en justice, Mme Reeves Taylor invoque des "poursuites malveillantes et des préjudices" à l'encontre du GJRP, de Civitas Maxima, de Hassan Bility (Directeur du GJRP) et d'Alain Werner (Directeur Civitas Maxima). Elle a également demandé 15 000 000 USD de dommages et intérêts pour "restaurer son prestige et sa réputation et la dédommager pour l’atteinte portée à sa personne".

Civitas Maxima et GJRP ont fourni les informations initiales aux autorités britanniques compétentes dans cette affaire. La Metropolitan Police a mené ses propres enquêtes - séparément et indépendamment de Civitas Maxima et du GJRP - et a décidé d'arrêter et d'inculper Agnes Reeves Taylor.

Des accusations contre Civitas Maxima et le GJRP pour l'incarcération d'Agnes Reeves Taylor au Royaume-Uni entre 2017 et 2019 ne devraient résister à l’examen d’aucun tribunal indépendant et impartial. 

Nous nous faisons l’écho des propos de l'ambassadrice itinérante des États-Unis pour la justice pénale mondiale, Beth Van Schaack après sa récente visite au Liberia en 2022 : ""Le Liberia est confronté à de nombreux défis en matière de justice et de responsabilité pénale, non seulement pour les terribles crimes de guerre commis au cours de deux guerres civiles consécutives, mais aussi pour les crimes de droit commun et la corruption. L'impunité est corrosive ; lorsqu'on la laisse prospérer dans un secteur, elle ébranle les fondements de la paix et de l'État de droit dans l'ensemble de la société. […] Les Libériens peuvent être fiers du travail de leurs compatriotes du GJRP qui s'efforcent de soutenir l'obligation de rendre compte des crimes de guerre commis. Ils devraient également s'inquiéter, tout comme moi, du fait que le travail du GJRP a donné lieu à des menaces et à des intimidations à l'encontre des membres de son personnel".

Des personnes comme Agnes Reeves Taylor peuvent trouver notre travail dérangeant, mais nous continuerons d’être du côté de ceux qui ont souffert de crimes odieux et qui veulent que justice soit rendue.

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